Au cœur du Rhône, la petite commune de Thizy-les-Bourgs est devenue le théâtre d’une confrontation peu ordinaire entre supporters de football. Une bataille d’autocollants, menée à coups de stickers collés sur les murs, les panneaux de signalisation et même les maisons, divise la ville et suscite l’agacement des habitants comme des autorités locales. Cette guerre de stickers, bien que discrète, reflète la passion intense qui anime les ultras lyonnais et stéphanois, transformant une simple rivalité sportive en un véritable affrontement culturel.
Les supporters des deux clubs, souvent regroupés sous des groupes emblématiques tels que les Bad Gones pour Lyon ou les Magic Fans pour Saint-Étienne, ne reculent pas devant la créativité et la détermination pour marquer leur territoire. Sur les panneaux de circulation, il n’est pas rare de voir plusieurs autocollants superposés, chacun revendiquant sa présence. Par exemple, à l’entrée de la ville, certains panneaux sont entièrement recouverts, rendant la lecture des noms de rues difficile, voire impossible. Ces stickers, souvent très collants, s’accumulent à un point tel que leur décollement devient une opération laborieuse pour la mairie.
Une pratique qui inquiète et dérange
Ce phénomène ne se limite pas à une simple touche de décoration. Selon André Fillon, maire délégué de Thizy-les-Bourgs, ces autocollants posent plusieurs problèmes. « Ils prennent beaucoup de temps à enlever pour les agents communaux, car ils sont très adhésifs, et en plus, ils abîment parfois la peinture des panneaux », explique-t-il. La dégradation des supports est une préoccupation, mais la sécurité est également en jeu. Lorsqu’un sticker recouvre une signalisation routière, cela peut désorienter les conducteurs ou les piétons, créant un danger potentiel.
Ce qui agace davantage, c’est la nature méthodique de cette rivalité. Dès qu’un groupe pose un autocollant, ses adversaires répliquent en recouvrant le précédent. Justin, un résident, témoigne : « Quand ils collent sur un nom de rue, on ne voit plus rien. Ça peut même poser des risques, surtout si la signalisation est essentielle à la circulation. » La situation s’est donc aggravée ces dernières semaines, avec une intensification de ces affrontements visuels.
Une passion qui dépasse le simple cadre sportif
Au-delà de l’aspect esthétique et sécuritaire, cette guerre de stickers traduit une passion dévorante pour le football et ses supporters. Elle illustre aussi la volonté de certains groupes de marquer leur territoire, de faire entendre leur identité dans une petite ville qui, jusque-là, semblait paisible. Cependant, la mairie espère que cette rivalité ne dégénérera pas en incidents plus sérieux et appelle à la modération.
Malgré tout, l’intérêt pour le football reste intact, même si le maire préfère garder son club de cœur secret. Il souligne simplement l’importance de respecter la ville et ses habitants, tout en reconnaissant que la passion des supporters peut parfois prendre des formes extrêmes. La bataille de stickers à Thizy-les-Bourgs témoigne ainsi d’un phénomène culturel qui dépasse le simple cadre du sport, révélant la ferveur et parfois la rivalité farouche qui animent ces groupes ultras.









