Un an après les Jeux Olympiques de Paris 2024, marqués par la parade des athlètes sur les Champs-Élysées, le sport revient au cœur de la capitale et se déploie partout en France à l’occasion de la Fête du sport. Cette reprise est présentée comme une initiative du pouvoir exécutif, une promesse du président Emmanuel Macron faite lors de la célébration des champions sur la plus belle avenue du monde.
Un objectif sociétal et une ambition communicationnelle
Le ministère des Sports et de la Jeunesse affirme viser deux objectifs majeurs: mettre en valeur la force sociétale du sport et inciter les Français à pratiquer une activité physique et sportive. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la Grande Cause Nationale 2024, cherchant à inscrire le sport dans une dynamique locale et nationale.
« Le sport n’a toujours pas la place qu’il mérite »
Pour Vincent Saulnier, secrétaire général de l’Association Nationale Des Élus en charge du Sport (Andes), la Fête du sport demeure surtout « un outil de communication de l’État », et elle n’évoque pas les difficultés récentes. Selon lui, le sport n’occupe pas encore la place qu’elle mérite dans la société, malgré l’élan suscité par les Jeux et les efforts déployés sur les territoires.
Des effets tangibles et des investissements sur le terrain
- Après les Jeux, un engouement renouvelé a conduit à près d’un million de licenciés supplémentaires pour la saison 2024-2025.
- Plus de 5 500 équipements de proximité ont été déployés, notamment des terrains de basket 3×3, des installations de padel, des city-stades et des tables de tennis de table.
Autant d’initiatives qui traduisent une volonté de rapprocher le sport du quotidien et de favoriser l’accès à une pratique sportive pour tous les territoires. Pourtant, malgré ces signes positifs, beaucoup estiment que l’élan initial s’évanouit trop rapidement après l’effervescence estivale.
Des retours sur l’héritage des JO et des choix politiques
La promesse d’un héritage des Jeux a été mise en question: certains acteurs estiment que le cadre promised n’a pas été garanti dans les décisions suivantes. En parallèle, des choix technico-administratifs nourrissent les débats locaux: en novembre dernier, la généralisation des deux heures de sport en plus au collège a été abandonnée, suscitant des critiques et même des réactions virulentes sur les réseaux sociaux.
Pass’Sport et réaffectation des priorités
La version 2025-2026 du Pass’Sport cible désormais les 14-18 ans, alors qu’elle visait auparavant les 6-18 ans. L’aide destinée à favoriser l’accès à la pratique est passée de 50 à 70 euros, mais l’enveloppe globale du dispositif a été réduite d’environ 40 millions d’euros. Pour Vincent Saulnier, ce recentrage manque de sens, car l’envie et les habitudes sportives se forgent bien avant l’adolescence, et une action précoce est essentielle.
Un contexte budgétaire tendu et des inquiétudes pour l’accès au sport
Dans un contexte politique et économique délicat, d’autres coupes budgétaires se profilent pour 2026, avec des diminutions évoquées autour de 18 % pour le secteur, dans la lignée d’un budget sportif qui représente une part relativement modeste du total de l’État (0,12 %). Les militants du sport espèrent inverser cette tendance et viser 1 % du budget public d’ici 2030 pour garantir une réelle capacité d’action et de pérennité des projets.
Les défis structurels et l’avenir du « sport pour tous »
Face à un parc de piscines vieillissant et à des limites de capacité d’accueil des clubs, l’inquiétude persiste quant à un éventuel désengagement de l’État dans le domaine du sport pour tous. Les acteurs du secteur espèrent que la Fête du sport relancera une dynamique durable et renouera avec l’objectif d’un sport accessible et utile pour l’ensemble de la population, même si l’avenir reste incertain.
Perspectives et enjeu sociétal
La Fête du sport est perçue comme un levier potentiel pour rassembler, mobiliser et faire réagir autour des questions de place du sport dans la société française, de l’accès à la pratique et des bénéfices sociaux qui en découlent. Face à des enjeux d’équipements et d’organisation, l’objectif reste d’inscrire durablement le sport dans la vie quotidienne et politique du pays.
Au-delà des discours institutionnels et des chiffres, le véritable enjeu demeure celui de la place du sport dans la société française et de sa capacité à être un véritable outil social et communautaire, accessible à tous et utile au quotidien.









