Fred Quercy, capitaine de Montauban: rugueux sur le terrain et lucide

Fred Quercy, capitaine de Montauban: rugueux sur le terrain et lucide

Propulsé au cœur de l'actualité du rugby par ses mots polémiques, Fred Quercy, capitaine de Montauban, voit son parcours entre Pro D2 et Top 14 remis en lumière.

France

C’est peut-être parce qu’on aime ce qui pique à Sapiac qu’à l’heure de jeu, samedi dernier, une partie du stade de Montauban s’est mise à scander Liberté pour Fred Quercy ! Liberté pour Fred Quercy ! Le promu cherchait à revenir sur Castres (28-32) mais en vain. Le capitaine, revenu après un mois d’absence, est devenu le symbole d’une polémique qui l’accompagne depuis quelques semaines, mêlant rugby et couverture médiatique autour d’un joueur de Pro D2 qui est passé devant les projecteurs du Top 14.

Après ses déclarations sur Fabien Galthié, Quercy s’était contenté d’une courte sortie médiatique dans Midi Olympique, évoquant sa peur de prendre une sanction qui, selon lui, ne serait pas méritée et son souhait d’attendre que l’histoire se tasse. À ses proches, il aurait confié qu’on ne pensait pas que cela prendrait une telle ampleur.

Bienvenue dans l’élite, où tout va plus vite, constate Kevin Gimeno, son ami de longue date dans le rugby, qui l’a suivi depuis Béziers. Il parle à un journaliste comme à un ami, résume-t-il. C’est sa qualité et son défaut à la fois: pour lui, le rugby reste l’esprit d’antan. Le volet médiatique, il ne l’a pas connu; parfois il vaudrait mieux choisir ses mots avec plus de pincettes…

Ses premiers formateurs à Montpellier évoquent une forte personnalité, comme Bruno Frangne, alors responsable des Espoirs, et David Gérard, son ancien coach à Montauban, qui soulignent son honnêteté et sa franchise. Fred ne triche pas dans les rapports humains et dit ce qu’il pense, rappelle Lucas Guillaume, ancien coéquipier en sélection espagnole, ajoutant que ces qualités peuvent aussi déplaire dans le milieu pro.

En 2021, il met fin à son contrat à Nevers en pleine saison sans avoir disputé la moindre minute. Le club évoque un désaccord avec le manager et une clause de confidentialité pour éviter d’évoquer l’épisode. Sébastien Fouassier, alors coach des avants neversois, rappelle que des périodes compliquées existent, notamment pendant la pandémie, mais assure n’avoir eu aucun souci avec lui et se souvient qu’il disait ce qu’il pensait de façon directe.

La spontanéité de Quercy a aussi été marquée lors d’une conférence de presse après le sacre de Montauban en Pro D2, où il avait évoqué les anciens du club et les entraîneurs de la saison précédente avec des phrases fortes. C’étaient des truffes, avait-il suggéré, dans le contexte d’une montée qui avait été loin d’être assurée et où la relation avec certaines figures historiques du club était tendue.

Pour Gimeno, cette posture est une expression de l’apprentissage. À l’entraînement comme dans les discours, Quercy a parfois pris le risque de parler sans filtre, ce qui peut nourrir les tensions avec les entraîneurs. Il y a une frontière entre être dur et manquer de respect, rappelle-t-il, et ce souvenir influence encore son image auprès du cercle proche du club.

Quercy est monté dans le monde professionnel après Montpellier et Béziers; il est le petit-fils d’Emile Bolzan, talonneur du premier Brennus biterrois en 1961, une lignée qui a laissé une blessure et une désillusion devant la réalité du professionnalisme. Quand il est monté avec les pros, la pression était palpable et la peur de se faire sanctionner pesait fortement sur les jeunes, rappelle Gimeno.

Après une dizaine de matches en Top 14 et en Coupe d’Europe, Quercy quitte Montpellier en 2015 à 24 ans pour tenter sa chance en Pro D2, profitant d’un gabarit modeste pour son poste (1,88 m, 102 kg). Selon Gérard, son ancien coach, il est un chien de la casse, un joueur qui met tout dans les combats et qui fait le travail invisible du terrain, là où certains n’osent pas aller.

Maxime Espeut, son coéquipier, le décrit comme un leader de combat, un meneur d’hommes qui transmet l’exemple dans l’engagement et l’agressivité, capable d’entraîner tout le monde avec lui. Sa réalité physique n’en reste pas moins éprouvante: ses blessures récurrentes font écho à la dureté du poste et à l’intensité qu’il met dans chaque geste.

Lucas Guillaume, international espagnol et ancien coéquipier en sélection, insiste sur l’intelligence et la culture de Quercy. Il a même poursuivi des études jusqu’à un Master 2 STAPS et, à côté du rugby, il rénove des maisons; c’est un travailleur polyvalent, reconnu comme tel par ses partenaires. Autant dire qu’il a toujours été entre deux mondes: le terrain et les chantiers, sans jamais s’arrêter vraiment.

Entre deux chantiers et des projets de reconversion, Quercy continue de nourrir son intuition du jeu et ses ambitions de Top 14, qu’il n’a pas vraiment quitté des yeux malgré les difficultés. Loin d’un destin linéaire, il conjugue sport et métiers manuels avec une même énergie, espérant un jour retrouver l’élite qu’il a effleurée il y a une décennie.

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