Bournemouth a évité une violation des règles de rentabilité et de durabilité (PSR) de la Premier League grâce à l’approbation par la ligue d’une radiation d’un prêt actionnaire de 83 millions d’euros. Cette opération financière majeure a permis au club de la côte sud de se conformer aux normes strictes imposées, tout en renforçant sa capacité d’investissement sur le marché des transferts.
Un coup de pouce financier décisif pour Bournemouth
Le club a enregistré une perte avant impôts de 90 millions d’euros durant le cycle PSR 2022-2024, notamment grâce à cette radiation de prêt de 83 millions d’euros. Sans la validation de cette radiation par la Premier League, Bournemouth aurait enfreint les règles financières avec une perte pré-imposée cumulée de 174 millions d’euros sur trois saisons, dépassant largement la limite autorisée de 101 millions d’euros.
D’ordinaire, les radiations de prêts actionnaires ne sont pas prises en compte dans le calcul de la conformité au PSR. Cependant, dans ce cas précis, le lien avec la transaction de rachat du club a permis cette inclusion exceptionnelle, offrant ainsi un répit financier significatif à Bournemouth.
Le contexte de la transaction
Le 12 décembre 2022, tous les titres d’AFC Bournemouth Ltd ont été vendus par Maxim Demin, via A.FC.B. Enterprises Ltd., à Turquoise Bidco Ltd, groupe renommé Black Knight Football Club UK Ltd, conduit par l’homme d’affaires américain Bill Foley. Demin a cédé le club pour 114 millions d’euros, dont 23 millions d’euros supplémentaires potentiels à l’avenir.
Au moment de la vente, Bournemouth devait 187 millions d’euros à la société de Demin. Une partie de cette dette, soit 104 millions d’euros, a été remboursée avec un prêt accordé par le nouveau propriétaire. Les 83 millions d’euros restants ont été totalement radiés, ce qui a profité au club en étant comptabilisé comme un « produit exceptionnel » dans les comptes 2022-2023.
Cette manœuvre comptable a permis de transformer une lourde perte en un bénéfice record de 51 millions d’euros sur la saison, un résultat inédit dans l’histoire du club.
Un impact sur la conformité PSR et les dépenses du club
Sans cette radiation comptabilisée dans la PSR, Bournemouth aurait clairement dépassé la limite autorisée au cours des saisons récentes. En 2023-2024, leurs pertes auraient atteint 172 millions d’euros, bien supérieures à la limite fixée à 96 millions d’euros, notamment car la saison 2021-2022 passée en Championship limitait à 15 millions d’euros la perte autorisée cette année-là.
Ce délai comptable a augmenté la marge de manœuvre budgétaire du club. En effet, Bournemouth a pu recruter des joueurs comme Dean Huijsen, Tyler Adams ou encore Evanilson grâce à ces fonds dégagés, dépensant plus de 150 millions d’euros deux saisons consécutives.
Pourquoi la Premier League a validé cette exception ?
Des sources internes ont confié que la Premier League a validé cette radiation de prêt car elle s’inscrivait dans le cadre d’une transaction de rachat conclue à une juste valeur marchande et en conditions de marché indépendant. Cette opération différait d’une simple radiation de prêt par un actionnaire restant en place, ce qui est normalement exclu des calculs du PSR.
La distinction vient du fait que la radiation a été réalisée au moment du changement de propriétaire, transformant techniquement cette perte en un revenu tiers pour l’évaluation PSR. Ce cadrage comptable a été jugé conforme aux règles en vigueur, même si ce traitement financier peut susciter des interrogations parmi les autres clubs de Premier League.
Un précédent dans le football anglais ?
Si cette démarche semble inédite pour beaucoup, d’autres clubs ont déjà profité d’opérations similaires lors de ventes successives. En effet, lorsque les anciens propriétaires acceptent d’effacer des prêts en lien avec le changement de direction, la Premier League autorise souvent l’enregistrement de ces sommes comme produit exceptionnel.
Toutefois, cette pratique reste rare et limitée aux circonstances particulières liées aux rachats, ce qui réduit la possibilité pour d’autres clubs de l’imiter hors période de transfert de propriété.
Un avantage concurrentiel controversé
Par cette décision, Bournemouth a pu éviter une sanction financière ou une déduction de points, à l’inverse d’autres clubs comme Everton ou Nottingham Forest dans le passé. Le club a ainsi accru son budget transfert et augmenté sa masse salariale de 36 % en 2023-2024.
Si le PSR vise à assurer la durabilité et l’équité sportive, cette mesure soulève des questions sur la possibilité d’obtenir un avantage financier conséquent simplement grâce à une opération de rachat.
Le club a notamment dépensé près de 310 millions d’euros brut sur ces deux dernières saisons, un niveau de dépense lui permettant de rivaliser efficacement au plus haut niveau.
Quelle portée pour les autres clubs de Premier League ?
L’inclusion des radiations de prêts dans le calcul PSR semble réservée aux situations où un changement de propriétaire intervient. Ainsi, ce mécanisme ne pourrait s’appliquer qu’exceptionnellement, lors d’une vente.
Pourtant, plusieurs clubs de Premier League disposent encore de prêts actionnaires importants dans leurs bilans. S’ils étaient rachetés, cela pourrait créer de nouvelles opportunités similaires. Par exemple, Brighton doit actuellement près de 354 millions d’euros à son propriétaire Tony Bloom.
Néanmoins, toute opération de ce type devra être validée par la Premier League, qui garde la main sur le respect des règles financières, notamment pour éviter un avantage sportif indu ou un contournement des objectifs de durabilité.











