Devenu l’un des combattants les plus populaires du public français, Benoît Saint Denis a su bâtir sa notoriété dans le MMA en enchaînant des combats d’une intensité folle et en racontant sa vie d’ancien soldat et d’ancien membre des forces spéciales. Du 1er RPIMa de Bayonne jusqu’au pôle recrutement de l’armée de Terre, son duel contre Beneil Dariush, attendu à l’UFC 322 à New York, sera scruté avec attention.
Un lien fort entre l’armée et le public
Pour ceux qui suivent sa carrière, ce combat n’est pas qu’un duel sportif mais aussi une vitrine du parcours d’un homme qui a vécu entre deux mondes. L’entrée dans la salle, tôt dans la nuit parisienne, est conçue comme un rappel de son passé et de ses valeurs. À l’image des débats qu’il suscite, les fans, en France comme à l’étranger, resteront éveillés et mobilisés autour de son histoire.

Son entrée dans la salle, ce dimanche aux alentours de 4h du matin (heure de Paris), se fera comme à chaque fois sur son hymne fétiche, Les Commandos, un clin d’œil à sa vie d’avant et à ses anciens frères d’armes. À des milliers de kilomètres, dans la citadelle de Bayonne, de nombreux écrans s’allumeront pour suivre le combat et le soutenir, comme l’explique le commandant Sergio, un ancien camarade du 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa).

Sergio, commandant d’unité et témoin privilégié, affirme : « On est évidemment très fiers de le voir à ce niveau ». Selon lui, l’ADN de l’armée, forgé dans l’entraînement et la discipline, accompagne Benoît dans sa vie après les forces. « Chez nous, on ne renonce jamais », rappelle-t-il. « Le parcours de Benoît montre que l’excellence et la poursuite d’un objectif restent au cœur de sa démarche, tout en préservant son patriotisme et sa fierté d’être Français. »
BSD a intégré le 1er RPIMa début 2014, à 18 ans, suivis de 18 mois de formation intensive et de premières opérations extérieures au Sahel, où la lutte contre des groupes jihadistes était au cœur des missions. En mars 2019, à l’issue de son premier contrat de cinq ans, il décide de quitter l’armée pour se consacrer au MMA. « Mon capitaine, je veux faire du MMA », lui lance-t-on au moment de son départ; et Benoît choisit d’aller de l’avant, répondant par l’envie de « foncer ». Cette porte ouverte par le 1er RPIMa s’est avérée déterminante pour son avenir dans le sport.
Dans les coulisses, l’idée d’un athlète « au‑dessus des autres » dans le dojo est largement partagée. Benoît a toujours été perçu comme quelqu’un capable d’allier performance physique et force mentale. Son ancien commandant rappelle que Benoît avait un passé marqué par des racines martiales et sportives — son père était judoka et sa mère aussi expérimentée — et que, dès ses débuts, il se démarquait par une attitude au-dessus des autres. Ses premiers combats professionnels ont d’ailleurs eu lieu alors qu’il était encore engagé dans l’armée, en Suisse et en Belgique.
Le dojo de la citadelle de Bayonne est resté un lieu d’ancrage. Devenu père de famille, Benoît y retourne ponctuellement et entretient des liens forts avec des membres de son unité, qu’ils soient encore actifs ou sortis de l’armée. Un camarade de Stick, grièvement blessé lors d’une opération, sera présent au Madison Square Garden pour soutenir Benoît, preuve tangible de la solidarité qui traverse les années et les régiments.
Une porte d’entrée sur la jeunesse et le monde civil: les liens entre Benoît Saint Denis et les forces spécialisées se prolongent aujourd’hui dans des collaborations avec les programmes de recrutement. Récemment, le MMA a été mis en avant dans le cadre du recrutement de la Marine nationale et, plus largement, dans une série de contenus destinés à présenter une reconversion possible après la carrière militaire. Le personnel du pôle recrutement-jeunesse évoque une « véritable opportunité » pour toucher les jeunes via les réseaux du sport de haut niveau.
Le phénomène n’est pas privé de sens : BCN est suivi par plus de 800 000 personnes sur Instagram et incarne une voie originale de reconversion et de transmission. Il parle de son expérience, décrit sa reconversion et met en avant des valeurs comme le dépassement de soi, la résilience et la fraternité, qui résonnent avec les attentes de l’armée et du monde sportif civil.
Un autre volet de cette histoire est la reconversion elle‑même. BSD est aujourd’hui parrain de l’équipe de France militaire de MMA, une initiative interarmées qui reflète une approche volontaire de rapprochement entre sport et armée. Si le MMA n’est pas institutionnalisé dans les régiments — les disciplines comme le C4 restent prioritaires pour les affrontements en situation réelle — l’exemple Saint Denis montre qu’un ancien militaire peut inspirer et guider des jeunes vers des carrières variées, y compris dans le MMA, avec un esprit de compétition et un désir d’excellence.









