L’actionnariat populaire : une révolution dans les clubs français de football
Face à des enjeux économiques qui reshaping le football, un mouvement d’actionnariat populaire s’inscrit peu à peu dans le paysage des clubs français. L’objectif est clair: associer les supporters à la gestion du club et instaurer une démocratie plus directe autour des décisions, en complément de l’actionnariat traditionnel. Cette dynamique s’appuie sur des expériences déjà observables à l’étranger, notamment en Espagne et en Allemagne, et commence à s’ancrer en France avec des clubs comme Saint-Etienne, Sochaux et Guingamp parmi les exemples évoqués dans le débat.

À Saint-Etienne, le chemin vers une participation des supporters dans le capital est en cours. Pour entrer dans le capital du club, il faut réunir 150 000 euros d’ici le 12 septembre. À ce jour, près de 100 000 euros ont été collectés grâce à l’initiative menée par l’association SociosVerts, présidée par Jérémy Chatonnier. Même si cette somme représente seulement 0,2% des parts, elle porte un message fort: plus la mobilisation est forte, plus le groupe peut exercer un regard sur les décisions à venir et sur la trajectoire du club, tout en offrant une protection contre des chocs financiers qui ont frappé d’autres formations comme Ajaccio ou Niort.

Autre exemple concret, celui du FC Sochaux, qui a frôlé la disparition à l’été 2023. Se décrivant comme ayant vécu les « affres » du foot-business, le club a abandonné une multi-propriété et a connu des propriétaires problématiques qui ont failli le mettre en faillite. Aujourd’hui, les socios ont réuni environ 800 000 euros et font partie du conseil de surveillance, qui compte une cinquantaine de membres dont des représentants locaux. Pour eux, c’est « le bon modèle de contrôle » qui garantit une meilleure stabilité et une meilleure flux de décision. L’objectif est aussi que les socios puissent investir dans le centre de formation, afin de soutenir le développement sportif à long terme plutôt que de se focaliser sur des gains immédiats.
Au-delà de ces cas, le mouvement s’inscrit dans une dynamique plus large en France. Le modèle d’actionnariat populaire est déjà vigoureux en Espagne et en Allemagne, et les discussions françaises visent à trouver une voie entre le cadre allemand 50+1 et un système entièrement dérégulé. Thibaut Duverger, enseignant à Science Po Bordeaux et coauteur d’un ouvrage sur le sujet, rappelle que l’objectif est d’établir une forme de tension démocratique dans les clubs, tout en évitant une perte de efficacité économique. Il souligne néanmoins que dans l’état actuel, les supporters n’ont pas encore un poids suffisant pour influer durablement les destinées des clubs sans cadre législatif adapté.
En ce sens, une proposition de loi déposée au Sénat au printemps ouvre la porte à une voix consultative des supporters dans les instances dirigeantes du sport professionnel. Il s’agit d’un premier pas qui pourrait, si elle est adoptée, favoriser une participation plus active des fans et clarifier les mécanismes de gouvernance, tout en restant compatible avec les exigences économiques des clubs.
Des clubs expérimentent et cherchent des cadres adaptés
En France, les efforts d’actionnariat populaire se multiplient, avec des initiatives émergentes à Bastia, Guingamp ou Rouen, et des exemples comme Saint-Etienne et Sochaux qui démontrent une volonté commune de renforcer la démocratie au sein des clubs et de offrir une riposte face au « foot-business ». Le dilemme persistant est de trouver un équilibre entre l’implication des supporters et la capacité des clubs à se financer et à se professionaliser. Le chemin reste à tracer, mais l’objectif est clair: donner une plus grande place au public tout en protégeant la pérennité sportive et économique des clubs.
Ces dynamiques témoignent d’une recherche d’équilibre entre démocratie sportive et performance économique. La suite dépendra de l’évolution des cadres juridiques et de l’engagement durable des supporters dans la gouvernance des clubs.








