Prise de poids post-carrière chez les footballeurs : regards et défis

Prise de poids post-carrière chez les footballeurs : regards et défis

Comment les anciens footballeurs appréhendent-ils la prise de poids après l'arrêt de leur carrière et les impacts sur leur image et leur santé ? Témoignages et chiffres variés illustrent ce sujet sensible.

France

À travers l’étude de la prise de poids après l’arrêt de leur carrière, il apparaît que ce sujet peut être lourd à porter mais aussi révélateur des parcours post‑football. Olivier Dacourt, 51 ans, a commencé par une pointe d’humour en souriant: « Ça va, j’ai compris, tu fais un papier sur les gros ». Cette entrée en matière permet d’aborder un thème sensible sans gêne, même si l’idée initiale était plus complexe.

Dans ce milieu où les taquineries font partie du quotidien, l’image de l’ancien joueur n’est plus figée comme autrefois et les variations physiques sont observées de près. Dacourt évoque des rencontres avec d’anciens coéquipiers comme Vincent Candela et Fabrice Pancrate, qui eux aussi ont connu des évolutions de silhouette.

Fabrice Pancrate, PSG
Fabrice Pancrate, PSG, 2008 et juin 2025

Fabrice Pancrate, qui a disputé 132 matches avec le PSG dans les années 2000, affichait 85 kg en carrière et 138 kg en décembre dernier, soit une hausse de 53 kg en dix ans. Un ancien coéquipier racontait à l’époque ne pas l’avoir reconnu un jour au Parc des Princes, ce qui illustre ces transformations qui peuvent marquer les esprits et nourrir les anecdotes.

« Il n’y a pas de rancune », sourit l’ancien attaquant, puis il raconte que d’autres anecdotes permettent aussi de prendre du recul: lors d’une loge au stade, une remarque qui résonne et l’ego qui en prend un coup, puis la réalité reprend le dessus. Des moqueries existent, et même si l’autodérision aide, elles peuvent blesser lorsque les mots deviennent des réflexions répétées sur le poids.

En mai 2024, lors d’un match de gala à Bordeaux pour célébrer le centenaire du Parc Lescure, l’ancien gardien Cédric Carrasso a subi une tempête de critiques sur les réseaux. Une personne de son entourage confiait que l’événement avait été difficile à vivre pour lui, révélant à quel point les échanges en ligne peuvent peser.

Olivier Dacourt rappelle aussi que, malgré l’esprit de compétition, le regard des autres peut peser différemment selon les périodes et les métiers. « Je ne peux pas renoncer à un bon verre de vin, et les conséquences sur la balance suivent », confie l’ancien milieu de l’Inter et des Bleus, évoquant les périodes où l’entraînement devenait moins intense ou les prothèses de hanche imposaient du repos. Le poids devient alors un indicateur de santé autant qu’un symbole de souvenirs sportifs.

Autre exemple, Fabrice Pancrate explique qu’après l’arrêt il a dû faire face à des difficultés liées à l’absence des contraintes d’un cadre pro, et que, paradoxalement, l’absence de règles a parfois intensifié les écarts: « Quand toute ta vie tu as été sevré, quand c’est terminé, parfois tu te lâches. » Il décrit des kilos qui s’ajoutent et une relation avec l’alimentation qui peut se transformer en cercle vicieux, surtout lorsque l’adrénaline du sport n’est plus là pour les brûler.

Des chiffres et des chiffres qui parlent : Pancrate précise le chemin parcouru, et sa situation illustre parfaitement la pression du poids. « Déjà, joueur, je mangeais pas mal, mais je brûlais tout », raconte-t-il, décrivant une hausse qui s’est accélérée après la fin de carrière et qui l’amène à dépasser les seuils lourds comme celui des 100 kg, puis des 110, 120 et au-delà.

Autre exemple phare, Nicolas Puydebois détaille l’impact personnel du regard des autres: « Ce n’est pas le regard des autres qui est désagréable, ce sont les remarques », confiant que les critiques peuvent toucher en plein cœur. Son poids a connu des fluctuations importantes: formé à Lyon, il finit sa carrière à 88 kg en 2010 après avoir frôlé les 127 kg; aujourd’hui, il oscille autour de 113–114 kg, avec l’objectif de stabiliser vers 100 kg.

Entre la fin de carrière en 2010 et aujourd’hui, Dacourt raconte avoir pris plus de 20 kg, et il affirme s’être fixé un défi avec un proche pour perdre 15 kg en six mois, n’en étant déjà qu’à quatre à l’heure actuelle. Il met aussi en avant un enjeu de santé: cholestérol et risques cardiovasculaires, qui motivent une perte de poids volontaire et mesurée, fondée sur la mémoire du corps dû au niveau d’effort atteint durant sa carrière.

Dans le même ordre d’idées, Pancrate évoque une perte de 40 kg récemment après des épisodes d’apnée du sommeil. Le récit est marqué par un diagnostic lié à l’oxygénation nocturne et par un avertissement d’un proche médecin qui incite à agir rapidement. Depuis, il affirme se sentir revivre et reprendre le contrôle de sa santé, étape cruciale pour envisager une reconversion sereine.

Éric Rabesandratana, Nancy 1996 et 2021
Éric Rabesandratana, Nancy, 1996 et 2021

Éric Rabesandratana, quant à lui, se confie sur le poids comme une souffrance qui peut s’immiscer dans la vie privée et médiatique. Depuis 10 décembre, il affirme avoir perdu 40 kg et explique que les difficultés physiques liées au surpoids rendaient les gestes quotidiens et les déplacements plus lourds. Il précise qu’il ne souhaite pas reprendre ce qu’il a perdu et qu’il préfère s’appuyer sur des habitudes plus saines pour l’avenir.

Parallèlement, Sébastien Frey peut témoigner d’une situation similaire: après des mois de fête et une diminution du rythme sportif, il a constaté des fluctuations et une perte de contrôle, puis une démarche progressive vers la réduction de l’alcool et d’une alimentation plus équilibrée. Il souligne que le vieillissement et l’âge s’ajoutent à l’équation et qu’il faut s’adapter tout en préservant sa santé globale.

Dans les discussions télévisées, la question du poids peut-elle influencer les opportunités d’image et de rôle sur les plateaux ? Des joueurs et anciens professionnels estiment que le fond prime, mais l’apparence peut aussi façonner certaines possibilités. Marc Las, directeur de la chaîne L’Équipe, rappelle que la discrimination physique serait difficile à établir et que, souvent, les anciens joueurs prennent conscience de leur image et réagissent en adaptant leur silhouette lorsque la caméra les met en évidence. D’autres, comme Pancrate, soutiennent que le poids peut peser sur les appels mais ne détermine pas tout, et que le travail sur le fond demeure primordial.

En dehors des studios, la gestion de patrimoine montre une autre réalité: Nicolas Puydebois rappelle que les repas professionnels et la vie sociale ne posent pas de problème pour son travail, mais que le suivi personnel demeure essentiel pour surveiller son poids et rester équilibré.

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