Des progrès mais encore des dérives : dopage et rugby sud-africain

Des progrès mais encore des dérives : dopage et rugby sud-africain

Le dopage persiste en Afrique du Sud: Erasmus convoque Ntlabakanye malgré un contrôle positif; le SAIDS et le laboratoire national font face à des défis tandis que les contrôles se réduisent.

Afrique du Sud

Il y a deux ans déjà, l’Afrique du Sud et son rugby se trouvaient confrontés à une affaire de dopage qui ressurgissait juste avant un duel important contre le XV de France, prévu ce samedi à 21h10. En 2023, à l’approche du quart de finale de la Coupe du monde entre les deux équipes, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a mis en lumière l’insuffisance du cadre légal sud-africain par rapport au code mondial antidopage. Cette semaine, la convocation d’Asenathi Ntlabakanye dans le groupe des Springboks, malgré un contrôle positif en juillet et la présence d’une substance spécifiée, a relancé les débats.

Rassie Erasmus a tenté d’apaiser le débat: « C’est dur, pour quelqu’un qui n’a pas encore été reconnu coupable et sur lequel il y a encore une enquête. Il n’est pas suspendu et on nous dit qu’il peut jouer. Mais si les gens veulent en faire toute une histoire… » Cette déclaration s’inscrit dans le contexte où, ces dernières années, quatre internationaux ont été pris par la patrouille antidopage: Elton Jantjies (champion du monde en 2019), Aphiwe Dyantyi, Chiliboy Ralepelle et Ntlabakanye.

Le sujet a également été relayé par Clinton Van der Berg, ancien journaliste et auteur du livre Guns and Needles: A Journey into the Heart of South African Sport’s Steroid and Drug Culture (non traduit en français). Selon lui, le dopage dans le rugby sud-africain remonte aux années 1980 et a culminé dans les années 1990, notamment autour des stéroïdes.

Asenathi Ntlabakanye contrôlé positif à une substance spécifiée
Asenathi Ntlabakanye a été contrôlé positif à une substance spécifiée.

Le seul laboratoire national a perdu son accréditation. « L’Afrique du Sud a été exclue du sport mondial à cause de l’Apartheid, mais en s’y rouvrant lentement à ce moment-là, elle a adopté les habitudes du reste du monde, dont le dopage », rappelle l’auteur. « Ces dernières années, la Fédération sud-africaine (SARU) et le SAIDS ont réellement pris des mesures contre le phénomène. Il y a eu de la sensibilisation et de l’éducation. »

Les rapports d’activité du SAIDS montrent que le rugby est le troisième sport le plus contrôlé en Afrique du Sud, après l’athlétisme et le cyclisme. En 2022-2023, environ 400 tests étaient réalisés chaque année sur les rugbymen; mais ce chiffre est tombé à 166 en 2024-2025, en raison notamment du coût d’envoi des échantillons à l’étranger, à Doha et Gand. Selon Khalid Galant, du SAIDS, c’est un souci majeur pour la lutte antidopage en Afrique du Sud: le seul laboratoire national a perdu son accréditation auprès de l’AMA.

Mais le nombre de cas positifs chez les rugbymen en Afrique du Sud n’atteint pas des sommets: 8 en 2022-2023, 4 en 2023-2024, 2 en 2024-2025. Le taux de cas positifs dépasse régulièrement les 1 %. Pour comparaison, la France a connu moins de 1 % en 2024 (18 cas positifs pour 2 608 tests dans le rugby tricolore).

Dans les rapports du SAIDS, l’expression « Personne protégée » apparaît parfois. Elle suggère qu’il s’agit d’un sportif mineur, ce qui illustre un second enjeu du dopage dans le rugby sud-africain. Le rugby des lycées a été particulièrement touché à partir des années 2000 et 2010, avec de nombreux tests positifs. Sous cette pression, les compléments alimentaires ont aussi été à l’origine de cas positifs.

Les pros, eux, font l’objet d’un contrôle renforcé. La SAIDS effectue des dépistages lors des rassemblements des Springboks et les rugbymen restent soumis aux mêmes standards que le circuit international. Les cas se font plus rares et les responsables se disent surpris à chaque nouvelle révélation; la vigilance demeure néanmoins active pour l’ensemble du rugby sud-africain.

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