Royaume-Uni, France
Lorsque le nom de l’« Euro » est évoqué en compagnie de Chloe Kelly, il est difficile de ne pas voir ses yeux s’illuminer, ses mains trembler ou ses oreilles se remémorer le bruit assourdissant de Wembley le 31 juillet 2022. Ce jour-là, l’Angleterre célèbre un triomphe historique grâce à une victoire en prolongation contre l’Allemagne lors de la finale de l’Euro féminin. En inscrivant ce but décisif, Kelly, alors joueuse de Manchester City, offre aux Lionesses leur tout premier titre européen. Son exploit lui vaut rapidement le surnom de « Tap-in Queen », et elle se retrouve en une des journaux et tabloïds britanniques, submergée par une vague d’interviews et une explosion de ses abonnés sur les réseaux sociaux. Désormais sous le feu des projecteurs, elle doit confirmer son statut de star d’une sélection ambitieuse, prête à conquérir tous les trophées à venir.
Une période difficile après la gloire
Mais les trois années suivantes ne furent pas de tout repos pour Chloe Kelly. À Manchester City, elle a connu une descente aux enfers, passant d’une joueuse en vue à une « Bench Queen » — une expression qui désigne les indésirables dans un effectif — puis à une « Loft Queen », terme utilisé pour qualifier les joueuses marginalisées ou mises à l’écart. Pourtant, malgré cette période compliquée, Kelly a été rappelée en sélection par la coach Sarina Wiegman pour l’Euro, un retour inattendu après un début de saison difficile à City. Lors des premiers matchs de la saison 2024-2025, l’ailière ne parvient pas à convaincre Gareth Taylor, l’entraîneur mancunien, qui ne la titularise qu’une seule fois en Women’s Super League entre septembre et décembre.
Face à cette situation, Kelly décide de chercher une nouvelle opportunité lors du mercato d’hiver, six mois avant la fin de son contrat avec Manchester City. Cependant, le club anglais bloque son départ, craignant de renforcer un concurrent direct. Sur les réseaux sociaux, la joueuse publie un message pour dénoncer cette situation, affirmant que des membres du club propagent de fausses informations à son sujet pour dissuader d’éventuels acheteurs. Elle accuse également la direction mancunienne de dicter l’avenir des joueuses sans respecter leurs choix de carrière. La tension monte, et à quelques heures de la clôture du marché, Manchester City décide finalement de libérer Kelly, qui s’envole alors vers Arsenal, son club formateur, pour un prêt de six mois.
Une renaissance sur le terrain
« Avant de signer chez les Gunners, j’ai hésité à mettre ma carrière en pause », confie Chloe Kelly à la BBC, soulignant la complexité émotionnelle de cette décision. De retour à Londres, la joueuse de 27 ans retrouve rapidement le sourire. Elle explique : « Il n’y a pas un jour où je ne souris pas depuis que je suis arrivée au club. L’équipe et le staff m’ont redonné le plaisir de jouer, et je leur en serai toujours reconnaissante. »
Après une entrée en jeu lors du North London Derby contre Tottenham pour retrouver du rythme, Kelly gagne sa place en tant que titulaire, notamment aux côtés d’Alessia Russo, une autre joueuse clé de l’attaque des Gunners. Son apport est décisif en championnat comme en Ligue des champions, où elle brille en participant à l’élimination successive du Real Madrid, de l’Olympique Lyonnais et du FC Barcelone en finale, remportant ainsi la prestigieuse Ligue des champions pour la première fois en 18 ans.
Plus d’un mois après cette épopée européenne, Kelly s’engage définitivement avec Arsenal début juillet, une décision qui a suscité la réaction de Sarah Wiegman, la sélectionneuse anglaise, qui a déclaré : « Je suis très heureuse pour elle. Chloe est en grande forme, sur et en dehors du terrain. Elle peut désormais se concentrer pleinement sur la compétition. »
Une joueuse essentielle pour l’avenir
Malgré la concurrence avec des joueuses comme Lauren Hemp, Beth Mead ou Russo, Wiegman compte sur Kelly pour jouer un rôle de joker de luxe, notamment en sortie de banc. Ce rôle lui sied parfaitement, comme elle l’a démontré lors de la dernière finale de l’Euro, où elle a su faire la différence par sa puissance, son habileté en débordements et sa capacité à déclencher des frappes lourdes, comme lors de la Coupe du Monde où elle a inscrit un penalty à 111 km/h, une vitesse record dépassant même celle de tous les buts en Premier League cette saison-là.
À l’heure actuelle, Chloe Kelly poursuit son parcours vers la renaissance, prête à continuer à marquer le football féminin de son empreinte. Son histoire, entre déceptions et triomphes, illustre parfaitement la résilience et la passion qui animent les joueuses d’aujourd’hui, dans un contexte où le football féminin ne cesse de gagner en visibilité et en intensité.
