Bilan saison 2025 : Pogacar sur les pavés et dérive sécuritaire en question

Bilan saison 2025 : Pogacar sur les pavés et dérive sécuritaire en question

La saison 2025 a offert des moments forts avec Pogacar mais aussi des interrogations sur la sécurité et le financement du cyclisme; des jeunes espoirs et des transferts marquent l’année.

France

La saison 2025 s’est achevée sur des notes contrastées : des performances qui ont fasciné les fans et une réalité économique et sécuritaire qui a nourri les débats autour de l’avenir du cyclisme. Tadej Pogacar a éclipsé l’actualité sur les pavés et au-delà, mais la dérive sécuritaire décrite par certains comme hypocrite a laissé des zones d’ombre à identifier pour les années à venir.

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Le début de l’année a surtout été marqué par Pogacar, capable de prendre le contrôle sur les pavés et de faire taire les discussions sur son gabarit, notamment lors d’un passage remarqué sur les pavés autour d’Haveluy. Sa performance sur le circuit pavé, associée à une 2e place au Vélodrome, a été retenue comme l’une des images fortes de la saison et a alimenté les espoirs d’un retour victorieux.

Pogacar sur les pavés de Paris-Roubaix
Pogacar sur les pavés, Paris-Roubaix

Mathieu Van der Poel a accru son rôle d’animateur du Tour, devenant l’un des moteurs du peloton et confirmant son statut de second meilleur coureur du monde derrière Pogacar. Il a tenu une position centrale dans la course, remportant des étapes et offrant des prestations spectaculaires avant d’être contraint à l’abandon pour des raisons de santé peu avant la fin du récit du Tour.

La renaissance de Wout Van Aert a aussi marqué la saison. Auteur d’une campagne de classiques remarquée, il a su être présent dans les moments clés et a confirmé son statut de référence sur certains passages difficiles, en particulier sur les boss en montagne où il a été l’un des rares à sortir du rythme du leader lorsque cela comptait.

Le dossier Ayuso a cristallisé les tensions internes à UAE Emirates-XRG. Ambitieux et encore en pleine progression à 23 ans, il a semblé difficile à intégrer durablement dans le même cadre que Pogacar, et son avenir pourrait passer par un changement d’équipe. L’exécution d’un possible transfert sera à suivre l’an prochain.

A l’échelle personnelle, Pogacar a aussi exprimé publiquement des questions sur sa santé mentale après l’effort intense d’un printemps et d’un été marqués par l’attention médiatique. Dans nos échanges, il a souligné que la pression peut devenir surréaliste et que le financement et la concentration autour de sa performance compliquent la gestion de la carrière.

Pauline Ferrand-Prévôt a marqué le Tour de France sur le plan individuel, écrasant notamment une étape en Madeleine et apportant une démonstration de force dans une montée où elle a su maintenir un tempo élevé et soutenu, réaffirmant son niveau de référence dans le sprint et les montées rapides.

La première moitié de saison a aussi offert un moment fort sur le plan international avec les Mondiaux disputés à Kigali, en Afrique. L’émotion ressentie dans les quartiers de Kigali et autour du parcours a scellé le rendez-vous comme l’un des temps forts de l’année, au-delà du seul cadre de la compétition.

Quant à Magnier, il a apporté des signaux d’espoir sur les pavés et les classiques flandriennes, en affichant 19 victoires au total et en montrant une progression constante qui promet un avenir prometteur pour les classiques. Son équipe a aussi exprimé une volonté de recentrer ses efforts sur les pavés et les grandes classiques, avec un retour attendu au printemps.

LA DERRIÈRE IMAGE ET LES DÉFIS

Bien que cette année ait livré des moments forts, l’épisode des séries en devenir et la gestion des effectifs ont rappelé les fragilités structurelles du cyclisme. Le nombre de coureurs sans contrat s’est accru et des restructurations d’équipes ont été révélatrices des tensions financières qui pèsent sur le peloton. Le phénomène rappelle que l’élite, aussi performante soit-elle, dépend de soutiens pérennes et d’un équilibre entre objectifs commerciaux et sport de haut niveau.

Sur le terrain des finales et des grands tours, la saison a aussi livré son lot d’incertitudes comme sur la Vuelta, où l’issue a été marquée par des étapes sans vainqueur et par des incidents survenus en marge des courses, rendant certains passages moins lisibles et démontrant que rien n’est acquis lorsque les enjeux politiques et sociaux s’en mêlent.

Une dérive sécuritaire a également été pointée du doigt : sur la 3e étape de l’Etoile de Bessèges, de nombreuses équipes ont abandonné après des coulisses de sécurité contestées, et des questions sur les moyens mis en œuvre pour protéger les coureurs ont alimenté le débat. Des discussions autour des braquets et de trackers ont aussi émergé, sans qu’une solutions uniforme n’ait été rapidement adoptée.

Jonas Vingegaard a finalement manqué le Mondial au Rwanda, faute d’un calendrier jugé trop chargé après la Vuelta. Son absence a été ressentie comme un rendez-vous manqué pour un sommet qui devait mettre en lumière ses qualités d’endurance et de grimpeur sur un parcours difficile. L’espoir demeure de le revoir en 2026 sur le continent nord-américain pour renouveler l’événement.

Enfin, les restructurations et les disparitions d’équipes ont donné le sentiment d’un système en mutation. L’annonce de la non-prolongation des contrats d’Arkéa et de B&B Hotels a maintenu une incertitude pour de nombreux coureurs et le staff, au même moment où des fusions et des dissolutions ont redistribué les cartes sur le marché des talents.

Le bilan de Visma sur À Travers la Flandre a aussi été marquant : malgré une domination numérique en finale, l’équipe a laissé filer la victoire à Neilson Powless dans un final contesté, ce qui a suscité des débats sur les choix stratégiques et la gestion des forces en présence à l’approche du sprint final.

Enfin, le Tour a offert une image forte avec le carton jaune infligé à Bryan Coquard après un accident involontaire ayant provoqué une chute et son abandon, un épisode rude qui a rappelé la fragilité des trajectoires et les aléas d’un peloton constamment en mouvement.

En somme, 2025 restera marquée par une polarisation entre excellence sportive et défis structurels. Si Pogacar a continué d’écrire l’histoire, les questions sur la stabilité économique et la sécurité des coureurs restent au cœur des discussions pour les saisons à venir.

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