L’été hésite entre une fin en août ou une prolongation jusqu’en octobre, et le contexte politique et social, plus explosif que jamais, ne facilite pas les choses. Dans ce climat, Didier Deschamps dispose d’un levier d’action limité, et les nuages qui s’accumulent sur Clairefontaine prennent du poids à chaque avancée de la saison. Depuis l’incident qui a laissé retardés Désiré Doué et Ousmane Dembélé, le sélectionneur doit composer avec la colère du Paris Saint‑Germain, qui reproche au staff de l’équipe de France d’avoir ignoré certaines recommandations relatives à l’état physique des joueurs.
« Le PSG n’est pas notre adversaire, ça ne l’a jamais été. Les clubs ne l’ont jamais été, même si on a des intérêts divergents, et c’est normal », a réaffirmé Deschamps. En conférence de presse, il a insisté sur le fait que, malgré les tensions, l’objectif reste commun: préserver les joueurs tout en préparant les Bleus. « On a fait les choses de façon très professionnelle, progressive, comme on le fait pour tous les joueurs, en prenant en compte le ressenti des joueurs », a-t-il ajouté. Et d’ajouter, sans détour: « Notre seul adversaire, c’est l’Islande. »
Ménager les joueurs et le récit des clubs
Ce type de situation n’est pas nouvelle dans son mandat: Deschamps a déjà dû naviguer entre les exigences des clubs et les besoins de l’équipe de France. En 2018, il avait engagé des échanges discret avec Chelsea et Frank Lampard autour de N’Golo Kanté, tandis qu’en 2019, le Bayern Munich et Lucas Hernandez avaient aussi été au cœur des discussions. Les clubs ont leurs calendriers hyper chargés, leurs impératifs de résultats, et leurs propres problématiques, mais ils savent aussi que la sélection peut offrir à leurs joueurs une vitrine et un rayonnement précieux.
Pour Deschamps, l’enjeu demeure la cohérence du groupe. Même si la France n’est pas un club à part entière, il existe une logique collective qui exige une gestion fine et une relation de confiance entre le staff et les cadres. Convertir cette dynamique en une force, plutôt qu’en un point de fragilité, est devenu une de ses marques de fabrique depuis plus d’une décennie à la tête de l’équipe nationale.
Convoquer Ousmane Dembélé et Désiré Doué, tous deux apparus comme des prétendants au Ballon d’Or et au trophée Kopa après des saisons remarquables avec le PSG, relevait d’une démarche logique: réussir un bon départ dans ces qualifications pour la prochaine Coupe du Monde. Toutefois, les two joueurs ont été frappés par une intensité de saison qui dépasse largement le cadre habituel du football international. Cette cadence accrue est d’ailleurs au cœur des discussions liées à la charge de travail des internationaux, une problématique que le capitaine Kylian Mbappé avait déjà évoquée la semaine précédente.
Des gestes de gestion et de répartition des ressources humaines se jouent aussi sur les bords du terrain: l’attitude du PSG, qui peut sembler contradictoire, met en lumière la question de la surexploitation des joueurs. Et même si Deschamps est contraint aux arbitrages, il demeure le seul maître à bord et peut exploiter ces épisodes pour préserver l’unité du groupe et rappeler les principes qui guident son management.
Par ailleurs, les parcours individuels des joueurs hors du cadre France illustrent la complexité du suivi: Adrien Rabiot, après des épisodes sensibles à l’Olympique de Marseille et son transfert vers le Milan AC, n’a pas compromis sa place en sélection. Deschamps a laissé une marge de manœuvre, évoquant que chaque cas est unique et que la porte reste ouverte lorsque le joueur retrouve du temps de jeu et de la confiance.
Cette volonté de fidélité au groupe et de prudence dans les choix permet à Deschamps d’entretenir une « safe place » autour des Bleus. L’objectif est de bâtir une osmose collective durable, afin d’éviter à tout prix les blessures et les embrouilles avec les clubs et, surtout, de préparer sereinement les échéances qui suivront. Dans ce cadre, la perspective de finir premier de leur poule et d’éviter les barrages devient une stratégie concrète pour limiter les matchs à enjeu et préserver le capital physique et mental des joueurs avant la Coupe du Monde.
Après la victoire en Ukraine, une autre victoire face à l’Islande, programmée au Parc des Princes, mettrait les Bleus sur de bons rails et offrirait le temps nécessaire pour recoller les morceaux avec le PSG… ou pour avancer autrement selon les besoins du groupe. Le chapitre des relations entre la sélection et les clubs demeure ouvert, et son issue dépendra de la capacité de Deschamps à concilier les attentes des entraîneurs, la réalité du terrain et les objectifs à long terme de l’équipe de France.









