Malgré les progrès réalisés lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, l’inclusion des malvoyants dans les événements sportifs en France demeure encore insuffisante. Si des initiatives ont été mises en place pour améliorer l’accessibilité, la réalité sur le terrain montre que de nombreux défis subsistent pour permettre à tous de vivre pleinement ces moments sportifs, en particulier ceux atteints de déficience visuelle.
Les efforts pour une meilleure accessibilité lors des Jeux de Paris 2024
À l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, un accent particulier a été mis sur l’inclusion des personnes en situation de handicap, notamment grâce à des innovations technologiques et à la mobilisation de bénévoles formés. Plus de cinquante audiodescripteurs, principalement des étudiants, ont été déployés durant près d’un mois pour accompagner les spectateurs malvoyants dans les stades.
Une application dédiée, développée par Paris 2024, permettait aux bénéficiaires d’accéder à l’audiodescription en temps réel. La start-up toulousaine Touch2See a notamment créé le « Vision Pad », une tablette connectée qui, couplée à un stylet, permettait de déplacer un aimant virtuel pour suivre le ballon ou d’autres éléments de jeu, avec des vibrations pour signaler les événements importants comme un but ou une faute.
Les limites et les défis rencontrés
Malgré ces avancées, plusieurs acteurs soulignent que l’implication a été limitée. Frédéric Gonant, audiodescripteur pour M6 lors des Jeux, a dénoncé un manque de concertation avec les associations de défense des malvoyants, ainsi que la couverture limitée à seulement 6 disciplines sur 47 lors des Jeux, et 9 disciplines pendant les Paralympiques. La technologie Vision Pad n’était disponible que pour le rugby-fauteuil et le basket-fauteuil, ce qui reste encore trop peu pour une véritable accessibilité universelle.
Charly Simo, président de l’association ASA, qui a été chargé de l’audiodescription lors des Jeux, insiste sur l’importance de vulgariser cette pratique pour permettre à tous les déficients visuels d’accéder aux compétitions de leur choix. Il souligne que ces efforts, bien que timides, constituent une étape encourageante dans la démarche d’inclusion.
Initiatives locales et innovations en France
En dehors de Paris, certaines villes comme Toulouse se sont illustrées en proposant un service d’audiodescription dans leurs équipements sportifs dès 2018. La mairie a déployé une application gratuite permettant à tout spectateur, y compris les non-voyants, de suivre les rencontres en direct, commentées par des étudiants en journalisme. Ce dispositif, qui a évolué chaque année, attire un public de plus en plus nombreux et montre qu’une approche locale peut faire la différence.
Maxime Arcal, référent accessibilité à Toulouse, évoque un bilan positif : la ville est la seule en Europe à offrir un service omnisports gratuit avec cette technologie. Il rêve même d’atteindre 36 000 connexions simultanées lors des événements sportifs, un objectif ambitieux mais symbolique de l’engagement pour une accessibilité totale.
Perspectives et enjeux pour la France
Alors que la France reste encore en retard par rapport à certains pays voisins, notamment en matière de football, plusieurs clubs de Ligue 1 commencent à s’intéresser à la question de l’audiodescription. Seuls huit clubs proposent actuellement ce service, avec une possible extension prochaine pour le Paris Saint-Germain. La tendance est à une prise de conscience accrue, soutenue par des initiatives institutionnelles et associatives.
Pour Julien Wachowski, responsable de W Sports, la prochaine étape consiste à systématiser l’audiodescription dans tous les événements sportifs. Il souhaite que cette pratique devienne une norme, afin que chaque personne en situation de handicap puisse profiter pleinement des compétitions, partout en France.










