Cette victoire s’inscrit parmi les réaménagements les plus spectaculaires de la carrière de Rassie Erasmus et illustre une masterclass tactique. Le contexte du match était particulièrement tendu, avec l’expulsion de Lood De Jager qui a contraint les Springboks à évoluer à 14 contre 15 à la pause. Après deux essais adverses inscrits en début de rencontre, l’équipe sud-africaine a montré du répondant et maîtrisé le tempo en seconde période.
À la mi-temps, le score était de 14-13 en faveur des Bleus. Les ressources et la volonté de l’effectif de Erasmus ont alors été mises à l’épreuve, et le sélectionneur a démontré sa capacité à adapter rapidement son dispositif. Le Stade de France a vibré face à cette démonstration de maîtrise tactique et d’organisation collective.
Pour lancer la remontée, Erasmus a pris une décision audacieuse à la pause en sortant son capitaine Siya Kolisi, qui fêtait son centième match. L’effet fut immédiat: les Springboks ont réajusté le plan et ont engagé une seconde période sous un nouvel élan, en tirant parti des ressources disponibles sur le banc.
Dans le deuxième acte, les visiteurs ont pris le contrôle et infligé un 19-3 aux Bleus, tout en évoluant pendant une trentaine de minutes à 14 contre 15. Le récit tactique met en lumière l’équilibre entre discipline défensive et capacité à exploiter les failles adverses. Le collectif et l’anticipation des remplaçants ont été les véritables ressorts de cette remontée.
Une équation à résoudre
Erasmus a misé sur la polyvalence: André Esterhuizen a été utilisé différemment et Sacha Feinberg-Mngomezulu a été repositionné en arrière, Libbok prenant l’ouverture. Le plan s’est mis en place dès les premières minutes après le coup d’envoi de la seconde période, et les joueurs ont rapidement assimilé les attentes sans hésitation. Le contexte exalté du Stade de France a nécessité des ajustements immédiats et mesurés, tout en conservant l’identité du groupe.
Le banc a apporté un soutien déterminant: Esterhuizen est venu compléter la ligne de trois-quarts et Feinberg-Mngomezulu a assuré le lien à l’arrière, tandis que Libbok a conduit le jeu. Erasmus a insisté sur le fait que le travail collectif et l’anticipation des remplaçants ont permis d’allonger l’élan et d’imprimer le ton sur la moitié de terrain adverse.
La substitution de Kolisi et le succès du relookage du pack ont aussi donné le ton: les remplaçants ont terminé le travail et l’équipe a su préserver la dynamique jusqu’au coup de sifflet final. Le sélectionneur a expliqué que l’effort collectif équivalait à 23 joueurs sur la tournée et que le banc et les titulaires partageaient la même exigence.
Enfin, Erasmus a évoqué les faiblesses françaises: les Bleus n’avaient pas joué ensemble depuis longtemps et s’étaient préparés à défendre des mauls pénétrants. Le pack sud-africain a poussé les cocottes tricolores vers la touche lorsque cela était nécessaire, et la défense a affiché une pression constante, renforcée par un carton jaune à Louis Bielle-Biarrey qui a pesé dans le cours du match.









