Les Mondiaux d’athlétisme ont offert une nouvelle page du sprint jamaïcain avec Oblique Seville. Ce jeune sprinteur de 24 ans a enfin décroché le titre suprême du 100 mètres, mettant fin à une longue attente et ouvrant une perspective prometteuse pour l’athlétisme de son pays après Usain Bolt.
Un destin qui prend forme
Originaire de Saint-Thomas, à l’est de Kingston, Oblique Seville a manifesté très tôt des dispositions pour la course. Selon sa mère, Juliet, même dans le ventre de sa mère, il bougeait comme s’il s’entraînait, et enfant, il ne tenait pas en place, courant sans cesse. Formé au Calabar High School, établissement reconnu pour ses talents du sprint, Seville a grandi entouré du soutien de son père, décédé fin 2018, qui l’a toujours encouragé dans le sport et dont il porte une photo sur son téléphone en mémoire.
Des débuts en demi-teinte, puis la montée en puissance
Ce n’est qu’en 2021 que le jeune Jamaïcain a fait ses premiers pas sur la scène internationale, à Tokyo, qualifié pour les Jeux mais sans accéder à la finale. L’élan s’est accéléré en 2022 avec une quatrième place sur le 100 m lors des Mondiaux de Eugene, puis une nouvelle médaille d’argent l’année suivante à Budapest, terminant du même centième que ses coéquipiers sur le podium après un chrono de 9,88 secondes. Ces performances, loin d’apaiser les critiques, ont néanmoins confirmé sa capacité à être au rendez-vous des grandes finales, alimentant l’espoir des fans jamaïcains sur la poursuite du héritage du sprint national.
Un parcours marqué par des blessures et des doutes
Seville a reconnu avoir dû composer avec des éléments qui ont freiné son ascension. Outre le poids des attentes, il a été freiné par des périodes de blessure qui l’ont empêché de s’imposer durablement en grande finale, nourrissant les questions sur sa capacité à être suffisamment constant. Malgré tout, ses chiffres témoignent d’un potentiel indéniable et d’un talent qui, s’il parvient à gagner en régularité, peut faire évoluer le paysage sprint du pays.
Le rôle de la Jamaïque et le regard de Bolt
Au fil des années, ces performances ont permis à l’espoir jamaïcain de survivre dans un contexte où la relève semblait parfois manquer. Usain Bolt, qui demeure une référence majeure du sprint, a suivi avec intérêt l’évolution de Seville et a exprimé son optimisme quant à l’avenir de la discipline en Jamaïque. Bien que physiquement différent — Bolt mesurant près d’1,95 m contre 1,70 m pour Seville — le jeune athlète a choisi de suivre une trajectoire similaire, notamment en conservant Glen Mills comme entraîneur et en étant parfois désigné comme le « second fils » de la légende sur le circuit. Bolt a rappelé que le sprint jamaïcain a traversé des années difficiles, mais que Seville a su maintenir l’élan nécessaire pour garder l’espoir vivant et ouvrir la voie à une nouvelle génération.
Une consécration et une fenêtre sur l’avenir
En s’imposant dimanche au plus haut niveau, Seville a non seulement remporté le titre mondial du 100 mètres, mais a aussi affirmé son statut de fer de lance potentiel du sprint jamaïcain pour les années à venir. Son parcours, jalonné de finales franchies et de dépassements de soi, illustre une dynamique nouvelle pour l’île caribéenne et alimente les ambitions d’un pays qui a longtemps été synonyme de sprint d’élite.
Au-delà de la victoire, c’est une image forte qui se dessine : Oblique Seville incarne l’avenir du sprint jamaïcain, avec une trajectoire qui mêle talent, résilience et une soif de résultats qui peut redéfinir l’horizon des compétitions internationales pour la Jamaïque.
Le chemin reste semé d’embûches, mais la victoire du 100 mètres aux Mondiaux réaffirme que Seville est prêt à prendre la place qui était longtemps attendue par les supporters et les observateurs, porteur d’un renouveau pour l’athlétisme de son pays et du sprint mondial en général.









