Barcelone 4-3 Real Madrid : les enseignements d’un Clasico épique et décisif
Le dernier Clasico de la saison a une nouvelle fois tourné à l’avantage du FC Barcelone dans des circonstances tumultueuses.
Les Catalans se sont imposés 4-3 lors d’une rencontre féroce disputée dimanche après-midi à Montjuic, marquée par un rythme effréné et une intensité presque vengeresse. Après avoir été mené 2-0, le Barça a enchaîné quatre buts en première mi-temps sans coup férir.
Kylian Mbappé a réussi un triplé en seconde période et le Real Madrid a eu plusieurs occasions de revenir au score, voire de gagner ce match délirant dans les dernières minutes. Pourtant, la victoire de Barcelone – futur champion de La Liga – ne fait guère de doute.
Déroulement du match
Carlo Ancelotti assurait que le Real Madrid « regorgeait de confiance » malgré trois défaites consécutives en Clasicos, totalisant un cumul de 12-4 dans ces confrontations. Cette confiance semblait méritée lorsque Mbappé a inscrit deux buts dans le premier quart d’heure.
En moins de cinq minutes, Mbappé avait ouvert le score en profitant d’une erreur de Pau Cubarsí puis transformé un penalty, devançant Wojciech Szczesny dans un sprint et dans la surface. Son second but intervenait à l’issue d’une rapide action collective initiée par Jude Bellingham et Vinicius Junior, qui ont délivré deux passes splendides en seulement dix secondes.
Mais le match ne faisait que commencer.
Le Real dominait la rencontre, mais le momentum s’est déjà inversé en faveur des Blaugranas, avec notamment Thibaut Courtois qui repoussait deux tirs lointains. Eric Garcia réduisait l’écart à la 19e minute d’une tête subtile après un corner.
La confiance vantée par Ancelotti s’est alors dissipée. Barcelone a multiplié les combinaisons autour de la surface adverse jusqu’à ce que Lamine Yamal, qui n’a même pas eu besoin de contrôler, envoie un tir imparable dans la lucarne depuis un angle très fermé. Le jeune prodige a célébré ce but en imitant Cristiano Ronaldo avec son fameux geste ‘Calma, calma’, mais la tension du match restait palpable.
Cent secondes plus tard, Raphinha offrait pour la première fois l’avantage au Barça. Mbappé, en voulant défendre au milieu, perdait le ballon au profit de Pedri qui servait instantanément son coéquipier brésilien.
Au cours de cette mi-temps effrénée, Aurélien Tchouaméni aurait pu être expulsé, Raphinha ratait de peu une tête à bout portant, et un penalty pour Madrid était annulé après intervention de la VAR. Raphinha inscrivait finalement un doublé à la 45e minute, portant le score à 4-2, profitant d’une défense madrilène en déroute.
Au retour des vestiaires, Ancelotti procédait à deux changements visant surtout à freiner l’hémorragie. Cependant, c’est encore Madrid qui ouvrait le score en second période avec Vinicius Junior qui esquivait le hors-jeu pour servir Mbappé, auteur de son triplé à la 70e minute.
Ce Clasico légendaire faillit encore basculer dans les derniers instants grâce au jeune Victor Muñoz, nouveau venu chez les A, qui, seul face au but, expédiait sa frappe au-dessus de la barre à la 90e minute.
Kylian Mbappé : un triomphe personnel éclipsé par la défaite madrilène
Pour beaucoup de joueurs, dans d’autres clubs ou saisons, la première année de Kylian Mbappé au Real Madrid serait une réussite éclatante. Le prodige français a porté son total à un record de 38 buts toutes compétitions confondues grâce à ce triplé lors du Clasico face à ses rivaux historiques.
Mbappé n’est pas qu’un simple buteur face aux faibles : il a marqué dans trois finales cette saison et en a remporté deux. Cependant, son arrivée a paradoxalement fragilisé le Real, qui a vu la montée en puissance du PSG dans son dos, donnant l’impression d’un individualiste de luxe peu adapté au succès collectif durable.
À 26 ans, Mbappé ne presse pas avec une intensité féroce et ne compte que trois passes décisives en Liga cette saison, un total égalé par un seul joueur de Barcelone durant un seul Clasico.
Ferran Torres, l’étoile discrète du FC Barcelone
Être remplaçant de Robert Lewandowski est un rôle ingrat. Le Polonais, semblable à Novak Djokovic dans le tennis par sa rigueur extrême, est rarement absent et son efficacité au but est implacable. Pourtant, Hansi Flick n’a pas hésité à le laisser sur le banc pour ce Clasico.
Ferran Torres, en dépit d’un temps de jeu réduit de 2 300 minutes comparé à ses coéquipiers, a su briller en inscrivant trois buts de plus que le jeune Lamine Yamal cette saison. Dimanche, il a été à l’origine de trois des buts du Barça, multipliant les problèmes pour la défense madrilène.
Professionnel dévoué, ayant avoué ses difficultés à rester un remplaçant permanent, Torres justifie pleinement les louanges de Xavi Hernandez qui le considère comme l’incarnation de la force mentale dans le football.
Carlo Ancelotti et un dernier Clasico amer
Si ce Clasico est effectivement le dernier d’Ancelotti en tant qu’entraîneur du Real Madrid – une rumeur désormais largement acceptée –, le technicien italien a tout donné pour influer sur cette rencontre.
Face à la nécessité de stopper la série négative, Ancelotti a mis en place une stratégie axée sur Federico Valverde. Ce dernier s’est chargé de plusieurs dégagements longs pour envoyer le ballon rapidement en attaque. Par ailleurs, il a effectué un marquage individuel sur Dani Olmo, limitant considérablement l’influence du joueur catalan dès la première minute.
Malgré un départ solide avec un avantage de 2-0, Madrid a inexplicablement renoncé à sa tactique directe, s’installant dans un jeu plus timoré qui a conduit à deux buts encaissés. « Si les joueurs m’écoutent, » avait souri Ancelotti avant la rencontre, « tout ira bien. » Hélas, son plan n’a pas été respecté assez longtemps.
La défaite au Clasico est la quatrième de la saison pour Madrid, une situation inédite depuis 1982/83. Néanmoins, aucune animosité n’est à signaler entre Ancelotti et son club, le coach affirmant que « la lune de miel ne se termine jamais avec ce club », une relation basée sur la passion et l’affection qui perdurera.
Barcelone à un match du titre de La Liga
Avant ce Clasico, l’entraîneur Hansi Flick déclarait avec enthousiasme : « Quand on commence à jouer au football, on rêve de disputer un Clasico. C’est le vrai Clasico. En Allemagne, nous avons des derbys appelés Clasicos, mais ce n’est pas pareil, ce n’est pas Real Madrid-Barcelone. »
Flick pourrait bien savourer ce choc historique chaque semaine. Le coach allemand, premier entraîneur du Barça depuis Pep Guardiola à remporter ses quatre premiers Clasicos, a déjà conquis deux titres cette saison en battant le Real Madrid et se rapproche d’un troisième sacre possible.
Leader avec sept points d’avance à trois journées de la fin, Barcelone pourrait être sacré champion de La Liga dès mercredi si le Real Madrid ne l’emporte pas face à Majorque. Une victoire contre l’Espanyol jeudi prochain assurerait elle aussi le titre.









