L’Argentine brille sans Messi face au Brésil : Analyse de match

Une maîtrise du ballon impressionnante dès le coup d’envoi

Dès le début du match, l’Argentine a affiché son intention en conservant le ballon pendant deux minutes avant que le Brésil ne touche son premier ballon. Cette séquence de 42 passes consécutives démontre une maîtrise technique et tactique rare, d’autant plus que dans les championnats européens, aucune équipe n’a dépassé 11 passes consécutives depuis le coup d’envoi cette saison.

Dans un contexte sud-américain, où le rythme est généralement plus calme, cette domination technique a marqué les esprits. Tel un message fort, l’Argentine a posé les bases de ce qui allait devenir un spectacle tactique et collectif d’envergure.

Un système tactique novateur et flexible

Absente pour blessure, la star Lionel Messi a laissé ses coéquipiers s’appuyer sur une organisation tactique fluide, parfois décrite comme un 4-1-4-1 avec Leandro Paredes en sentinelle. Défensivement, la formation passait souvent à un 4-4-1-1, avec Alexis Mac Allister aux côtés de Paredes et Enzo Fernandez dans un rôle plus avancé.

Au-delà des simples cases tactiques, l’équipe argentine a souvent chamboulé les repères classiques pour privilégier une approche plus libre. Les ailiers Rodrigo De Paul et Thiago Almada prenaient des positions très resserrées avant d’effectuer des accélérations irrégulières sur les flancs, déstabilisant ainsi la défense brésilienne.

Cette mobilité constante ainsi que la capacité à jouer des triangles rapides ont permis à l’Argentine d’évoluer dans des espaces réduits et de déjouer les repères adverses.

Le rôle essentiel de Julián Álvarez en attaque

En pointe, Julián Álvarez s’est montré décisif, ouvrant le score à l’aide de ses déplacements en profondeur et de son jeu de liaison. Sa capacité à décrocher pour combiner avec les milieux a dynamisé la mécanique offensive argentine.

« Nous avons humblement fait notre travail et livré une superbe prestation », a-t-il confié après la rencontre. « Nous leur avons offert un spectacle. »

Les particularités des ailiers argentins

Un épisode marquant illustre bien la liberté accordée aux ailiers : Almada, partie d’une position centrale, a effectué une course diagonale de 40 mètres sur le flanc gauche, prenant la défense brésilienne au dépourvu. Ce type de mouvement surprise leur a offert un avantage tactique certain.

De plus, l’Argentine a souvent surchargé un seul côté du terrain, ce qui a permis de créer des supériorités numériques près du porteur du ballon. Par exemple, Rodrigo De Paul a préféré se positionner dans l’axe plutôt qu’en largeur, tandis que Nahuel Molina, arrière droit, occupait seul le flanc droit, témoignant ainsi d’un large déséquilibre spatial voulu.

Exploitation spatiale et transitions rapides

Cette stratégie avait pour but d’attirer la défense adverse sur un côté, laissant alors l’espace libre pour des attaques rapides en contre-flanc. Cette mécanique s’est illustrée parfaitement sur le deuxième but argentin, avec Molina effectuant une montée sur son aile droite, offrant un centre dévié dans la course d’Enzo Fernandez, lequel a conclu au fond des filets.

Fluidité et imprévisibilité dans le jeu argentin

Un exemple marquant de ce style fluide montre De Paul récupérant le ballon à droite avant de dribbler en diagonale vers la gauche pour servir Nicolas Tagliafico, le latéral gauche. Malgré un centre finalement trop profond, cette phase révèle l’esprit positionnel non figé de l’Argentine, qui privilégie le jeu rapproché et la désorganisation calculée du bloc adverse.

Dans ce schéma, les joueurs argentins refusent de se cantonner à des zones fixes, préférant se regrouper et tirer parti de leur mobilité pour exploiter au mieux les espaces créés.

Une nouvelle ère tactique pour l’Argentine

Cette prestation impressionnante des champions du monde et premiers au classement FIFA semble marquer un rejet des structures rigides prônées récemment dans le football. L’Argentine adopte un jeu plus libre et dynamique, orienté vers la créativité collective plutôt que sur la dépendance exclusive à un joueur vedette.

La grande interrogation reste désormais la place de Messi lors de la Coupe du Monde 2026. À 39 ans à cette échéance, et après une finale mémorable à Qatar où l’Argentine était centrée autour de lui, le sélectionneur Lionel Scaloni pourrait choisir de poursuivre sur cette voie plus collective, même avec le génie argentin de retour sur le terrain.