La double disqualification de McLaren à Las Vegas constitue un choc sportif majeur en fin de saison, alors que les écarts au classement se resserrent. Norris conserve son avance sur son plus proche poursuivant, mais la victoire de Verstappen a remis le Néerlandais à égalité avec Oscar Piastri, relançant le suspense pour le reste du championnat.
L’insistance sur les virages 5, 11 et 17

Pendant la course, Norris et Piastri ont reçu, dès le cinquième tour, des instructions les invitant à relâcher l’accélérateur dans certaines portions du tracé. Cette pratique, couramment appelée lift and coast, sert à préserver les freins et les pneus et à diminuer la consommation. McLaren a ainsi ciblé particulièrement les virages 5, 11 et 17, où l’appui de la voiture et l’usure de la planche sont le plus sensibles.
Au virage 5, la bosse présente à cet endroit imposait des contraintes sur le plancher à chaque passage. Les virages 11 et 17, rapides et tournants à gauche, sollicitaient fortement le flanc droit et accroissaient l’usure de la planche, affectant Norris et, dans une moindre mesure, Piastri qui avait aussi une usure sur l’avant gauche après un contact avec un autre pilote.
Un message radio au 27e tour montrait l’ingénieur insistant sur ces virages: la consigne était de continuer dans cette logique, ce que Norris confirmait en revenant que cela les ralentissait. Après le dépassement de George Russell au 34e tour, l’équipe réitérait l’objectif d’aller chercher Max Verstappen tout en poursuivant l’application dans les virages 17, 5 et 11.
Par ailleurs, Gianpiero Lambiase, l’ingénieur de Verstappen, relayait indirectement à la télévision que McLaren avait été priée d’aller à la recherche de l’adversaire tout en gérant ces sections critiques du tracé. Norris réagissait ensuite en se montrant dubitatif à la radio, se demandant ce que signifie exactement « aller chercher Max » et exprimant son sentiment de lenteur face à la gestion demandée durant la course.
Norris et Piastri savaient-ils avant la course ?

La multiplication des consignes émises par l’écurie peut s’expliquer par plusieurs facteurs, mais leur occurrence précoce suggère que l’usure des patins était une préoccupation non seulement durant la course mais aussi dès les premiers tours. Des sources évoquent que la McLaren avait déjà passé les vérifications techniques au Brésil, l’usure du patin restant très proche de la limite, ce qui rendait la problématique particulièrement sensible après Interlagos.
Deux moments marquants dans les échanges radio semblent indiquer que Norris et Piastri avaient en partie anticipé le risque. D’abord, au début de la course, Piastri reçoit moins de consignes que Norris sur le fait de lever le pied dans le virage 17 et, peu après la mi-course, il demande s’il faut continuer le relâchement dans le 17. La réponse de l’ingénieur indique que le 17 et le 11 doivent rester prioritaires, avec le 10 utilisé seulement si nécessaire et le 5 à exploiter en mode lift and coast.
Ensuite, lors d’un dépassement sur Russell vers la fin du tour 33, Norris interroge pour savoir s’il doit rester dans le DRS ou tenter le dépassement, et l’ingénieur opte clairement pour la seconde option en visant Max Verstappen. Cette séquence alimente la thèse selon laquelle la réduction d’appui par le biais du DRS aurait pu être envisagée pour alléger la charge sur la voiture.
Une approche simplement risquée pour Las Vegas ?

Andrea Stella a ensuite annulé son point presse après l’annonce de la disqualification des deux McLaren et Norris est resté évasif sur ses derniers tours, tandis que l’écurie annonçait une enquête sur les raisons du comportement de la voiture. McLaren, qui a aligné Las Vegas avec l’objectif de rouler en bas de la caisse, a connu des conditions de week-end perturbées par deux drapeaux rouges et des EL3 humides, ce qui complique les interprétations et pourrait constituer la clé de cette situation selon les observations des commissaires et des équipes.
Des éléments évoqués en 2023 à Austin, puis des comparaisons avec des week-ends sprint, montrent que des disqualifications pour des raisons similaires ne sont pas inédites, même si elles restent rares. L’écurie a néanmoins soutenu avoir subi ce week-end des contraintes que d’autres équipes auraient pu surmonter, et le débat sur le moment exact où McLaren a pris conscience du risque demeure ouvert.
Au final, la combinaison de la gestion de la hauteur de caisse, l’usure des patins et le format du week-end a alimenté les hypothèses selon lesquelles McLaren avait, dès le départ, pris des précautions qui se sont révélées insuffisantes pour éviter l’épreuve la plus sévère le dimanche à Las Vegas.
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