France
Un train comme celui-ci ne passe pas tous les ans et c’est en Ardèche que le plateau s’apprête à écrire une page historique. Pogacar, Vingegaard et Evenepoel, trio de premiers plans du cyclisme moderne, vont se mesurer pour le maillot étoilé de champion d’Europe — un duel qui symbolise Pogacar Vingegaard Evenepoel Europe. Le sélectionneur des Bleus, Thomas Voeckler, parle d’un plateau astronomique et rappelle qu’un départ aussi chargé ne se voit pas à Liège-Bastogne-Liège seul. Même Liège-Bastogne-Liège ne réunit pas autant de vedettes.
Bien que Pogacar regrette le calendrier qui enchaîne les Europe dans le sud-est de la France et les Mondiaux à Kigali, il n’a pas résisté à cette nouvelle occasion de tester sa suprématie face à une opposition digne d’un Monument. Cette confrontation promet d’élever le niveau général et d’offrir des indications sur la forme des leaders. « Ce n’est évidemment pas le principal objectif de la saison ou dans la carrière d’un coureur », confie le champion du monde.
Pour sa part, Jonas Vingegaard accepte le défi sur une course d’un jour, et Remco Evenepoel, même freiné par une selle défectueuse au Rwanda, a démontré cet automne qu’il pouvait rivaliser avec le Slovène. Evenepoel a laissé entendre que l’objectif de fin de saison pouvait devenir le plus important. « C’est peut-être mon objectif le plus important de cette fin de saison », affirme le Belge de 25 ans, encore marqué par Kigali et à qui il ne manque que ce maillot dans sa collection.
La présence des trois ténors s’explique aussi par le soutien autour de Pogacar : Urska Zigart, sa compagne, qui a terminé 11e samedi, et avec qui il aimerait courir toutes les mêmes courses s’il le pouvait. Cette complicité illustre l’équilibre entre vie privée et ambitions sportives, et elle rappelle que le duo demeure étroitement lié tout au long de la saison. Elle symbolise une continuité dans les choix et les objectifs.
Les routes ardéchoises, granuleuses et sauvages entre les vignes, privilégient les grimpeurs dans la première moitié et offrent le coup de grâce dans le circuit final du Val d’Enfer, où l’explosivité du Slovène peut faire la différence. Le tracé est pensé pour tester les talents complets et les spécialistes des montées. Les analyses prévisionnelles soulignent l’importance de la gestion des efforts dans ce type d’arrivée.
La distance totale de 202,5 km promet une course sans comparaison avec les Mondiaux. « On devrait voir plus de gars se battre pour la victoire, et pour partir tout seul, il faudra vraiment voler », anticipe Pogacar. Cette incertitude attire les prétendants et peut permettre à un outsider de briller.
Du côté des Bleus, Voeckler mise sur une approche collective avec Grégoire, Seixas et Sivakov pour multiplier les attaques et déstabiliser la Slovénie. Le Danemark adopte une stratégie similaire, Skejlmose rappelant que les médias et les favoris s’intéressent surtout à Jonas. Cette dynamique ouvre des possibilités inattendues au sein du peloton.
Trois semaines après sa victoire à la Vuelta, le leader danois rejoint l’équipe nationale pour la première fois depuis les Mondiaux juniors d’Innsbruck (Autriche) en 2018. Son absence au Rwanda et dans d’autres compétitions internationales sera jugée sur l’état d’esprit affiché ce dimanche après-midi. Les observateurs attendent ce rassemblement pour lire les signes et évaluer la forme du duo.
Et Evenepoel rappelle avoir déjà battu Pogacar au sprint, citant l’arrivée à deux au Lioran lors du Tour de France 2024 comme preuve de leur rivalité. Cette lutte promet des échanges intenses jusqu’au dernier mètre. Le duel reste l’un des temps forts de ce championnat d’Europe.
