Lorsque le départ est donné pour le Grand National ce samedi après-midi, Frankie Dettori sera à l’affiche au Dubai World Cup, la course hippique la plus riche du monde, qu’il a remportée il y a 25 ans dans une performance inoubliable. Cette semaine, un voyagiste a même organisé une soirée avec le célèbre jockey à Dubaï, en vedette d’un circuit de cinq jours autour de l’événement de Meydan, au prix de 2 400 euros.
Une carrière exceptionnelle marquée par des controverses fiscales
Frankie Dettori, 54 ans, figure emblématique des courses hippiques qui court pour des milliardaires depuis plus de 35 ans, aurait accumulé environ 23 millions d’euros, selon une estimation prudente. Pourtant, le monde des courses est secoué par l’annonce de sa faillite, résultant d’un litige fiscal avec les autorités britanniques (HMRC), qui ont jugé illégale une manoeuvre d’évasion fiscale lui ayant permis d’économiser plusieurs millions.
Détenteur d’une résidence classée Grade II d’une valeur de 3,6 millions d’euros près de Newmarket et co-propriétaire d’une chaîne de restaurants avec Marco Pierre White, Dettori est un homme aux multiples activités. Pourtant, il semble avoir délégué la gestion de ses affaires fiscales à des conseillers, assurant être « attristé et embarrassé » mais rejetant la responsabilité directe sur d’autres.
Un stratagème fiscal dévoilé
Le mécanisme contesté consistait à effectuer de gros versements déductibles d’impôts sur cinq ans dans une fiducie qui, à son tour, reversait des montants exonérés d’impôts à Dettori. Ce dispositif, appelé « rémunération déguisée », a été déclaré « fictif » par les autorités fiscales britanniques.
Dan Neidle, fondateur de Tax Policy Associates, une organisation indépendante d’étude fiscale, dénonce cette stratégie : « Il a signé des documents affirmant qu’il devait beaucoup moins d’impôts, alors que rien n’avait réellement changé. L’idée que ces paiements à la fiducie soient déductibles est tout simplement ridicule. »
Un passé lié à des figures controversées
Frankie Dettori s’est toujours inspiré de Lester Piggott, une légende du turf qui fut incarcéré dans les années 1980 pour ne pas avoir déclaré plus de 2,8 millions d’euros à HMRC. Il raconte dans son autobiographie avec satisfaction comment un ami, Barney Curley, a évité l’administration fiscale en vendant sa maison par tirage au sort.
Cependant, le conseiller fiscal choisi pour orchestrer ses arrangements s’avère être Paul Baxendale-Walker, un ancien avocat radié en 2007 pour promouvoir de telles fraudes. Désormais déclaré en faillite depuis 2018, Baxendale-Walker cumule les controverses, de la gestion douteuse de clients célèbres aux activités dans l’industrie pornographique.
Une carrière encore active malgré les difficultés
Si Dettori a récemment participé à l’émission « I’m a Celebrity » sur ITV, il a abandonné après seulement 12 jours, loin des 25 jours nécessaires pour toucher l’intégralité de la récompense financière convenue. Le jockey, autrefois au sommet de sa carrière, gagnerait potentiellement jusqu’à 6,3 millions d’euros en remportant la course phare à Dubaï ce samedi avec le cheval outsider Mixto.
Malgré sa faillite, Dettori pourrait faire un retour attendu au Royal Ascot en juin, preuve que son aura dans le monde hippique reste intacte. Néanmoins, sa situation financière soulève un paradoxe : alors que l’État britannique réclame rigoureusement l’impôt aux citoyens, il ne pourra pas récupérer la totalité de l’argent que Dettori a évité de verser.

Un avertissement pour les sportifs face aux risques fiscaux
Simon Andrews, expert en gestion financière pour sportifs de haut niveau, rappelle que les athlètes sont particulièrement ciblés par les autorités fiscales en raison de leur méconnaissance des règles et du manque de conseils avisés autour d’eux. Cette affaire est un signal fort pour qu’ils prennent plus au sérieux la gestion de leurs finances.









