Laurent « le conquérant » : SDF, joueur d’échecs et rêveur de tournois

Depuis près d’un an, Laurent, surnommé « le conquérant », joue aux échecs dans la centre-ville de Lille, attirant l’attention des passants avec ses parties improvisées. Ce joueur d’échecs de rue, belge de 51 ans, est aussi SDF, mais il transforme sa situation en une véritable aventure, en vivant uniquement grâce aux dons de ceux qui acceptent de défier ses jeux d’échecs. Son rêve ultime : organiser un premier tournoi international d’échecs de rue, probablement à Marseille, une ville qu’il affectionne particulièrement.

Un parcours de vie hors du commun

Laurent est une figure qui ne laisse pas indifférent. Son apparence de Viking, sa barbe fournie, ses cheveux hirsutes, ses jeux d’échecs disposés sur la place, tout contribue à son personnage. Mais derrière cette image se cache une vie riche en événements et en rebondissements. Depuis presque un an, il pose ses jeux d’échecs sur la Grand’ place de Lille, invitant quiconque à le défier dans une partie.

Ce jour-là, après une matinée peu fructueuse où il n’a récolté que 2,50 euros et une cigarette, Laurent, marqué par la vie et le soleil, fixe les passants avec ses yeux d’un bleu profond. Il n’hésite pas à recadrer deux jeunes qui voulaient caresser son chien sans demander la permission, soulignant leur manque d’éducation. Puis, il se confie sur son parcours, racontant qu’il est belge, qu’il a 51 ans et qu’il vit dans la rue depuis 20 ans, par choix.

Une enfance tragique et un héritage inattendu

Laurent évoque ses débuts dans le jeu d’échecs, qu’il a commencé à l’âge de 11 ans, lors d’un séjour à l’hôpital après un grave accident de la route. Il était alors le seul survivant d’un accident ayant coûté la vie à ses parents et à ses cinq sœurs. En héritage, il a reçu 27 discothèques ouvertes par ses parents à Bruxelles et ailleurs en Belgique, qu’il a vendues pour environ un million d’euros, don qu’il a fait à une association pour les orphelins de guerre au Rwanda.

Il raconte aussi ses expériences militaires, notamment au service du palais royal, qui lui servait de couverture pour des activités plus sombres, notamment dans le grand banditisme. Après avoir passé 17 ans en prison, il a choisi la rue et les échecs comme nouvelle vie, car il se sent plus libre ainsi et refuse de mendier.

Une vie de défis et de rêves

Autoproclamé « le conquérant », Laurent a reçu ce surnom lors d’une course d’orientation où il a porté seul une pierre de 15 kg, menant son équipe à la victoire en seulement deux heures. Il a déjà été mis à l’honneur dans plusieurs villes françaises comme Marseille, Lyon, Annecy, ou Bruxelles, où il a fait l’objet de nombreux articles, vidéos et podcasts.

Sa vie est ponctuée d’expériences hors normes : il a parcouru l’ex-Yougoslavie, braqué trois banques à 14 ans en voiture sans permis, vécu avec des forains après la mort de ses parents, obtenu deux licences en Droit, est ceinture noire en arts martiaux, et a battu plusieurs grands maîtres européens d’échecs. Il a appris à jouer dans les quartiers QHS en Belgique, ce qui témoigne de sa passion pour le jeu.

Un rêve à portée de main

Malgré ses histoires parfois mythiques, Laurent nourrit un rêve simple mais ambitieux : créer le premier tournoi international d’échecs de rue. Il souhaite concrétiser ce projet à la fin de son tour de France, lancé en 2022, dont il ignore encore la date de fin. Son objectif est de faire jouer les 50 meilleurs joueurs d’échecs de France dans un cadre insolite, à Marseille probablement, pour mettre en avant la beauté des échecs dans la rue et donner une nouvelle dimension à sa passion.