Laurent Dubreuil milite pour le retour du 100 mètres dans les compétitions officielles de patinage de vitesse, une distance jugée spectaculaire et adaptée à notre époque. Après une saison de longue piste marquée par les Championnats du monde en Norvège, le sprinteur québécois participe actuellement à une épreuve sur 100 m aux Pays-Bas, où cette spécialité reste mise en avant, contrairement au circuit international.
Une distance disparue mais pleine d’atouts
Le 100 m a brièvement intégré le calendrier de l’Union internationale de patinage (ISU) en 2008 avant d’être éliminé, privant Dubreuil, alors âgé de 16 ans, de pouvoir s’illustrer sur cette épreuve taillée pour les sprinteurs comme lui. « Moi, j’adore ça. C’est extrêmement excitant », confie le patineur à Radio-Canada Sports. Le parallèle avec le 100 m en athlétisme est évident : il s’agit de la distance reine des Jeux olympiques, symbole de la vitesse pure et du titre de l’homme ou de la femme le plus rapide sur la planète.
Dubreuil souligne que les chronos affichés en patinage sur 100 m sont comparables, avec son meilleur temps personnel établi à 9,45 secondes, près du record historique à 9,32 secondes, supérieur légèrement au record d’Usain Bolt en sprint.
Un format spectaculaire et adapté au public moderne
Pour Dubreuil, l’introduction du 100 m dans le circuit officiel répondrait à une attente de spectacle : « C’est rapide, simple, et ça correspond à notre époque où l’attention des gens est limitée. » Le format des courses, avec trois patineurs en ligne droite sans virages, permet d’enchaîner rapidement les tours — huitièmes, quarts et demi-finales — dans une ambiance dynamique avec des spectateurs sur les deux côtés formant un « tunnel ».
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Le point de vue de Vincent Labrie, ancien sprinteur canadien
Vincent Labrie, lui aussi originaire de Lévis et spécialiste du 500 m, a pu concourir sur 100 m dans les années 2000. Il partage l’enthousiasme pour cette distance : « C’est excitant pour la foule, facile à comprendre, et ça met en valeur la puissance et la rapidité d’exécution des patineurs. » Il se remémore des sprinteurs comme Mark Nielsen, ancien hockeyeur ultra-explosif, ou Marc Pelchat, également passé du hockey au patinage, qui excellaient sur cette distance.
Labrie s’étonne de la disparition du 100 m du circuit officiel, expliquant que la fédération est probablement plus conservatrice et influencée par une préférence européenne pour les longues distances. L’ISU a toutefois indiqué qu’elle envisage la révision de ses événements, incluant potentiellement le retour du 100 m.
Une opportunité pour renouveler le patinage de vitesse
À 32 ans, Dubreuil prépare ses derniers Jeux olympiques en 2026, conscients que la médaille d’or au 100 m ne sera pas à sa portée bientôt, il insiste cependant sur l’importance de réintroduire cette course pour la santé du sport. Il a déjà exprimé sa position auprès d’un comité d’athlètes de la fédération, voyant dans le 100 m un moyen d’attirer un public plus jeune et renouveler la fan base, souvent jugée vieillissante.
Il explique aussi que cette distance compléterait le programme en donnant davantage de poids aux sprinteurs qui ont actuellement le 500 m et le 1000 m comme distances principales, alors que les longues distances dominent par ailleurs l’offre avec le 5000 m, le 10 000 m, la poursuite par équipe et le départ groupé.
Le 100 m ne nécessiterait pas de nouveaux types d’entraînements puisqu’il repose sur des départs explosifs déjà largement pratiqués par les sprinteurs sur 500 m.
Le potentiel mondial et la diversité des spécialistes
Vincent Labrie souligne également la richesse du potentiel mondial du 100 m avec une forte représentation internationale, citant Jenning de Boo des Pays-Bas, plusieurs patineurs asiatiques, ainsi que Dubreuil lui-même. Ce retour pourrait favoriser l’émergence de nouveaux spécialistes exclusivement dédiés à cette distance ultra-rapide.
Aux Pays-Bas, lors de l’événement hors circuit auquel participait Dubreuil, le podium reflétait cette diversité : un Américain (Jordan Stolz), un Kazakh (Yevgeniy Koshkin) et un Polonais (Marek Kania) se sont partagés les places d’honneur. Laurent Dubreuil a quant à lui été éliminé en quarts de finale.













