Jannik Sinner doit encore patienter trente-trois jours avant de faire son retour sur les courts. Suspendu trois mois suite à un contrôle antidopage positif, le tennisman italien retrouvera la compétition lors du Masters 1000 de Rome, prévu du 7 au 18 mai. Ce délai sanctionne une entente conclue avec l’Agence mondiale antidopage (AMA) après la détection d’une substance interdite dans ses tests. Malgré le silence maintenu jusqu’ici, le numéro 1 mondial s’est enfin exprimé dans une interview accordée à Sky Sports, diffusée le 5 avril, revenant sur cette affaire qui a bouleversé le monde du tennis.
Une suspension controversée
Jannik Sinner, double vainqueur de l’Open d’Australie (2024, 2025) et champion de l’US Open 2024, avait été contrôlé positif en mars 2024 au clostébol, un stéroïde anabolisant prohibé. L’Italien explique que cette présence résulte d’une contamination accidentelle par un massage effectué par un membre de son entourage.
Bien que blanchi par l’Agence pour l’intégrité du tennis (ITIA), l’AMA a fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour réclamer une suspension pouvant aller de un à deux ans. Finalement, un accord a été trouvé, imposant une sanction de trois mois, que Sinner admet avoir acceptée malgré ses doutes sur sa légitimité. « Nous avons accepté rapidement les trois mois de suspension proposés par l’Agence mondiale antidopage, même si je n’étais pas vraiment d’accord », confie le joueur de 23 ans.
Insistant sur son innocence et sur l’origine externe de la contamination, il poursuit : « Je suis innocent. Il fallait choisir le moindre mal et je crois que c’est ce qu’on a fait. Ce que je vis est un peu injuste, mais si on regarde les choses cela aurait pu être bien pire, cela aurait pu être encore plus injuste. »
Un climat tendu dans le tennis
Ce dossier a particulièrement agité le circuit, suscitant incompréhensions et critiques. Plusieurs voix dénoncent une gestion problématique des cas de dopage, pointant des décisions parfois hâtives, des sanctions jugées trop clémentes, et un manque de clarté de la part des instances dirigeantes.
L’Association des joueurs professionnels (PTPA), syndicat cofondé par Novak Djokovic en 2021, a vivement critiqué ce qu’elle qualifie de « biais inacceptable » dans l’application des sanctions antidopage. Elle souligne notamment :
- Des peines variables selon les sportifs concernés, sans harmonisation claire.
- Un déficit de crédibilité au sein des multiples agences chargées des contrôles (ATP, WTA, Grand Chelem, ITIA, AMA).
- Un manque de volonté manifeste à entreprendre une réforme pour un système plus juste et transparent.
Ces critiques reflètent un malaise profond et une demande grandissante de refonte des dispositifs de lutte contre le dopage dans le tennis professionnel.
Le retour sur le court et les réactions
Interrogé sur son état d’esprit avant de retrouver notamment ses détracteurs, parmi lesquels l’Australien Nick Kyrgios, Jannik Sinner privilégie la prudence. Il déclare : « Ce que je veux faire, c’est jouer au tennis et être très serein, là s’arrête l’histoire. Je suis sûr que tout ira bien, même si peut-être au début je mettrai un peu de temps à repartir. »
Le joueur entend ainsi reprendre le cours de sa carrière sans interruption majeure. Il figure toujours au sommet du tennis mondial, sans avoir manqué un seul Grand Chelem depuis le début de la saison.









