Khvicha Kvaratskhelia a su bouleverser une vieille tradition parisienne : celle des contre-performances du PSG au Parc des Princes lors des soirées de célébration, où le public semblait souvent plus intéressé par le spectacle d’après-match que par les 90 minutes de jeu. En seulement deux gestes décisifs contre l’AJ Auxerre, le Géorgien a conduit le Paris Saint-Germain à la victoire, signant par la même occasion son premier doublé sous les couleurs parisiennes.
« C’est un joueur qu’on aimait déjà beaucoup la saison dernière », confiait Luis Enrique peu après la rencontre, soulignant que l’intérêt pour Kvaratskhelia ne date pas d’hier et que plusieurs tentatives pour le recruter avaient été initiées bien avant janvier 2025. « Il a eu l’intelligence de s’adapter à tout ce que nous demandons en attaque et en défense. Nos attaquants sont parmi ceux qui gagnent le plus de duels défensifs. »
Au-delà de ses six buts inscrits avec élégance en rouge et bleu, c’est la polyvalence et la richesse de ses qualités qui impressionnent dans cette équipe parisienne, candidate sérieuse au doublé Ligue 1 – Serie A.
Le soldat rouge et bleu
Lors des demi-finales de Ligue des champions contre Arsenal, Kvaratskhelia s’est surtout distingué par son engagement défensif, aussi bien à l’aller qu’au retour. En plus de délivrer un centre décisif pour Ousmane Dembélé à Londres, il a grandement aidé Nuno Mendes à contenir Bukayo Saka, évitant ainsi de nombreuses situations dangereuses pour son équipe.
« Je le reconnais justement dans cette capacité à travailler en permanence, son niveau de sacrifice et sa volonté d’être impliqué à chaque instant », admire Andrés Carrasco, l’homme qui l’a découvert alors qu’il entraînait au sein de l’académie du Dinamo Tbilissi. « Il rend les autres meilleurs parce qu’il est prêt à se sacrifier pour eux. Quand il combine avec ses coéquipiers, c’est un multiplicateur. »
Plus d’une décennie plus tard, le Catalan n’est pas surpris de voir son ancien protégé enchaîner les replis défensifs avec autant d’ardeur. « Dans la concentration, la constance, il est remarquable. Sans oublier qu’il peut déborder et créer des différences, sans être individualiste. »
Ces qualités auraient même tenté le coach ukrainien du Shakhtar Donetsk, qui souhaitait intégrer Kvaratskhelia dans son équipe U19, sans succès. Ce sont précisément ces atouts qui expliquent pourquoi Luis Enrique a tant désiré le voir rejoindre le PSG. « Le fait que Luis Enrique l’ait voulu, c’est le plus important. Cela donne beaucoup de confiance de savoir que ton entraîneur veut que tu sois là et favorise ton adaptation. D’autant qu’il a les qualités requises pour remplir toutes les tâches demandées sur ce côté gauche à Paris. »
« Il rend les autres meilleurs parce qu’il est prêt à se sacrifier pour eux. Quand il combine avec ses coéquipiers, c’est un multiplicateur. »
Andrés Carrasco
En quelques mois, l’ancien Napolitain a semblé offrir à chaque rencontre exactement ce dont son équipe avait besoin : un travail défensif colossal face aux Gunners, un coup de génie pour prendre l’avantage contre Aston Villa, et quelques dribbles déroutants selon les circonstances. Carrasco se souvient de ses débuts : « La grande surprise a été ce qu’il a fait à Naples. Au début de l’adolescence, ses qualités techniques étaient encore peu développées, ce qui le faisait souvent reculer. Quand il jouait en Russie, on savait qu’il pouvait faire de bonnes choses, mais c’est en Italie qu’il a atteint un tel niveau. À Paris, son évolution était attendue, surtout avec un entraîneur aussi structuré et méticuleux que Luis Enrique. »
La dernière pièce du puzzle
Depuis son arrivée à Paris à l’été 2023, Luis Enrique a patiemment construit une équipe à son image, avec des principes de jeu clairs, tout en ciblant soigneusement ses renforts à chaque mercato. « Kvara est une recrue de Luis Enrique. Il a choisi un profil assez rare, celui d’un ailier-buteur. Un joueur capable de faire l’essuie-glace sur la ligne de touche, mais aussi de venir gratter l’axe quand le jeu le demande », analyse Vincent Guérin, qui suit toujours de près l’actualité du PSG.
La polyvalence du Géorgien dans le trio offensif parisien est un atout majeur. « Tout le monde est ailier, tout le monde est 9. Avec Kvara, on retrouve ces deux fonctions en un seul joueur. À Naples, il a souvent été attaquant de soutien derrière Osimhen, ce qui lui a permis d’améliorer son jeu devant le but, et pas seulement de compter sur sa vitesse sur l’aile. »
« Il a un profil rare d’ailier-buteur. À Naples, il a souvent été attaquant de soutien derrière Osimhen, ce qui lui a permis d’améliorer son jeu devant le but. »
Vincent Guérin
Arrivé pour environ 70 millions d’euros, Kvaratskhelia répond parfaitement aux besoins offensifs du PSG, qui avait souffert d’un manque de tranchant en première partie de saison. Sa présence a aussi stimulé la concurrence, notamment avec Bradley Barcola et Désiré Doué, qui ont connu des périodes plus difficiles.
« On le laisse très libre, comme Barcola qui peut jouer au centre, à droite et à gauche », savourait Luis Enrique lors de la conférence de presse suivant la première grande performance de Kvaratskhelia contre Monaco début février. « On s’adapte au match et à l’état des joueurs, on cherche la polyvalence… Kvara peut jouer partout. » Cette liberté explique en partie la rapidité de son adaptation. « Il est arrivé avec quasiment les mêmes consignes qu’à Naples. On ne l’a pas mis dans un système inédit, ce qui aurait retardé son acclimatation. »
Depuis Tbilissi, Andrés Carrasco mesure l’engouement autour de son protégé, qui s’apprête à disputer une finale de Ligue des champions. « Il était peut-être la pièce manquante, il complète très bien l’équipe, qui est presque une machine parfaite. C’est un luxe de pouvoir le voir jouer. Mais dans les matchs de très haut niveau, on voit qu’il y a eu une évolution depuis l’arrivée de Luis Enrique, et c’est avant tout grâce au travail collectif, plus que l’impact d’un seul joueur. C’est l’évolution globale d’une équipe qui a insisté sur ses idées. »
À présent, il reste à savoir quelles seront précisément les exigences du PSG pour affronter l’Inter, mais nul doute que le joueur venu du Caucase sera prêt à se mettre en quatre pour son équipe.










