Treize membres des Natifs, un groupe d’extrême droite, jugés pour une banderole raciste visant Aya Nakamura
Treize personnes liées au groupe d’extrême droite connu sous le nom des Natifs comparaissent ce mercredi devant la justice parisienne pour des accusations d’injure publique et de provocation à la discrimination en raison de l’origine, de la race ou de la religion. Ces individus sont notamment poursuivis pour avoir déployé une banderole à Paris, portant un message raciste à l’encontre de la chanteuse Aya Nakamura.
Les faits et le contexte
Le 9 mars 2024, lors d’un rassemblement sur les quais de Seine, plusieurs membres du groupe des Natifs ont déployé une banderole sur laquelle était inscrit : « Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ». Cette phrase, en référence à la participation d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, a été perçue comme une insulte raciste, évoquant la distinction entre Paris et Bamako, capitale du Mali, pays d’origine de la chanteuse.
Initialement, la banderole devait porter la mention « Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas Kinshasa ! », mais un militant a corrigé l’inscription en précisant que la chanteuse était malienne, non congolaise. Malgré cela, le groupe a maintenu un discours ouvertement raciste, justifiant leur action par une prétendue cause qui les dépasse, selon leurs propres déclarations recueillies par Mediapart.
Une réaction de la part des associations et de la chanteuse
Les associations de lutte contre le racisme, telles que la Licra, SOS Racisme et le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), ont rapidement dénoncé ces actes. Aya Nakamura elle-même a réagi sur Twitter, soulignant que le racisme ne la fera pas taire : « Tu peux être raciste mais pas sourd… C’est ça qui vous fait mal ! »
Suite à ces propos, la chanteuse a déposé plainte auprès du parquet de Paris. La mobilisation contre ces propos haineux s’inscrit dans une volonté collective de lutter contre la banalisation du racisme et de la discrimination dans l’espace public.
Les profils et l’idéologie des Natifs
Les Natifs sont un groupe d’extrême droite qui revendique une identité à la fois parisienne, française et européenne. Composé principalement d’étudiants et de jeunes actifs âgés en moyenne de 20 à 25 ans, ils revendiquent une filiation avec Génération identitaire, un mouvement ultraconservateur dissous en 2021. Leur action se manifeste souvent par des opérations coup de poing relayées sur leurs réseaux sociaux, où ils disposent de près de 10 000 abonnés sur Instagram et plus de 18 000 sur X (ex-Twitter).
Ce groupe revendique une opposition à l’immigration, notamment à travers la lutte contre le « grand remplacement », une théorie conspirationniste selon laquelle les populations européennes seraient progressivement remplacées par des migrants non européens. Les membres des Natifs prônent également la « remigration », c’est-à-dire l’expulsion des immigrés qu’ils considèrent non assimilés.
Une organisation structurée et influente
Selon Mediapart, Edouard Michaud, ancien cadre de Génération identitaire et des Zouaves Paris, est le chef des Natifs. Les investigations ont confirmé que ses directives ont été relayées via le compte X du groupe, ainsi que par leur porte-parole Antoine G. Le mouvement s’appuie aussi sur des réseaux européens identitaires, notamment en Allemagne, en Hongrie ou en Autriche.
Les actions du groupe incluent des rassemblements, des placardages de slogans racistes, ou encore des manifestations provocatrices, comme celle organisée en hommage à un jeune tué à Crépol ou la protestation contre une exposition de portraits de femmes voilées à Saint-Denis. Ces opérations ont souvent pour objectif de provoquer un choc médiatique afin d’attirer l’attention sur leur idéologie.
Une stratégie d’agit-prop et de provocation
Les Natifs s’inspirent de méthodes similaires à celles de Greenpeace ou d’autres groupes activistes, en utilisant la provocation pour faire parler d’eux. Leur but est de susciter des réactions massives et de déstabiliser l’opinion publique. Leur action la plus médiatisée reste le déploiement de la banderole raciste à Paris, qui a fait l’objet d’un large retentissement dans les médias, y compris à l’étranger.
Ce contexte témoigne d’une radicalisation croissante au sein de certains mouvements identitaires, qui n’hésitent pas à recourir à la haine pour défendre leurs idées. La justice française doit maintenant trancher dans cette affaire, qui soulève de nombreuses questions sur la montée de l’extrême droite et le racisme dans l’espace public.









