La soirée de vendredi a été marquée par un moment fort pour les supporters du Crystal Palace, notamment les Holmesdale Fanatics, le groupe ultra du club. Ils ont partagé sur leur compte X une photo unique les montrant devant un Wembley vide, prêts à déployer un tifo pour la finale de la FA Cup contre Manchester City. Ce tifo, fruit d’une collecte de 45 000 euros réunis par les fans, allait toucher profondément tous les spectateurs présents.
Un tifo chargé d’émotions
Le lendemain, juste avant le coup d’envoi, le mystère autour du tifo a été levé. Lorsque la fumée rouge et bleue s’est dissipée, une image saisissante est apparue : un homme, en larmes de joie, serrant ses deux fils dans ses bras. Ce visuel était accompagné de la banderole affichant le message « Wembley va trembler. Et ce sera magnifique ». Ce tifo rendait hommage au lien unique entre père et fils, symbolisant la passion de soutenir son club.
Ce moment puisait son inspiration dans une image capturée en 2011, après un but spectaculaire de Darren Ambrose contre Manchester United en Coupe de la Ligue. On y voyait Mark Wealleans célébrer avec ses fils Dominic et Nathan. Décédé d’un cancer en 2017, Mark est ainsi honoré à travers ce souvenir qui résonne encore chez ses enfants.
Dominic Wealleans a confié à The Athletic : « Je ne m’attendais pas du tout à ça, j’ai fondu en larmes. Mon père disait toujours qu’il ne verrait jamais Palace soulever un trophée, mais que ses fils y assisteraient. Ce samedi, c’était comme s’il était avec nous à Wembley. »
Les préparatifs autour de la finale
Bien que ce match soit sans doute le plus important depuis la finale de 2016, l’entraîneur Oliver Glasner a tout fait pour garder une routine normale. Après la victoire 2-0 contre Tottenham le jeudi, ses joueurs ont enchaîné une séance légère, puis une plus intense pour ceux n’ayant pas joué.
Le vendredi, Glasner et le capitaine Marc Guehi ont tenu une conférence de presse au centre d’entraînement de Beckenham. Une anecdote révèle l’importance des superstitions : Glasner, habitué à déguster une pâtisserie après ses interviews, a paniqué en découvrant qu’il n’en restait plus. Finalement, il a pu s’en procurer une à la cantine du club.
L’équipe s’est ensuite installée au Landmark Hotel de Marylebone, répétant le schéma de la demi-finale contre Aston Villa. Pas de discours grandiloquents, mais un dévouement au travail et à la préparation habituelle, achevé par une promenade matinale dans Baker Street avant le départ vers Wembley.
Le président Steve Parish a opté pour une conduite en voiture avec chauffeur le jour du match, portant un costume arborant le blason du club et de nouvelles chaussures. Il n’a pas oublié ses fameuses boutons de manchette Stoke City, qu’il considère comme un porte-bonheur depuis 2015.
En plus de Parish, les copropriétaires John Textor, Josh Harris et David Blitzer étaient rassemblés dans la Royal Box, partageant ce moment unique avec l’ancien directeur sportif Dougie Freedman et plusieurs anciens entraîneurs du club. Gareth Southgate et même Frank de Boer figuraient parmi les invités, soulignant l’importance historique de cette finale.
Le match : un chef-d’œuvre tactique et collectif
Après avoir subi une lourde défaite 5-2 contre Manchester City en championnat, Oliver Glasner a confié à la presse avoir promis à Pep Guardiola qu’il trouverait une solution tactique. Pour cette finale, City alignait quatre attaquants, une stratégie qui a longtemps surpris Glasner.
Le Crystal Palace s’est montré discipliné, absorbant la pression malgré 88 % de possession adverse en début de partie. La récompense est venue dès la 16e minute : sur un contre rapide, Jean-Philippe Mateta a initié l’action en combinant avec Daichi Kamada avant de lancer Daniel Muñoz sur l’aile droite. Son centre précis a trouvé Eberechi Eze qui a ouvert le score, inscrivant un but décisif pour la victoire en FA Cup.
City a continué à dominer la possession, mais Palace a su les contenir en les poussant largement sur les flancs. Glasner a expliqué : « Nous avons appris de notre défaite 5-2 que laisser un peu d’espace à City leur permettrait de créer des occasions. Alors, nous avons été patients, attendant le bon moment pour contrer. »
Le gardien Dean Henderson a brillé en repoussant un penalty tiré par Marmoush à la 36e minute, un moment clé confirmé par une série de parades remarquables tout au long du match. Henderson a d’ailleurs eu un heureux pressentiment la veille, inspiré par son entraîneur des gardiens qui lui avait détaillé les tireurs potentiels de City.
Malgré quelques tensions, dont une altercation entre le staff palois et médical de City ainsi que des protestations sur une faute non sanctionnée sur Haaland, le Crystal Palace a tenu bon jusqu’au coup de sifflet final. Les chants des supporters résonnaient dans le stade : « Ole, ole, ole, Eagles, Eagles. »
Les célébrations et l’après-match
Après la remise du trophée, les joueurs ont partagé un moment convivial dans le vestiaire, dégustant bière et champagne. Kamada fut le premier à revêtir son costume. Glasner a rappelé à ses joueurs à quel point ils avaient travaillé pour cet instant exceptionnel. Joel Ward, qui quittera le club après treize ans, les a encouragés à viser encore plus haut.
Le président Parish, le manager Glasner et le copropriétaire Textor ont échangé des accolades, mettant de côté leurs différends pour célébrer cette réussite historique. Plusieurs joueurs ont rejoint leurs familles dans les travées, tandis que deux d’entre eux, Guehi et Wharton, ont dû passer des examens médicaux. Guehi, avec des yeux très gonflés, a tout de même reçu son trophée.
Le rassemblement s’est poursuivi à Wembley Boxpark, puis dans une boîte de nuit à Mayfair où les festivités se sont prolongées jusque tard dans la nuit, mêlant chants, danses et nostalgie avec d’anciens joueurs du club.
Le dimanche, l’entraînement a été annulé, mais la préparation pour le match suivant en Premier League contre Wolverhampton a repris dès le lundi. Glasner, malgré la victoire majeure, est resté concentré sur les objectifs à venir, refusant un jour de repos supplémentaire pour ses joueurs.
Ce succès n’est pas un hasard, mais le fruit d’un équilibre entre stratégie rigoureuse, solidarité et passion collective, entretenue par un groupe soudé et des supporters fidèles. Après des années de difficultés financières et d’échecs en finale, Crystal Palace a enfin décroché son premier grand trophée et obtenu sa qualification historique pour la Ligue Europa.
Wembley a bel et bien tremblé. Et ce fut magnifique.









