La Coupe du monde de rugby 2023, bien qu’ayant rencontré un succès retentissant sur le plan sportif et populaire, fait face à plusieurs critiques au niveau de son organisation. Un rapport publié par la Cour des comptes le 8 avril met en lumière de nombreux dysfonctionnements et une gestion financière jugée défaillante, remettant en question la gouvernance de cet événement majeur en France.
Un bilan financier lourd pour le comité d’organisation
Le rapport de la Cour des comptes dénonce des « dysfonctionnements » dans l’organisation et met en avant des engagements financiers mal maîtrisés vis-à-vis de World Rugby. La fédération internationale, propriétaire de la compétition, a enregistré en 2023 un bénéfice historique proche de 500 millions d’euros. En revanche, le groupement d’intérêt économique (GIE) chargé de l’organisation en France affiche un déficit de 35 millions d’euros, très loin de l’objectif initial annoncé de 68 millions d’euros de résultat.
Cette situation financière critique s’explique notamment par des « engagements excessifs » ayant pesé durablement sur l’organisation. La Cour déplore un soutien de l’État à la candidature française accordé sans examen préalable approfondi de la cohérence et de la soutenabilité budgétaire.
Des manquements dans la gouvernance et la transparence
Les magistrats pointent du doigt les failles structurelles dans la gestion du dossier de candidature, notamment en ce qui concerne la gouvernance du comité d’organisation France 2023. Les décisions stratégiques majeures auraient été prises de manière opaque, sans études préalables suffisantes. Ces choix contestés ont contribué aux pertes substantielles enregistrées par l’organisation.
Claude Atcher, directeur général du comité d’organisation jusqu’à sa révocation en octobre 2022, est critiqué pour sa gestion, qualifiée de peu transparente. Les comités d’audit et d’éthique, mis en place, dépendaient souvent d’informations superficielles fournies par la direction générale, limitant leur efficacité.
Le rôle et la responsabilité de l’État
Le rapport met également en cause la responsabilité de l’État, considéré comme n’ayant « ni pu, ni su, ni voulu assurer le contrôle nécessaire » sur les décisions prises dans le cadre de l’organisation. Une convention signée par le Premier ministre de l’époque a accordé à Claude Atcher une délégation de pouvoirs disproportionnée, limitant la supervision gouvernementale directe.
Selon la Cour des comptes, malgré un manque de transparence de la part du directeur général, « l’aveuglement de l’État » face à ces dysfonctionnements ne peut être excusé. L’absence de contrôle rigoureux et d’examens budgétaires approfondis a ainsi contribué à la dérive financière de cette Coupe du monde, malgré son succès populaire incontestable.











