Girondins de Bordeaux : Vers une reconstruction difficile en Nationale 2

Les Girondins, rétrogradés en Nationale 2, luttent pour se reconstruire malgré des crises financières majeures.

Girondins de Bordeaux : Vers une reconstruction difficile en Nationale 2

Le 2 juin 2023, les Girondins de Bordeaux disputaient leur dernier match de championnat devant 41 500 spectateurs au stade Matmut-Atlantique, face à Rodez. Cette rencontre était cruciale pour leur ambition de remontée en Ligue 1, mais elle a été interrompue à la suite d’une agression d’un joueur ruthénois par un supporter bordelais. Au final, les Girondins s’inclinent et restent en Ligue 2.

Colère contre le président Gérard Lopez

Le 31 août 2024 marquera la première rencontre de la saison des bordelais en Nationale 2, la quatrième division française, contre Poitiers, qui se déroulera au stade Sainte-Germaine du Bouscat, en banlieue de Bordeaux. Cependant, cette rencontre se déroulera à huis clos, en raison de la colère grandissante du public envers le président du club, Gérard Lopez.

Des banderoles demandant son départ ont été visibles dans toute la ville, et des groupes de supporters prévoient des manifestations près du stade Chaban-Delmas, symbole de l’âge d’or des Girondins, qui ont été sextuple champions de France, leur dernier titre datant de 2009.

Gérard Lopez, homme d’affaires hispano-luxembourgeois, est considéré comme responsable de l’effondrement du club, qu’il a acquis en 2021 d’un fonds d’investissement américain, King Street. À cette époque, le club était déjà en difficulté financière, mais évoluait encore en première division.

Relégation administrative

Après une descente sportive en L2 à la fin de sa première saison, une relégation administrative en Nationale a été prononcée par l’organe de régulation financière du football français en juillet, pointant un budget déséquilibré avec un déficit de 40 millions d’euros.

Dans la foulée, Gérard Lopez a décidé de renoncer au statut professionnel du club, entraînant la résiliation des contrats de tous les joueurs et la fermeture du centre de formation, qui a pourtant vu émerger des talents tels qu’Alain Giresse, Bixente Lizarazu et Aurélien Tchouaméni. Un plan de licenciement a également été mis en place, touchant la majorité des employés du club.

Ensuite, en août, le tribunal de commerce de Bordeaux a placé le club en redressement judiciaire en raison d’une dette colossale estimée entre 90 et 117 millions d’euros, entraînant ainsi une nouvelle rétrogradation, qui pourrait ne pas être la dernière. Si le tribunal valide la liquidation judiciaire le 17 septembre, les Girondins risquent de descendre en Nationale 3, voire dans un championnat régional.

Les initiatives se multiplient

Face à cette descente aux enfers, de nombreuses initiatives émergent. D’un point de vue sportif, John Williams, directeur sportif d’Amiens, a été chargé du recrutement. Certains anciens joueurs emblématiques, comme Rio Mavuba, ont même obtenu une licence pour aider à pallier le manque d’effectifs.

D’un point de vue financier, un appel à l’actionnariat populaire a été lancé le 19 août pour permettre aux supporters d’investir dans le capital du club. En seulement dix jours, près de 2 500 personnes ont répondu présentes, permettant de récolter environ 270 000 euros. Inspirés par des modèles étrangers comme ceux du FC Barcelone ou du Bayern Munich, ainsi que par les sauvetages d’autres clubs français tels que Bastia et Sochaux, les « Girondins Socios », qui désignent les supporters devenus actionnaires, souhaitent jouer un rôle actif dans l’avenir du club.

Cette initiative vient compléter le projet « Toujours Girondins », qui viserait à transformer le club en société coopérative à intérêt collectif. Ses instigateurs cherchent à rassembler des entrepreneurs locaux, d’anciens dirigeants et joueurs, ainsi que la mairie et la métropole, qui détiennent le centre d’entraînement du Haillan et le grand stade.

L’idée d’une coopérative intégrant les socios

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a exprimé sa volonté de « soutenir toutes les initiatives visant à reconstruire un club éthique, qui fait partie du patrimoine immatériel des Bordelais depuis 1881 ». Selon lui, « une coopérative intégrant les socios apporterait une dose de modernité » et constituerait un « garde-fou contre les dérives du football business ».

Par ailleurs, le stade Matmut, inauguré pour l’Euro 2016, représente un défi financier. Le maire a déclaré que « tout le monde perd de l’argent avec ce trop grand stade », incluant le consortium entre Vinci et Fayat, qui en a pris la construction et l’exploitation, ainsi que le club lui-même, incapable de s’acquitter d’un loyer de 4,7 millions d’euros annuels envers la métropole. Cette dernière, déjà prête à abandonner une dette de 20 millions d’euros, cherche désormais à se débarrasser de ce stade qui représente un risque financier conséquent.

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