Alex Muzio est au cœur de la transformation de l’Union Saint-Gilloise, faisant passer le club belge de prétendants de deuxième division à un candidat sérieux à la Ligue des champions. Considéré comme le protégé du propriétaire de Brighton, Tony Bloom, il est devenu propriétaire majoritaire du club en 2018 après avoir commencé par une participation minoritaire.

À leur arrivée, les installations d’entraînement manquaient cruellement de services publics: selon lui, il n’y avait même pas de toilettes et le terrain n’était qu’un simple espace. Aujourd’hui, le club prévoit d’emménager dans de nouvelles installations, signe d’une évolution structurelle majeure.

Le chemin n’est pas un miracle: il découle d’une transformation plus large amorcée par Muzio et Bloom en 2018. En sept années, l’Union est passée de la deuxième division au titre belge pour la première fois depuis neuf décennies et, mercredi, elle prépare son tout premier match à domicile en Ligue des champions. Le rendez-vous se joue toutefois sur le terrain d’Anderlecht, le stade Joseph Marien, d’une capacité de 9 400 places, ne répondant pas aux normes de l’UEFA.

Cette ascension n’est pas seulement sportive. Muzio parle d’une approche fondée sur les données et sur des partenariats comme Jamestown Analytics, qui permet de convertir les données de Starlizard en chiffres pertinents pour le football. Chaque club les exploite à sa manière, mais tous constatent une multiplication du budget grâce à ces données, selon lui.
Lors de l’acquisition en 2018, il n’y avait aucune garantie que cela fonctionnerait. Le recrutement de Brighton n’avait pas la réputation qu’il détient aujourd’hui. Muzio a même remboursé une partie de ses parts à Bloom et a assumé une part majeure du projet. Après deux années, les résultats étaient loin des attentes et l’équipe restait en deuxième division. Tony Bloom aurait pu se retirer; la remise en question était palpable, mais la collaboration a tenu, guidée par une confiance mutuelle et une approche axée sur les données.

La réussite s’est traduite par des achats marquants tels que Victor Boniface et Noah Sadiki, et par une recrutement plus discret mais efficace avec des joueurs comme Christian Burgess. Muzio est fier de l’excellente gestion des blessures sur quatre ans, attribuant ce résultat à une approche guidée par O’Loughlin. Le système de bonus a aussi été repensé: chaque joueur reçoit le même montant par point et ce montant est doublé s’il y a deux victoires consécutives, une pratique qui a incité les joueurs à viser des séries gagnantes et à rester constants.
Cette approche, d’abord testée à l’échelle belge, est désormais appliquée au plus haut niveau, dans le cadre de la Ligue des champions. Muzio estime qu’un avantage est nécessaire car ce système est lourdement exploité dans la compétition européenne. Le club est membre de l’Union des clubs européens, qui est perçue comme un contrepoids à l’ÉCA des grands clubs, et il explore des solutions face à ce que certains qualifient de distorsions engendrées par les compétitions européennes sur les ligues nationales.
Une proposition évoquée est le Player Development Reward, qui réserverait cinq pour cent des primes de l’UEFA pour les clubs qui développent des talents. Après avoir vaincu le PSV Eindhoven, le dirigeant belge évoque aussi les différences entre le football néerlandais et le belge, qui reflètent des débats largement présents en Angleterre: règles financières claires aux Pays-Bas, mais mouvement et peu de fair-play financier en Belgique, avec des faillites et des évolutions rapides.

« L’UEFA est dans une situation difficile, mais elle doit être plus exigeante envers les clubs super puissants », déclare Muzio. Le club pourrait devenir une rare formation de Ligue des champions non membre de l’ECA, une position qui reflète sa vision d’un équilibre plus juste entre clubs et instances organisatrices.
Pour Muzio, le monde du football reste guidé par les chiffres et la logique. Il affirme que le slogan du club résume bien l’esprit: « ce n’est que l’Union… mais en Ligue des champions ». L’objectif est d’être réaliste et de rester fidèle à l’idée que tout peut arriver, tout en reconnaissant les défis considérables que représente une campagne en Ligue des champions.
En parlant de Newcastle, Muzio avoue vouloir taquiner les fans, mais rappelle le principe de respect mutuel. Dans ce cadre, la curiosité et l’analyse restent au cœur de l’action, et la conviction demeure que l’Union peut continuer à progresser, même si les chances de remporter le titre suprême restent extrêmement faibles, selon lui: autour de 0,3 %.
Les chiffres et les forces en présence continuent de guider les décisions du club, qui demeure convaincu que l’ascension est durable et fondée sur une base solide, loin des miracles et des effets de mode. Le récit d’Union Saint-Gilloise se nourrit désormais de performance mesurée et d’une ambition qui ne cesse de croître sur le chemin de la Ligue des champions.









