José Mourinho : le slogan des manifestations en Turquie

Arrivé en Turquie en juin 2024 pour entraîner Fenerbahçe, José Mourinho est devenu malgré lui une figure emblématique des manifestations anti-Erdogan qui secouent le pays. Une phrase prononcée par le « Special One » après un match a été reprise comme slogan par des milliers de manifestants dénonçant la corruption et l’autoritarisme du régime turc.

La phrase devenue symbole des protestations

Le 3 novembre 2024, après une victoire laborieuse 3-2 contre Trabzonspor, José Mourinho exprimait son exaspération face à l’arbitrage turc, qu’il considérait corrompu depuis son arrivée. Malgré un penalty non accordé à son équipe, il déclarait devant la presse :

« On m’avait prévenu avant même que je n’arrive, je n’y croyais pas, mais c’est encore pire que ce qu’on m’avait dit. On joue contre un système. Et jouer contre un système est la chose la plus difficile. Nous sommes propres. »

Cette dernière phrase en anglais, « We are clean », résume sa dénonciation d’un système corrompu. Elle a depuis transcendé le cadre sportif pour devenir un cri de ralliement lors des manifestations anti-Erdogan en Turquie.

Une contestation qui prend racine dans le football turc

José Mourinho a payé cher son franc-parler : il a écopé d’une amende d’environ 18 000 € et d’une suspension d’un match. Pourtant, ce combat contre les irrégularités dans le football turc commence à porter ses fruits, avec notamment la désignation d’un arbitre étranger pour le derby Galatasaray-Fenerbahçe en février 2025.

La réputation du Portugais en matière de punchlines n’est plus à faire. En vingt-cinq ans, il a souvent multiplié les phrases marquantes, et c’est précisément l’une d’elles qui s’est transformée en slogan politique, repris dans les rues d’Istanbul et d’autres grandes villes.

Un mouvement de protestation où le football turc s’invite

Depuis l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et opposant majeur à Recep Tayyip Erdogan, le slogan « We are clean » est scandé lors des manifestations. Ekrem Imamoglu lui-même a partagé sur TikTok un montage combinant la déclaration de Mourinho avec des images de contestation, renforçant l’identification du mouvement à cette phrase.

Les supporters de clubs historiques d’Istanbul comme Fenerbahçe, Galatasaray et Besiktas participent massivement aux rassemblements. Le drapeau de Fenerbahçe a d’ailleurs souvent été aperçu parmi les manifestants, rappelant un rôle historique du football comme vecteur d’expression populaire en Turquie. Cette dynamique rappelle aussi les mobilisations du parc Gezi en 2013, où les groupes de supporters avaient déjà pris part activement aux contestations politiques.