À La Réunion, Baptiste Chassagne se prépare à courir sa première Diagonale des Fous, son 161 km de l’année, après avoir bouclé le trail long des Mondiaux fin septembre à la 11e place. « Je suis bien remis physiquement mais dans la tête il y a eu de la déception à Canfranc, et elle m’accompagne encore un peu », nous a-t-il confié.
Pendant les Mondiaux, il avançait sous une ombre pesante et cette pression est tombée sur lui à moins de 20 kilomètres de l’arrivée, alors qu’il occupait la 7e place. Des troubles du comportement alimentaire ont refait surface, et à l’entraînement il a du mal à se nourrir. Là, au 62e kilomètre, il n’a pu s’alimenter, son intestin était en vrac et il ne comprenait pas cet apport soudain de glucides… « Je suis guéri à 97 % mais j’ai encore des petits démons qui m’accompagnent de temps à autre », révèle-t-il. « J’aurais dû finir 7e, c’était rageant, c’est une impuissance terri ble. »
À la suite de la course, il s’est juré que cet épisode devait lui servir pour la suite, et notamment pour la Diagonale des Fous, qu’il appréhende avec un état d’esprit tout particulier, celui de la découverte : découvrir l’île, les sentiers, et aussi le mythe, le départ à Saint-Pierre et les conditions extrêmes. « Je cours avec le cœur, et sur cette île il y en a beaucoup », ajoute-t-il.
À Diagonale des Fous, il disputera seulement son troisième 100 miles, après deux UTMB Mont-Blanc, ponctués par une 10e place en 2023 puis une 2e en 2024 derrière Vincent Bouillard. Pour lui, cette Diag’ marque assurément un tournant, alors que l’UTMB 2026 est déjà dans son viseur. « Je suis là pour découvrir de nouvelles sensations, pour poser des jalons supplémentaires », explique-t-il. « Cette course est la première étape d’une longue aventure, je le sais déjà. »
« Courir dans les montagnes et voir l’océan, c’est grandiose », affirme-t-il. Frustré de ne pas avoir avalé 160 km en compétition depuis quatorze mois, il avoue avoir « une dalle de fou de courir longtemps ! ». Depuis son arrivée, il a repéré 85 km du parcours, notamment le cirque de Mafate. Bien entouré, il évolue en famille et connecté à l’océan qu’il aime tant.
Et si cet état d’esprit était la formule gagnante, un an après la victoire inspirante de Mathieu Blanchard, qui avait su rebondir en s’imposant à la Diagonale avec le plaisir comme moteur, et après un UTMB où il avait abandonné, la suite dira si cette approche porte ses fruits. On va vite savoir.









