Des joueuses d’un âge avancé sous les projecteurs en Afrique du Sud
Au cœur de l’Afrique du Sud, à Tzaneen, une scène insolite se déroule sur un terrain de football : les joueuses de l’équipe des New England Breakers, surnommées « les Concasseuses de la Nouvelle-Angleterre », s’apprêtent à disputer un moment décisif. Debout, bras dessus bras dessous, elles sautillent nerveusement, sous une pluie fine, devant une foule enthousiaste. La journée du 5 avril 2025 marque la quatrième journée d’un tournoi international peu commun, où des centaines de spectateurs vibrent au rythme des encouragements, des vuvuzelas et des cris de joie. La tension est palpable alors que l’on assiste à un ultime tir au but en finale, après un match nul 0-0, entre les américaines, tenantes du titre, et l’équipe française Les Z’amies Foot.
Une compétition hors normes réunissant des athlètes hors du commun
Ce qui peut sembler invraisemblable pour certains, est une réalité pour ces joueuses venues de divers horizons. Quatre jours plus tôt, 19 équipes représentant sept pays différents avaient convergé vers Tzaneen pour participer à ce tournoi singulier. Aujourd’hui, seules deux formations restent en lice, illustrant la défiance et la camaraderie qui animent cette compétition atypique. Contrairement aux grands rendez-vous du football féminin, ici, il ne s’agit pas d’un simple championnat, mais du Grannies International Football Tournament, ou « le Mondial de football des mamies ».
Une équipe de légendes, bien plus qu’un simple match
Les joueuses américaines, qui ont foulé la pelouse avec une ferveur digne des plus grands stades, sont traitées comme de véritables professionnelles. Lorsqu’elles entrent en scène, l’hymne de la FIFA retentit, même si cette organisation n’est pas l’organisatrice officielle de l’événement, et un drapeau américain flotte fièrement dans le ciel sud-africain. Les tribunes sont bondées, témoignant de l’engouement local et international. La commentatrice n’hésite pas à qualifier Pam Woodworth, la star de l’équipe, de « Messi des États-Unis », alors qu’elle élimine ses adversaires avec des dribbles virevoltants.
Une athlète exceptionnelle à 72 ans
Ce qui impressionne encore davantage, c’est l’âge de ces joueuses. Pam Woodworth, coiffée d’une queue-de-cheval d’un blanc éclatant, originaire de Newton, désormais installée à New York, a 72 ans. La majorité des joueuses de l’équipe a plus de 70 ans, et aucune n’a moins de 50 ans. Il ne s’agit pas d’un simple tournoi de football féminin, mais du « tournoi international de football pour mamies », un événement qui célèbre la vitalité et la passion des femmes âgées.
Des liens d’amitié au-delà des rivalités
Face à l’adversaire française, la joueuse se prépare à tirer un penalty, tandis que Chris Matson, une gardienne de 68 ans originaire de Belmont, se tient prête dans ses buts. La rencontre, après un long voyage depuis Boston, symbolise aussi l’amitié qui unit ces équipes. Arrivées d’Amérique, elles ont passé des heures en bus, traversant des orangeraies et croisant des babouins, découvrant ou redécouvrant l’Afrique du Sud. Bien qu’elles soient officiellement rivales, ces équipes partagent une histoire commune, forgée par des années de rencontres amicales, de défis et de solidarité.
Une initiative née pour lutter contre le vieillissement et l’isolement
Ce tournoi est l’œuvre de Rebecca Ntsanwisi, une animatrice radio de Tzaneen, qui, à 57 ans, a fondé dans les années 2000 une équipe de « mamies » appelée les « Soccer Grannies ». Son objectif : lutter contre le stress, la mauvaise santé et l’isolement des femmes âgées de sa communauté, souvent responsables de l’éducation de leurs petits-enfants orphelins ou de leur garde. Inspirée par l’engouement suscité par la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud, Rebecca a encouragé de nombreuses femmes à renouer avec le football, transformant cette passion en un véritable mouvement social et sportif.









