
Jenni Hermoso : Une Victoire Contre l’Impunité au Football
La condamnation de Rubiales pour agression sexuelle souligne l'importance du consentement dans le sport.
La condamnation de Luis Rubiales marque une étape importante dans la lutte contre l’impunité dans le football. Bien que la question de son emprisonnement ou du montant de l’indemnisation destinée à Jenni Hermoso soit discutée, le plus significatif est le message porté par cette décision : personne ne doit être au-dessus de la loi.
Un jugement symbolique
La peine infligée à Rubiales rappelle que la justice doit s’appliquer de manière égale pour tous. Alors que beaucoup se souviendront de Jenni Hermoso comme « celle qui a été embrassée », elle représente bien plus que cela. Elle est l’attaquante la plus prolifique de l’équipe féminine d’Espagne et a joué un rôle crucial dans le développement du football féminin dans son pays.
À 33 ans, Hermoso a contribué à la victoire de l’Espagne lors de sa première Coupe du Monde féminine. Malheureusement, son moment de gloire a été terni le 20 août 2023, lorsque Rubiales, ancien président de la Fédération espagnole de football, l’a embrassée sans son consentement lors de la remise de sa médaille de championne du monde.
Le procès
Le procès qui a eu lieu en février a duré deux semaines, et le juge a rendu son verdict en moins d’une journée. Rubiales, 47 ans, a été reconnu coupable d’agression sexuelle, mais a été acquitté de coercition avec deux autres coaccusés. Bien que les procureurs aient prétendu que ceux-ci avaient exercé une pression sur Hermoso pour qu’elle soutienne la version de Rubiales, ils ont nié toute faute.
Dans les motifs du jugement, le juge a accordé toute crédibilité au témoignage d’Hermoso, soulignant qu’il n’y avait aucune raison pour elle de mentir. Rubiales a dû payer une amende de plus de 10 000 euros et n’est pas autorisé à s’approcher d’Hermoso pendant un an, tout en devant couvrir ses frais juridiques.
La loi espagnole sur le consentement
En 2022, l’Espagne a adopté la loi « solo si es si », indiquant que le consentement doit être explicite et ne peut être présumé. Cette loi ne fait plus de distinction entre « abus » et « agression sexuelle », car elle souligne que la violence n’est pas nécessaire pour qu’une agression sexuelle soit reconnue.
Bien que certains aient critiqué l’évolution des peines, de nombreuses organisations féministes ont affirmé qu’il est essentiel de croire les victimes plutôt que de se concentrer uniquement sur la durée de la peine encourue.
Le témoignage d’Hermoso
Durant son témoignage, Hermoso a démontré une force remarquable. Elle a refusé de se cacher derrière la douleur, choisissant d’affirmer son succès et de célébrer la victoire de son équipe malgré l’agression subie. Sa réaction face aux avocats de la défense, qui cherchaient à façonner l’image de la « victime parfaite », a été puissante.
« Je n’ai pas besoin de pleurer ou de m’effondrer pour faire comprendre que je n’ai pas aimé ce baiser », a-t-elle déclaré, insistant sur le fait que sa joie de devenir championne du monde ne devait pas être réduite à cette agression.
Un message fort pour l’avenir
Ce procès soulève des questions sur la manière dont les victimes sont souvent revictimisées au tribunal. Cependant, le courage dont a fait preuve Jenni Hermoso en partageant son expérience devrait inspirer de nombreuses autres victimes à se faire entendre. Son témoignage constitue un pas vers une société où les victimes peuvent être entendues et crues, indépendamment de leur réaction face à l’agression.