« Un chaudron ne se dissout pas. » Ce cri de ralliement a résonné samedi 29 mars à Saint-Étienne, où plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés place Jean-Jaurès, avant la rencontre de Ligue 1 opposant les Verts au Paris Saint-Germain. Leur protestation cible la volonté du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de dissoudre les deux groupes ultras majeurs de la ville : Magic Fans et Green Angels.
Des groupes ultras historiques sous la menace
Fondés respectivement en 1991 et 1992, Magic Fans et Green Angels figurent parmi les cinq collectifs ultramarins visés par les décisions gouvernementales. Toutefois, ils sont les seuls convoqués devant la nouvelle Commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives, prévue le mardi 1er avril.
Accusés par le ministère de l’Intérieur de violences, sans que des faits précis soient communiqués, ces groupes locaux bénéficient d’un fort soutien populaire. Ils représentent, aux yeux des défenseurs, l’âme passionnée et historique du stade Geoffroy-Guichard, surnommé « le chaudron ».
Un traitement inégal et une sélection contestée
La mesure prise par les autorités soulève des interrogations, car d’autres groupes ultras reconnus pour leurs débordements ne sont pas concernés. Par exemple :
- La Brigade Loire du FC Nantes,
- Le groupuscule Légion X du Paris FC,
- Les Offenders du RC Strasbourg, affiliés à l’extrême droite identitaire.
En revanche, des collectifs lyonnais comme les Bad Gones, Mezza Lyon ou Lyon 1950, également impliqués dans des incidents récents, ne font pas l’objet de menaces similaires. Cette sélection arbitraire accentue les controverses autour de la dissolution.
Entre politique et répression : la tradition de la Place Beauvau
Cette volonté de sanctionner principalement certains groupes ultra s’inscrit dans un contexte plus large de durcissement sécuritaire et de course à la présidentielle au sein du parti Les Républicains.
Les dissolutions répétées ont montré leur faible efficacité pour réduire les violences liées aux supporters, souvent le fait d’une minorité extrême. Pourtant, pour Bruno Retailleau, cet axe répressif représente une opportunité politique clé.
Le député Sacha Houlié (Vienne), coauteur en 2020 d’un rapport critique sur le supportérisme, a rappelé la routine de ces mesures : « Stigmatiser les supporters de football pour se faire une notoriété, c’est une grande tradition des ministres de l’intérieur. »









