Rose Bernadou : Déceptions et ambitions du rugby féminin français

Rose Bernadou : Déceptions et ambitions du rugby féminin français

Rose Bernadou, pilier du XV de France féminin, évoque la Coupe du Monde, les défis du rugby féminin en France et ses ambitions pour l'avenir.

France

Entre lucidité et espoir, Rose Bernadou, pilier du XV de France féminin, fait le point sur une Coupe du Monde perçue comme décevante et sur les réalités du rugby féminin en France. Quatrième au Mondial, elle assume le rang actuel tout en souhaitant que les choses évoluent rapidement. Son regard reste lucide: le chemin est long, mais les bases sont en place pour progresser. Cette interview met en lumière les enjeux du sport et les ambitions collectives.

Rose Bernadou lors d
Âgée de 25 ans, Rose Bernadou a déjà participé à 2 Coupes du monde. Elle se prépare déjà pour la 3e, en Australie en 2029.

De retour à l’entraînement après une pause de quinze jours, Bernadou décrit une reprise marquée par un changement d’encadrement. Le staff est renouvelé: Stéphane Ferrière est devenu manager et entraîneur, et Jennifer Troncy supervise les trois-quarts. Des professionnels viennent également épauler le groupe sur des axes clés comme la mêlée, le contact et le jeu au pied.

Elle explique se sentir soutenue et reconnue: Montpellier est sa seconde famille et elle profite d’un répit pour reprendre des forces à Béziers, où elle prépare le physique. Les deux semaines de repos ont été nécessaires après une période intense, et elle souligne le besoin de recharger les batteries. Elle témoigne aussi de l’importance du soutien du staff et des partenaires dans ce retour.

Le retour à Ibiza avec des amies a été une pause nécessaire, même si elle a surtout été épuisée et n’a pas pu profiter comme prévu. À son retour, elle a retrouvé l’équipe et sa famille, ce qui lui a permis de se reconnecter avec le groupe et l’environnement du club. Cette dynamique personnelle est décrite comme bénéfique pour repartir sur de bonnes bases.

Sur la Coupe du Monde, Bernadou retient la déception d’avoir terminé à la quatrième place, même si le classement reflète une réalité mondiale du rugby féminin. Elle affirme que les Bleues pouvaient viser mieux, notamment en s’appuyant sur leur prestation contre les Anglaises pour nourrir l’espoir d’un podium. La joueuse rappelle que le contexte de la saison et la force des adversaires expliquent partiellement ce résultat.

Face à la déception, l’équipe a échangé de manière constructive: frustration et déception cohabitaient, mais le collectif a cherché à tirer le positif et à se projeter sur la prochaine échéance, en Australie en 2029. Bernadou considère que cette Coupe du Monde a été une expérience incroyable malgré tout. Elle rappelle que ce type d’épreuve forge l’envie d’aller de l’avant et d’imaginer le futur avec plus de certitude.

Sur les ressources du rugby féminin, Bernadou ne nie pas l’existence des moyens, mais affirme qu’ils ne restent pas suffisamment attractifs dans le championnat; les écarts entre clubs restent importants et la poule unique a modifié le paysage. Elle se satisfait de l’arrivée des partenariats AXA-Elite 1 et de la diffusion de dix matchs sur Canal+, tout en appelant à davantage d’investissements et de médiatisation afin que les joueuses puissent concilier sport et travail et bénéficier d’un meilleur encadrement et rémunération.

Pour que l’Elite 1 rivalise avec le championnat anglais et bénéficie à l’équipe nationale, il faut approfondir le professionnalisme, au moins à moitié. Elle souligne que sans médiatisation, les revenus restent limités et que les partenaires hésitent à investir. Les avancées se voient déjà avec la présence accrue des joueuses dans les matchs d’élite et leur participation au Super Sevens, mais il faut persévérer pour permettre davantage de staff et des salaires plus élevés. L’objectif est aussi que certaines joueuses puissent travailler à mi-temps et bénéficier d’un complément de salaire.

Concernant son statut de joueuse sous contrat, Bernadou affirme ne pas se sentir mal à l’aise vis-à-vis des coéquipières amateurs, mais ressent parfois de la culpabilité en se plaignant lorsque d’autres ont une journée complète de travail avant l’entraînement. Elle précise qu’il faut garder certaines choses pour soi et partager son expérience sans imposer. Elle évoque aussi le leadership qu’elle et d’autres portent au sein du groupe et l’importance d’accompagner les plus jeunes sans prendre leur place.

Elle évoque aussi le témoignage d’ancienne coéquipière sur les difficultés à maintenir le niveau des joueuses sous contrat fédéral, et admet que ces échanges exigent patience et accompagnement. Selon elle, il faut être pédagogique, rappeler les fondamentaux et aider les jeunes à progresser plutôt que de tout simplifier. Le rôle de mentorat et de soutien demeure essentiel pour le groupe.

A titre personnel, Bernadou dit avoir repris confiance en son jeu après trois années de blessures et de galères. Elle estime que le plus important était de retrouver du plaisir et d’être à nouveau celle qu’elle est sur le terrain. Elle admet avoir donné le maximum et se dit satisfaite de ses performances, même si tout n’a pas été parfait.

Quant à l’avenir avec Montpellier, elle n’anticipe pas nécessairement un titre tout de suite mais souhaite une équipe épanouie, qui prend plaisir à s’entraîner et à jouer et qui finit par gagner ensemble, après une saison difficile.

A 25 ans, elle pense déjà à l’après-carrière et se projette vers une reconversion. Elle envisage de devenir prothésiste ongulaire et compte que sa sœur s’y mette aussi; elles envisagent peut-être d’ouvrir une boutique ensemble. Elle participe aussi au programme Rugby Santé et s’implique auprès des jeunes, notamment les U10/U8, au club de rugby voisin, et sera marraine du club de Juvignac.

Elle voit l’avenir continuer à passer par le rugby, tout en envisageant une vie en dehors du terrain lorsque le moment sera venu. Elle affirme qu’elle retournera peut-être dans sa campagne après sa carrière et qu’elle restera proche de son club formateur; la perspective de ses projets professionnels lui semble naturelle et rassurante.

Rose Bernadou lors du match de la petite finale
Rose Bernadou, ici lors du match de la petite finale contre la Nouvelle-Zélande (26-42), a disputé les 6 matchs de la compétition.

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