L’Angleterre en crise : Carsley face à l’impasse
Il y a peut-être un certain humour amer dans le fait que le prochain adversaire de l’Angleterre soit le pays qui est régulièrement classé comme le plus heureux de la terre. Prospère, égalitaire, bien éduqué, socialement soutenu et sans grande illusion de grandeur mondiale, la Finlande offre à notre propre nation mécontente et perpétuellement troublée une abondance de leçons de vie utiles, dont on peut garantir qu’elles resteront largement inobservées.
Une situation préoccupante pour Carsley
Et donc, direction Helsinki, où Lee Carsley semble n’avoir que trois matchs restants pour sauver un poste qui lui appartenait apparemment après deux matchs, puis a glissé après trois, et qu’il ne semble d’ailleurs pas vraiment désirer. Peut-être était-il inévitable, vu notre manque évident d’enthousiasme pour le format de la Ligue des Nations en général, que le football anglais profite de cette lacune automnale pour se tourner entièrement vers lui-même, offrant un terrain fertile à son psychodrame perpétuel, un référendum prolongé Lee In/Lee Out.
Une défaite surprenante mais méritée
Le premier point à souligner est qu’en dépit des gros titres hystériques qui ont accueilli la débâcle de Wembley, l’équipe de Grèce dirigée par Ivan Jovanovic est en réalité bien meilleure que son classement FIFA de 48 ne le suggérerait. C’était, après tout, une équipe qui affichait une courbe de performance en forte hausse : elle avait récemment obtenu un match nul contre la France et avait surclassé l’Allemagne par moments lors d’une défaite amicale de 2-1 juste avant l’Euro.
Selon les classements Elo, un indicateur plus rigoureux de la performance internationale, leur victoire à Wembley les a propulsés dans le top 20 mondial, devançant des équipes comme les États-Unis, le Mexique, la Suède et le Maroc. Ce système classe également l’actuelle équipe grecque comme meilleure que celle qui a participé à l’Euro 2004, tournoi qu’elle a remporté avec succès.
Des faiblesses dans l’exécution
Il est évident que l’on s’attendait à ce que l’Angleterre les batte. Sur la base des attentes de buts, qui étaient de 0,84 contre 0,74 en faveur de l’Angleterre, ce n’était pas tout à fait l’humiliation que l’on aurait pu croire en temps réel, peut-être à cause des trois buts annulés de la Grèce. Mais peut-être que cette équipe mérite en réalité un certain respect, au lieu d’une litanie de jeux de mots douteux.
Ce qui est frappant dans la performance anglaise contre la Grèce est non seulement l’incohérence, mais aussi un manque de vigueur et d’engagement. Le retrait lors des duels, laissant des joueurs grecs dribbler dans des zones dangereuses sans aucune pression, indique des failles majeures dans la préparation et la détermination de l’équipe.
Un schéma et une culture à repenser
À long terme, le match contre la Grèce s’inscrit dans un schéma plus large de performances anglaises stériles et inarticulées au cours des 12 derniers mois. Il semble que quelque chose ne va pas au cœur de cette équipe. La discipline positionnelle, observée pendant l’Euro 2024, est devenue une habitude inquiétante. Plusieurs joueurs, notamment Harry Kane et Jude Bellingham, semblent assumer des rôles similaires, ce qui complique la structure d’équipe.
On observe également une tendance à privilégier certains clubs, avec des joueurs comme Levi Colwill et Noni Madueke propulsés rapidement vers l’avant, tandis qu’Eberechi Eze et Jarrod Bowen sont laissés de côté. Jack Grealish a été réintégré immédiatement alors que James Maddison a dû attendre. Cette dynamique soulève des questions importantes quant à l’équité de la sélection.
Des défis culturels et contextuels
Il est évident que le football anglais a besoin d’un redémarrage culturel, pas de la triste version tardive de Southgate, mais d’un Southgate capable de reprendre le contrôle, d’éliminer quelques poids morts sacrés et de reconnecter la réalité de jouer pour l’Angleterre avec l’idée de ce que cela signifie. Pourtant, Carsley n’est probablement pas cet homme, mais alors, qui peut l’être ?
Un entraîneur étranger de renom, comme Thomas Tuchel, pourrait offrir l’autorité requise, mais pas nécessairement le sens de la signification ou le changement culturel. Eddie Howe, Graham Potter, Steve Cooper : tous sont compétents mais présentent leurs propres défauts. La recherche de l’entraîneur idéal semble être une tâche colossale, et c’est pour cela qu’on parle souvent de ce rôle comme du « job impossible ».