Clément Jolibois, recruté cet été par Rodez, s’impose progressivement dans la défense ruthénoise. À 28 ans, il découvre le haut niveau tardivement après avoir passé de longues années en amateur et cumulé un métier à côté du football.
Son parcours est loin d’être linéaire. Avant de signer à Rodez, il a travaillé comme vendeur automobile à Evreux puis a occupé des postes à l’usine Renault de Cléon, près d’Elbeuf, sa ville natale en Seine-Maritime. Des boulots alimentaires qui ont ponctué ses passages par Rouen (R1) en 2020, Evreux où il côtoyait le futur Ballon d’or Ousmane Dembélé, et Le Neubourg, où il a commencé à travailler en parallèle de sa pratique du football.
Pour progresser, Jolibois a quitté son poste de vendeur lorsqu’est apparue la possibilité de monter en National 3 avec Oissel à l’été 2020. « Les horaires ne collaient pas », raconte-t-il. « J’ai dû changer de travail pour finir assez tôt l’après-midi et m’entraîner le soir. » C’est alors qu’il a rejoint l’usine, où son rôle consistait à vérifier les carters-cylindres des moteurs Renault. « Je travaillais la nuit, je dormais toute la matinée jusqu’à midi et j’avais toute l’après-midi pour aller bosser en salle et avec l’équipe », précise-t-il.
Sa progression s’est ensuite accélérée: une saison à Oissel, puis Angoulême (2021-2022) et Créteil (2022-2024). Le défenseur a découvert le National la saison dernière sous les couleurs de Bourg-en-Bresse, s’imposant rapidement et attirant l’attention du club de Rodez. Didier Santini, l’entraîneur ruthénois, loue ses prestations: « Il jouait presque tous les matches dans la meilleure défense du championnat; il a de grosses qualités athlétiques, un gros mental, une soif d’apprendre et de l’humilité. »
Le parcours atypique du Normand a aussi été un argument pour convaincre le Raf de l’engager. Santini explique: « On voulait amener dans le vestiaire un joueur qui avait vécu une vraie vie. » Pour lui, ce récit peut servir d’exemple à ses partenaires: « ne vous plaignez pas quand ça ne va pas, quand vous ne jouez pas. » « Va voir Clément, demande-lui où il a travaillé et tu comprendras que tu as la belle vie », ajoute-t-il.
De son côté, Jolibois affirme que ce vécu l’a développé autant physiquement que mentalement: « Ce que j’ai vécu m’a aidé à mieux connaître mon corps et à progresser sur la nutrition. Aujourd’hui, tout cela a payé. » Depuis ses débuts sur le banc lors des deux premiers matches, il est devenu un titulaire régulier dans la défense ruthénoise, en remplacement de Loni Laurent. Le joueur se distingue par son sens du duel, ses qualités athlétiques et son jeu de tête. Santini conclut: « C’est une bonne pioche, on a trouvé une belle personne, avec un tempérament à l’image des Ruthénois, travailleurs et bosseurs. Il ne lâche jamais et ne se plaint jamais. »
« Je ne me fixe pas de limite », répète Jolibois, reflétant une trajectoire hors norme et l’envie de continuer à progresser.








