Depuis la nomination de Michael Edwards en tant que directeur exécutif du football chez Fenway Sports Group (FSG) en mars 2024, il est clair que le modèle de propriété multisite fait son entrée à Anfield. Cette approche vise à renforcer la compétitivité de Liverpool à long terme, avec un projet ambitieux d’investissement dans un club partenaire.
La vision stratégique de FSG
Le projet multisite de FSG s’aligne avec une tendance forte chez les clubs de Premier League, dont plus de la moitié entretiennent désormais des relations avec au moins un autre club européen. Lors d’un échange en interne, Mike Gordon, président de FSG, soulignait l’importance d’explorer toutes les voies pour garantir une avance compétitive, en envisageant notamment « l’acquisition d’un autre club » comme levier stratégique.
Historiquement, Liverpool avait résisté à ce modèle, popularisé par Manchester City à travers le City Football Group (CFG), propriétaire de 13 clubs dont Girona en Espagne ou New York City aux États-Unis. FSG explique néanmoins que cette démarche ne déroge en rien à l’investissement et l’attention portés au club principal.
Des discussions avaient déjà eu lieu autour d’éventuels rachats en Amérique du Sud, avec plusieurs clubs brésiliens évoqués comme Cruzeiro ou Botafogo, mais la priorité semble désormais portée sur un club européen. Le retour de Michael Edwards chez Liverpool a catalysé ce projet, dans un contexte où l’expansion est perçue comme cruciale pour rester compétitif.
Pourquoi Malaga ?
Le choix de Malaga s’inscrit dans une recherche d’un club suffisamment important pour évoluer en première division, sans pour autant nécessiter un investissement démesuré. Suite au Brexit, détenir un club dans un pays membre de l’Union européenne facilite les démarches administratives pour recruter des joueurs étrangers, en les laissant accumuler les critères d’éligibilité au Royaume-Uni.
Malaga possède une histoire marquante, ayant disputé la Ligue des Champions en 2013 et participé à l’élite espagnole, même si le club est récemment tombé en troisième division avant de remonter en Segunda División la saison passée. FSG considère qu’il existe un réel potentiel de redressement et de remise au sommet du football espagnol à moyen terme.
Une délégation de FSG a visité les installations de Malaga en février afin d’étudier ce projet. Cependant, des complications juridiques persistent, notamment autour d’une procédure judiciaire supervisant le club depuis 2020 et une enquête sur la gestion financière pendant le mandat de l’ancien président qatarien Abdullah bin Nasser Al-Thani.
Les avantages du modèle multisite pour Liverpool
Le modèle multisite offre la possibilité d’utiliser les clubs partenaires comme filières de développement et de prêt pour les jeunes joueurs. Cela permet un meilleur contrôle de leur progression, souvent dans une philosophie de jeu cohérente à travers les clubs. Todd Boehly, copropriétaire de Chelsea, a résumé cette stratégie en insistant sur le besoin d’offrir des opportunités de jeu réelles à ses jeunes talents pour préparer leur intégration au plus haut niveau.
Au-delà du développement des joueurs, ce système facilitent le partage des données de scouting et d’analyse, maximisant ainsi la détection et la valorisation des talents. Dans un contexte de règles financières strictes, cette stratégie permet de pérenniser la compétitivité tout en assurant un certain rendement économique.
Les défis du modèle multisite
Ce modèle n’est pas exempt de défis. À Strasbourg, où Chelsea via BlueCo est propriétaire, les supporters ont parfois exprimé leur mécontentement. Des tensions similaires ont émergé à Lyon et Lorient en raison d’investissements étrangers dans leurs clubs.
Un autre souci vient des règles de l’UEFA qui interdisent les affrontements entre clubs partenaires en compétitions européennes. Brighton et Royale Union Saint-Gilloise ont connu des difficultés liées à ces règlements, tout comme Aston Villa et Vitoria Guimaraes, contraignant ces derniers à diviser leurs parts. Liverpool, par voie de conséquence, observe aussi les complexités rencontrées par Milan et Toulouse, gérés par RedBird Capital Partners, actionnaire partiel de FSG.
Quelle ambition pour FSG face à ses concurrents ?
Si FSG vise à construire un réseau de clubs partenaires, il ne s’agit pas pour l’instant de répliquer à l’identique l’empire étendu du City Football Group, actif depuis plus d’une décennie sur tous les continents. FSG attend de développer une structure à sa mesure, consciente de ses ressources financières limitées.
À l’image de BlueCo, qui multiplie les acquisitions après celle de Strasbourg, FSG semble vouloir tester son modèle avec Malaga. L’efficacité de cette stratégie sur le long terme pourrait redéfinir la capacité de Liverpool à s’imposer durablement dans un environnement footballistique de plus en plus concurrentiel.














