Elye Wahi se livre: libéré et concentré sur le football

Elye Wahi se livre: libéré et concentré sur le football

Elye Wahi, ex-espoir de Montpellier, se confie à Francfort sur son parcours, les polémiques passées et sa volonté de se reconcentrer sur le football.

France

Elye Wahi s’est exprimé à Francfort, fin août, en s’autorisant une confidence sans filtre: il se sent libéré et ne pense plus qu’au football, persuadé qu’il n’y a plus de vautours autour de lui.

Longtemps considéré comme une énigme à Montpellier, l’ancien espoir des Espoirs est passé d’un premier rôle timide à une révélation qui a fait parler, y compris par sa réticence à accorder des entretiens dans le passé. On avait l’impression d’un garçon qui craignait la lumière médiatique et les caméras, et le club cherchait à le protéger d’un trop-plein d’attention. Après tout, il venait d’avoir 18 ans et son chemin restait encore à écrire.

Elye Wahi dans le quartier résidentiel de Francfort
Elye Wahi dans le quartier de l’Europaviertel à Francfort, où il réside.

À Montpellier, son ascension avait été marquée: 3 premiers buts en Ligue 1 à l’hiver 2021, suivis de 10 en 2021-2022 et surtout 19 la saison suivante, avec un quadruplé en 15 minutes lors d’un revers contre Lyon. L’étiquette était celle d’un diamant à polir, sans cesse comparé à des trajectoires stellaires et mêlant parfois des engagements extraclub à des polémiques autour d’un imbroglio contractuel impliquant le FC Montfermeil et Southampton, avant de s’imposer au MHSC.

Sur le terrain, le jeune talent a souvent émergé malgré des doutes sur son caractère et son entourage. Son entraîneur à l’époque racontait une sensibilité et une fragilité qui ne passaient pas inaperçues, même si le joueur préférait se concentrer sur le travail et l’évolution personnelle plutôt que sur les étiquettes qu’on pouvait lui coller.

Elye Wahi et Fares Chaibi après la qualification de l’Eintracht pour la C1 2025-2026
Elye Wahi, entouré de ses partenaires, après une qualification clé.

Ce parcours a pris une tournure particulière après une période sombre hors du terrain et des polémiques récurrentes sur son image et son entourage. La réalité, loin des rumeurs, demeure que Wahi a toujours expliqué avoir subi des incompréhensions et des regards qui pesaient sur lui. Il a défendu son point de vue et insisté sur le fait que certains événements ont été déformés ou interprétés sans contexte suffisant, et il a cherché à reprendre sa trajectoire sans détour.

Le tournant est venu avec son arrivée chez les pros et les choix qui ont suivi. Après un passage en Côte d’Ivoire et des années formatrices en Île-de-France, il a finalement choisi Montpellier pour y signer son premier vrai cadre professionnel, au moment où la direction du centre de formation préparait le terrain pour son développement. Le moment clé fut celui où il se retrouva face à un contrat à signer, entouré par ceux qui avaient choisi de croire en lui: « Tout le monde me regardait. Et je signe », confia-t-il à l’époque, désormais paraphrasant son destin plus que ses doutes.

Dans le cadre des affaires juridiques qui entourent son parcours, le FC Montfermeil avait fait valoir une licence au nom du jeune joueur et avait noué des contacts avec Southampton pour en faire un club‑suppléant. La commission juridique de la Ligue a finalement constaté que l’accord impliqué manquait de fondement réglementaire et qu’il avait été négocié sans le consentement légal du représentant du joueur. Cet épisode, qui a aussi impliqué Nouari Khiari, a alimenté les controverses entourant son entourage et ses choix précoces, avant que Wahi ne se tournait résolument vers Montpellier pour tourner la page.

À cette époque, l’entourage du jeune attaquant était parfois décrété comme toxique par des proches, et les épisodes hors des terrains ont entretenu un flou qui a pesé sur sa réputation. Wahi a toujours contredit les accusations et rappelé qu’il n’avait jamais été du genre à chercher les problèmes. « Si j’avais réellement agressé ou violé, le club qui m’a licencié aurait pris des mesures, et ce ne serait pas logique », répète-t-il pour rappeler que la réalité est plus complexe que les versions qui circulaient.

Après Caen, son passage par Paris n’a pas abouti comme prévu et c’est Montpellier qui a fini par l’intégrer, dans des conditions qui ont suscité des analyses et des débats autour de la gestion des jeunes talents. L’instant crucial fut connu lorsque le contrat fut signé, parfois perçu comme une acceptation aveugle mais interprété par l’intéressé comme une étape nécessaire vers l’autonomie et la construction d’un cadre de vie plus stable.

Sur le plan humain, Wahi a aussi grandi dans l’écoute de sa famille et dans la consolidation d’un entourage de confiance. Son père, absent depuis l’enfance, n’a jamais été au cœur de ses choix, mais sa mère a toujours été présente, investissant pour que ses enfants ne manquent de rien. L’été 2023 a été celui d’un déclic: un passage en Europe du Nord et la prise de conscience que l’éthique et la discipline étaient des éléments-clés pour s’épanouir dans le haut niveau.

Le déclic s’est encore renforcé lorsque Lens a misé sur lui à l’été 2023, pour 30 millions d’euros, afin de faire de lui le relais d’Openda. Sous Franck Haise, le regard sur son jeu s’est transformé: la régularité et l’effort, longtemps remis en cause, ont été remis sur le devant de la scène. Le message était clair: il fallait plus d’implication, moins de demi-teintes, et une capacité à progresser dans un cadre exigeant et structuré.

À Francfort, l’attaquant est désormais entouré autrement — et l’autonomie a pris tout son sens: il vit seul et peut compter sur un stylistе personnel pour affirmer une identité claire et mature. La rigueur allemande est vue comme un cadre stimulant plutôt qu’un obstacle, et ses proches notent une vision plus mature, plus mesurée, propice à une progression durable.

Sa prise de responsabilité s’est manifestée sur le terrain avec un premier but officiel le 17 août, lors d’un match de Coupe, et une adaptation lente mais réelle à la culture, à la langue et aux exigences du club. Ce début de saison est vécu comme une période-charnière, et Wahi le décrit comme une étape nécessaire pour rebondir. Il confie qu’il s’est imposé une philosophie simple: « Step by step. »

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