La défaite 3-0 de Manchester United face à Chelsea en finale de la Women’s FA Cup a été suivie de nombreuses interrogations, notamment sur l’absence remarquée de Sir Jim Ratcliffe, copropriétaire minoritaire du club, à Wembley.
Absence de Ratcliffe et réactions à Manchester United
Lors de la conférence de presse d’après-match, l’absence de Sir Jim Ratcliffe a rapidement dominé les questions des journalistes. Le responsable médias de Manchester United a dû interrompre la séance après trois questions à ce sujet, précisant qu’ils souhaitaient se concentrer sur la rencontre elle-même.
Ratcliffe, qui avait assisté à la défaite des hommes de United contre Chelsea à Stamford Bridge deux jours plus tôt, était conspicu absent lors de cette finale féminine. En revanche, la copropriétaire Avie Glazer, le directeur général Omar Berrada, le directeur technique Jason Wilcox ainsi que l’ancien directeur général David Gill étaient présents dans les tribunes.
Cette absence a été d’autant plus remarquée que d’autres figures du football féminin, comme Serena Williams, étaient présentes à Wembley. L’époux de la star du tennis, Alexis Ohanian, avait quant à lui investi environ 24 millions d’euros dans l’équipe féminine de Chelsea, renforçant ainsi la visibilité et le soutien du club londonien.
Des explications manquantes mais un focus sur l’investissement
Marc Skinner, l’entraîneur de Manchester United, a reconnu ne pas savoir pourquoi Ratcliffe n’était pas présent. Il a souligné que le club était toutefois bien représenté par les responsables présents et que son attention devait rester sur le travail à accomplir pour améliorer l’équipe.
Il a aussi noté une certaine frustration face à l’attention disproportionnée portée à Ratcliffe, alors que d’autres clubs de Premier League ne voient pas leurs propriétaires critiqués pour leur présence à des matchs féminins. S’adressant implicitement au club concurrent Chelsea, Skinner a dit : « Voyons combien de fois ils prennent l’avion cette saison pour venir. »
Selon lui, l’important est davantage l’investissement que la simple visibilité. « L’investissement est une manière de montrer son soutien », a-t-il expliqué, appelant à réduire l’écart financier entre les clubs.
Ambitions et défis pour le développement du football féminin à Manchester United
Manchester United fait face à des défis complexes : tout en voulant rattraper les clubs mieux financés, il leur faut composer avec des critiques passées, notamment après les départs de la gardienne anglaise Mary Earps et de l’attaquante Nikita Parris, mais aussi les infrastructures d’entraînement jugées insuffisantes.
Le club investit des centaines de millions d’euros dans une rénovation majeure de ses installations qui devrait s’achever en août, un projet destiné à renforcer tant l’équipe masculine que féminine. Skinner insiste sur la nécessité de « trouver des diamants » pour améliorer l’équipe, évoquant le recrutement comme un élément clé du projet, malgré les difficultés rencontrées du côté des hommes.
Phallon Tullis-Joyce, gardienne remplaçante promue titulaire après le départ d’Earps, a été remarquable lors de la finale, offrant plusieurs arrêts décisifs face à Chelsea.
Un écart financier persistant et des ambitions européennes
Malgré l’enthousiasme autour du club, la course au sommet du football féminin en Angleterre reste ardue. Le chemin vers la phase de groupes de la Ligue des Champions est complexe, avec un parcours qualificatif incluant des équipes prestigieuses comme l’Inter Milan, l’AS Rome, ainsi que le BK Häcken, récent quart de finaliste de la compétition.
Après cette phase, des confrontations possibles à haut risque face à des clubs tels que le Paris FC, le Real Madrid ou le Sporting Lisbonne attendent Manchester United.
Si le club féminin n’a qu’une histoire récente, seulement sept ans, il a su fédérer une importante communauté de supporters, notamment avec près de 75 000 spectateurs au match à Wembley, et une moyenne d’environ 4 500 personnes à leurs matchs à Leigh Sports Village.
Multiplication des sources de revenus et perspectives
Dans un contexte où l’équipe masculine de Manchester United entreprend des tournées lucratives en Asie, l’équipe féminine participera lui aussi à des compétitions afin d’accroître ses ressources financières, comme le tournoi controversé World Sevens au Portugal ce mois-ci.
La question de l’investissement reste primordiale pour progresser et rivaliser avec des clubs qui multiplient les moyens, mais la visibilité et l’implication des propriétaires, notamment de Sir Jim Ratcliffe, demeurent un sujet sensible.
Comme l’a rappelé Sonia Bompastor, ancienne internationale française et actuelle entraîneure de Chelsea, la présence de la direction aux matchs est un véritable encouragement pour les joueuses et témoigne d’un soutien global essentiel.
Malgré une performance courageuse à Wembley, les Red Devils féminines doivent encore franchir bien des obstacles. Et au cœur de cette dynamique complexe, la question de l’engagement de Ratcliffe reste centrale.
Avie Glazer, copropriétaire, aux côtés du directeur général Omar Berrada à Wembley.
Sir Jim Ratcliffe à Londres, deux jours avant la finale féminine, présent pour le match masculin à Stamford Bridge.










