Italie
Depuis près de quatre ans, l’avenir du légendaire stade Giuseppe Meazza, plus connu sous le nom de San Siro, anime la ville de Milan. Chaque semaine, le dossier apporte son lot de rebondissements, d’études d’impact et de recours. Aujourd’hui, le dossier semble prêt à franchir un cap décisif: la cession du stade par la municipalité à l’Inter et à l’AC Milan devrait être finalisée d’ici au 10 novembre. Un basculement historique qui marquerait la fin de l’un des temples les plus mythiques du football européen. Pour les supporters, cette échéance ressemble à un ultimatum.
Les 40 prochains jours seront consacrés aux vérifications bancaires et administratives avant la signature définitive de l’acte de vente. Le 10 novembre représente une limite symbolique et juridique: passé ce seuil, les restrictions imposées par la Surintendance de la Ville Métropolitaine de Milan entreraient en vigueur, empêchant toute démolition du stade tant qu’il resterait propriété publique. C’est pourquoi les dirigeants milanais et interistes s’efforcent de conclure avant cette date, conscients qu’un blocage administratif ou judiciaire pourrait faire échouer le projet. Alors que San Siro continuera d’accueillir les matches et la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver en février 2026, le projet du nouveau stade suivra son chemin. Les prestigieux cabinets d’architecture Manica et Foster & Partners travaillent déjà sur une enceinte de 71 500 places, plus moderne et conforme pour l’UEFA. Ce travail se déroule néanmoins sous haute tension.
Des vestiges en discussions
La Ville, la Région, l’Agence de protection de l’environnement et d’autres organismes devront donner leur feu vert lors d’une conférence d’experts. En parallèle, les opposants qui entendent préserver un San Siro à l’ancienne déposeront des recours, multipliant les obstacles juridiques. Le chantier devient ainsi politique et judiciaire en parallèle du chantier technique.
Le premier semestre 2027 devrait voir le début effectif des travaux du nouveau stade, sur le parking jouxtant l’actuelle Meazza. Un gigantesque chantier redessinant tout le secteur, y compris le tunnel du Patroclo, prévu pour être déplacé.
Pendant plusieurs années, Milan vivrait ainsi une situation inédite: l’ancien San Siro resterait en service d’un côté, le futur temple en construction de l’autre. Les supporters devraient s’habituer à de nouvelles contraintes, notamment pour le stationnement et l’accès aux matchs. Selon les estimations des deux clubs, quatre années de travaux seront nécessaires avant l’inauguration officielle du nouveau stade en 2031. La disparition physique de San Siro se ferait de manière méthodique et mécanique.
Procédure de démolition et calendrier
Les premières étapes viseront à retirer les éléments secondaires tels que les vitres et les garde-corps, avant l’intervention des pinces géantes qui viendront sectionner les structures. La toiture sera démontée en premier, puis le troisième anneau, le deuxième et enfin le premier. Seuls subsisteraient certains vestiges symboliques: l’angle sud-est, une partie de la tribune orange et de la Curva Sud, comme des reliques d’un âge d’or. Pour les amoureux du football italien, ce processus sera un spectacle douloureux, celui d’un géant qui s’effondre lentement.
En toile de fond se profile un autre enjeu: l’Euro 2032. L’Italie coorganisera la compétition avec la Turquie, mais ne dispose que d’un seul stade répondant pleinement aux exigences de l’UEFA – celui de la Juventus à Turin. San Siro, dans son état actuel, ne peut pas accueillir un tel événement. Le nouveau stade de Milan offrirait une solution idéale… à condition d’être terminé dans les temps. Les prochains mois seront donc décisifs pour savoir si Milan peut conserver son rang de capitale du football et des grands événements internationaux. Entre incertitudes juridiques, calendrier et attachement populaire, le compte à rebours est lancé pour le monument San Siro.
