Centre d'entraînement de Musanze, berceau du cyclisme rwandais

Centre d’entraînement de Musanze, berceau du cyclisme rwandais

Au cœur des origines du premier Mondial de cyclisme en Afrique, le centre de Musanze, à deux heures de Kigali, a vu le jour il y a vingt ans au pied des volcans et du parc des gorilles.

Rwanda

À Musanze, ancienne Ruhengeri, l’histoire du cyclisme rwandais prend racine au pied des volcans et du parc des gorilles. Cette ville de montagne, peuplée d’environ 50 000 habitants, est connue pour ses températures nocturnes fraîches et son altitude d’environ 2 000 mètres. C’est dans ce cadre que s’est installé, il y a une vingtaine d’années, un centre dédié à la formation des jeunes coureurs.

À quelques kilomètres plus loin, sur une route qui s’élève vers les volcans, Jonathan Boyer, ancien équipier de Bernard Hinault et premier Américain au Tour de France en 1981, a porté ce projet après avoir découvert le Rwanda en 2006 en accompagnant un ami organisateur de courses de VTT. Il venait de purger une peine de neuf mois de prison pour pédophilie, après avoir plaidé coupable.

Le Rwanda avait subi douze ans plus tôt un génocide perpétré par les Hutu contre les Tutsi, provoquant la mort d’environ un million de personnes en trois mois. Boyer y a vu, dans ce pays en reconstruction, une occasion de donner du sens à sa vie en aidant au développement du cyclisme et en offrant une deuxième chance à des jeunes.

Le centre, monté avec la Ferwacy, la Fédération rwandaise de cyclisme, est devenu un lieu où des enfants issus de communautés diverses pouvaient briser le cycle de la pauvreté, en rêvant à une carrière sur deux roues. Il a vu naître une génération qui deviendrait, vingt ans plus tard, les entraîneurs, les mécaniciens ou les masseurs de la troisième génération du site de Musanze.

Les premiers occupants du centre étaient Adrien Niyonshuti, Nathan Byukusenge, Obed Ruvogera, Abraham Ruhumuriza et Rafiki Uwimana, pour la plupart orphelins du génocide. Leur histoire est retracée par une affiche sur le mur de l’atelier, symbole d’un renouveau du Rwanda. La cohabitation entre enfants issus de Tutsi et de Hutu fut difficile au démarrage, avec des crises nocturnes et des tensions qui marquèrent les premiers mois.

Les photos des premiers Rwandais à avoir fréquenté les lieux sont exposées sur un mur de l'atelier.
Les photos des premiers Rwandais à avoir fréquenté les lieux.

Aujourd’hui, des groupes de cyclo-sportifs américains, australiens ou anglais viennent en stages sur les pentes des volcans ou autour du lac Kivu, partageant les repas avec les coureurs et leurs entraîneurs. Le site, entouré d’une végétation luxuriante et des roches volcaniques, est devenu un lieu emblématique du cyclisme continental.

Ce lundi, le centre, désormais labellisé par l’UCI et dédié à l’accueil des jeunes pousses du continent, était désert: il avait accueilli pendant trois mois des dizaines de jeunes coureurs venus de tout le continent à l’initiative de l’UCI, mais les Rwandais sélectionnés avaient regagné leur hôtel à Kigali avec le staff. Deux jardiniers balayaient les allées, mais des herbes avaient repris leurs droits sur la petite piste de BMX que Boyer avait faite construire.

Sur le mur de l’atelier, des photos des premiers Rwandais fréquentant le lieu témoignent du chemin parcouru et de l’espoir semé.

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