Inter et AC Milan : enquête sur les ultras et la mafia en Italie

19 arrestations en lien avec les ultras d'Inter et AC Milan, enquête sur la mafia.

France

Le football italien traverse une tempête de grande ampleur après l’annonce par la police italienne et le procureur de Milan de l’enquête « Doppia Curva », visant à établir des liens entre les groupes ultras de l’Inter et de l’AC Milan et la ‘Ndrangheta, l’organisation criminelle italienne qui est devenue l’une des plus influentes au monde ces dernières années. Dix-neuf personnes, soupçonnées de liens criminels, ont été arrêtées, dont les dirigeants présumés des groupes ultras des deux clubs milanais.

Une enquête troublante

Lors d’une conférence de presse décrivant l’enquête après les arrestations, les procureurs ont indiqué que les accusations potentielles incluraient association criminelle, usage de « méthodes mafieuses », extorsion, agression, et plus encore. Les suspects visaient, entre autres crimes allégués, à prendre le contrôle des activités commerciales autour du stade San Siro, où l’Inter et l’AC Milan disputent leurs matchs à domicile.

Quelques semaines avant les arrestations, la tension avait monté lorsqu’un des leaders ultras de l’Inter, Andrea Beretta, a tué un ancien boss local de la ‘Ndrangheta, Antonio Bellocco, qui était devenu une figure centrale du groupe ultras de l’Inter ces dernières années. Cette affaire a alarmé les enquêteurs, qui ont décidé fin septembre d’agir pour prévenir d’autres épisodes de violence.

Il est crucial de souligner que les deux clubs, l’Inter et l’AC Milan, sont considérés comme des « parties offensées » dans l’enquête. Marcello Viola, procureur de Milan, a déclaré qu’il était impératif qu’ils établissent qu’ils ont rompu tout lien avec des supporters déviants.

Qui sont les ultras ?

Le terme « ultra » désigne des groupes de supporters organisés, souvent impliqués dans des controverses. À partir des années 1970, les supporters de l’AC Milan et de l’Inter ont commencé à se regrouper dans certains secteurs du stade San Siro, devenant ainsi des supporters emblématiques. Les croyances politiques étaient alors un sujet central parmi les fans, et être un ultra était moins un lien avec la violence jusqu’à l’influence croissante des hooligans d’Europe de l’Est et d’Angleterre dans les années 1980.

La situation a conduit les groupes ultras de l’Inter et de l’AC Milan à abandonner leurs secteurs d’origine pour s’installer aux extrémités opposées du stade. Cela a permis à la Curva Nord de l’Inter et à la Curva Sud de l’AC Milan de se renforcer et d’innover dans leurs chorégraphies, devenues célèbres dans le monde entier.

De quoi parle l’enquête ?

Giovanni Melillo, procureur anti-mafia, a expliqué que cette enquête illustre les risques d’infiltration de la criminalité organisée dans le football professionnel et amateur. Plus de cinquante domiciles ont été perquisitionnés, et dix-neuf personnes arrêtées. Deux niveaux de criminalité émergent : le contrôle du flux financier des groupes ultras au fil des ans et l’influence croissante de la ‘Ndrangheta.

Les activités commerciales autour du stade San Siro, comme les parkings et les ventes de nourriture, sont également au centre de l’enquête. Il est suspecté que des membres des deux groupes ultras aient été impliqués dans le trafic de drogue.

Un pacte qui a évolué

Dans les années 1980, la Curva Nord et la Curva Sud ont établi un pacte de non-belligérance, réduisant la violence lors des matchs, notamment le Derby della Madonnina. Cependant, ce pacte a également permis aux deux groupes de collaborer pour des bénéfices financiers communs.

Lors des demi-finales de la Ligue des champions UEFA 2022-23, des écoutes téléphoniques ont révélé que les deux groupes ultras avaient convenu de partager les revenus d’un match final à Istanbul, illustrant leur collaboration malgré leur rivalité historique.

Deux meurtres marquants

Le meurtre de Vittorio Boiocchi, ancien leader de la Curva Nord, et celui d’Antonio Bellocco, ancien boss de la ‘Ndrangheta, ont bouleversé l’univers des ultras. Leurs morts illustrent les tensions internes et les luttes de pouvoir qui animent les groupes ultras depuis la reconstitution de la Curva Nord en un groupe unique.

Les implications pour les clubs

Les joueurs d’Inter et d’AC Milan sont souvent impliqués avec les groupes ultras, qui jouent un rôle clé dans la culture du stade. Actuellement, les clubs sont considérés comme parties offensées, sans implication directe dans l’affaire.

Davide Calabria, capitaine de l’AC Milan, a été interrogé en rapport avec des discussions révélées par des écoutes téléphoniques, mais il a assuré qu’il n’y avait rien d’inapproprié dans ses relations avec les ultras.

Quel est le business derrière tout cela ?

L’enquête souligne le rôle des activités commerciales des ultras, allant de la vente de billets à la régulation des parkings et des camions de nourriture autour du stade. Ces groupes ont contrôlé le flux financier et les opérations commerciales, générant des bénéfices considérables pour leurs activités.

Une situation à suivre

Nous en sommes encore aux débuts de l’enquête, et d’autres révélations sont à prévoir. Il est évident qu’un besoin de clarification des relations entre les clubs et les groupes ultras se fait sentir, notamment au regard des liens révélés entre la ‘Ndrangheta et certains ultras.

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