Les athlètes françaises d’athlétisme ont été soumises à un test de féminité à deux jours de l’ouverture des Mondiaux, une étape qui ne passe pas inaperçue et qui alimente les débats autour de ce protocole sensible. La France, qui interdit ces analyses sur son sol, a toutefois obtenu des instances internationales l’accord pour que ses sportives soient examinées jeudi, afin de pouvoir prendre part à la compétition majeure dans les meilleures conditions.

Le contexte international du processus était clair: World Athletics, l’instance mondiale de l’athlétisme, a rendu obligatoires ces tests fin juillet et a supervisé le déroulement des analyses qui ont eu lieu en début d’après-midi ce jeudi 11 septembre, dans le cadre d’un protocole communément accepté par les fédérations nationales. L’objectif affiché est de permettre aux athlètes d’être retenues sur les listes de départ et d’évoluer sur la piste sans blocages procéduraux liés au genre.
Le DTN (Directeur technique national) de la Fédération française d’athlétisme, Frank Bignet, a rassuré sur le fait que « il n’y aura pas de points de blocage. Elles vont pouvoir concourir ». Cette assurance est venue après une période de tensions et de polémiques, notamment autour de l’impossibilité pour les boxeuses françaises d’être alignées sur leurs Mondiaux faute de résultats de tests arrivés à temps. Des parallèles qui ont accentué l’attention sur le calendrier et les délais des analyses.
Les discussions entre la FFA et World Athletics ont permis d’obtenir une « voie de passage » afin que les athlètes puissent entrer dans la compétition sans retard, même si le temps imparti pour les résultats reste « une ou deux semaines » selon le site World Athletics. L’objectif était d’éviter un nouveau scénario du type de celui vécu par d’autres disciplines, tout en respectant les exigences internationales.
Cette situation a néanmoins créé un malaise parmi les athlètes. Beaucoup ont été priées de ne pas communiquer sur la date du test et ont préféré se concentrer sur leur préparation. Certaines, comme Louise Maraval et Auriana Lazraq-Khlass, ont choisi de ne pas se prononcer publiquement pour ne pas s’épuiser inutilement sur ce sujet, tout en poursuivant leur entraînement et leur logique de compétition.
Réactions et témoignages
Rénelle Lamote, engagée sur 400 mètres haies et le relais 4×400 mètres lors des Mondiaux, a avoué être à la fois consciente des enjeux et partagée sur la question. « Je sais que c’est difficile de trouver justice dans le sport », a-t-elle commenté lors d’une prise de parole publique. « Je ne peux pas trop me positionner mais il y a quelque chose d’inconfortable à être testée comme femme. Ça nous met dans la peau de Caster Semenya. C’est désagréable, mais on le fait. »
Mélina Robert-Michon, vice-championne olympique du lancer du poids à Rio en 2016, a pour sa part reconnu l’intrusion du dispositif sans toutefois trancher sur le fond: « Je n’ai pas d’avis tranché ». À 46 ans et mère de deux filles, l’athlète qui a disputé ses premiers Mondiaux en 2003 à Paris a qualifié ces tests d’« intrusifs ». Elle a toutefois ajouté qu’il n’existe pas de solution parfaite et que ces discussions restent compliquées à gérer sur le long terme.
Hilary Kpatcha, sauteuse en longueur, a confessé éprouver « un peu mal à l’aise » face à l’obligation de démontrer sa féminité. « C’est un sujet un peu délicat. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on le fait, donc j’essaie de rester factuelle : on va se faire tester, je ne sais pas quand on aura les résultats, ce qui m’importe, c’est de faire ma compétition », a-t-elle indiqué, avant de poursuivre son programme de préparation.
Si une éventualité extrêmement rare venait à révéler la présence du gène SRY, les athlètes ont indiqué qu’elles s’adapteraient. Hilary Kpatcha a résumé l’approche: « Si on se rend compte que j’ai le gène SRY, on avisera. Mon travail, là, c’est d’être compétitive le jour J ». Le focus reste sur l’objectif sportif et sur la performance, malgré le cadre complexe des tests.
Réflexions autour du dispositif et de l’avenir
Au-delà des réactions individuelles, ces échanges illustrent un phénomène plus large dans le sport de haut niveau, où les exigences médicales et les garanties de justice peuvent entrer en conflit avec le vécu des athlètes. Pour les Françaises, l’enjeu est d’assurer une présence forte et compétitive sur la scène internationale tout en naviguant dans un cadre qui continue d’évoluer et de susciter le débat.
Face à ce contexte, les performances des Mondiaux restent au centre des préoccupations, et les sportives sont déterminées à mettre leurs meilleures performances sur le devant de la scène, malgré la tension autour des tests de féminité et des questionnements qu’ils suscitent en matière d’équité et de transparence dans le sport.
Les Mondiaux approchent, et les athlètes françaises restent concentrées sur leur objectif principal: la performance sur le terrain, en dépit du contexte délicat autour des tests de féminité et des enjeux qui entourent ce processus.








