Au cœur du prestigieux tournoi du Masters à Augusta National, l' »Amen Corner » représente un passage mythique, chargé d’histoire et de mystère, qui a vu se jouer certaines des plus grandes épopées du golf mondial. Découverte de ce lieu emblématique et de sa signification unique dans l’univers du golf.
L’origine du nom « Amen Corner »
Le célèbre journaliste de golf Herbert Warren Wind est à l’origine du terme « Amen Corner ». Dans un article légendaire paru le 21 avril 1958 dans Sports Illustrated, il décrit le parcours entre le green du 11ème trou et le départ du 13ème comme un lieu décisif du Masters remporté cette année-là par Arnold Palmer.
L’Amen Corner comprend le coup d’approche du 11ème trou par 4, le par 3 du 12ème, et le coup départ au 13ème trou par 5. Situé dans la partie la plus basse du parcours vallonné conçu par Bobby Jones et Alister MacKenzie, ce secteur est devenu le théâtre de nombreux moments dramatiques depuis 1934. Derrière le tee du 12ème, un amphithéâtre et d’immenses tribunes accueillent des milliers de spectateurs fervents, renforçant la magie du lieu.
Le terme « Amen Corner » a aussi une origine religieuse : dans le Sud des États-Unis, c’est une expression utilisée en église où les fidèles âgés proclament « Amen » après un sermon apprécié. Wind, passionné de jazz, se souvient aussi que ce nom lui est venu d’un morceau de clarinette des années 1930, « Amen Corner » de Milton “Mezz” Mezzrow, dont le titre lui paraissait particulièrement approprié pour cette section du parcours où tout pouvait basculer.
La symbolique et la signification de l’Amen Corner
Pour les golfeurs, l’Amen Corner est à la fois un lieu de bénédiction et de danger. Ben Crenshaw, double vainqueur du Masters, confiait en 2023 qu’il appréhendait toujours avec respect ce passage crucial. Les joueurs arrivent ici après les neuf premiers trous en essayant de sécuriser quelques précieuses positions pour affronter ces trois trous redoutés.
Ce secteur est souvent décrit comme l’endroit où résonnent uniquement les battements de cœur du joueur et de son caddie. Toute erreur peut coûter cher, mais les exploits, comme les aigles ou trous en un au 12ème trou, y ont aussi inscrit des moments inoubliables.
Moments marquants de l’Amen Corner dans l’histoire du Masters
L’Amen Corner a vu de nombreuses histoires dramatiques :
- En 1958, lors d’une pluie ayant détrempé le parcours, une règle locale permit aux joueurs de relever leur balle enfoncée sans pénalité. Arnold Palmer, après avoir raté un coup, joua une balle provisoire qu’il finit par valider, ce qui lui permit de garder son score et de remporter le tournoi d’un seul coup.
- En 1937, Ralph Guldahl perdait son avance après un double-bogey au 12ème trou, permettant à Byron Nelson de prendre le contrôle et de s’imposer.
- En 1992, Fred Couples réussit à faire tenir son coup de départ sur la pente raide du 12ème trou, un exploit exceptionnel qui contribua à sa victoire.
- En 1980, Tom Weiskopf réalisa le score le plus élevé jamais enregistré au 12ème trou avec un 10 au-dessus du par, frappant à plusieurs reprises dans le ruisseau Rae’s Creek.
Parallèlement, l’Amen Corner a été le théâtre de prouesses, telles que six aigles au 11ème trou, dont le dernier à ce jour par Drew Kittleson en 2009, et trois trous en un au 12ème (le dernier signé Curtis Strange en 1988).
L’évolution des trous emblématiques de l’Amen Corner
Ces trois trous ont évolué au fil du temps pour s’adapter aux exigences du tournoi :
- Le 11ème, White Dogwood : allongé trois fois depuis 2002, il mesure désormais 475 mètres (520 yards) et reste le trou le plus difficile du parcours avec une moyenne de 4,304 coups.
- Le 12ème, Golden Bell : avec 142 mètres (155 yards), il est le quatrième trou le plus difficile et l’un des moins modifiés au Masters, avec une moyenne de 3,27.
- Le 13ème, Azalea : deuxième trou le plus facile, il s’étire aujourd’hui sur 499 mètres (545 yards) et affiche une moyenne de 4,744 coups.










