Les Bleus du volley-ball entrent dans les Mondiaux 2025 avec une détermination affichée: décrocher l’or inédit qui manque encore à leur palmarès XXL. Aux Philippines du 12 au 28 septembre, la France vise la première place du podium après avoir dominé les Jeux Olympiques et impressionné sur d’autres scènes, mais sans jamais triompher au championnat du monde.

Double champions olympiques en titre (2021 et 2024), les Bleus ont tout gagné ou presque, à l’exception d’un triomphe mondial qui demeure obstinément hors de portée. Champions d’Europe en 2015 et quadruples vainqueurs de la Ligue des Nations (2015, 2017, 2022, 2024), ils ont néanmoins rarement été en mesure de s’emparer du titre suprême sur les Mondiaux. Le meilleur résultat reste une médaille de bronze obtenue en 2002; depuis, la génération actuelle n’est jamais allée plus loin qu’une quatrième place en 2014.
Une densité mondiale et une marge minime
Le capitan Toniutti pointe la difficulté: la concurrence est extrêmement dense et les écarts entre les nations sont minimes. « La compétition est rude au niveau mondial. Les équipes se ressemblent beaucoup et la marge est faible », rappelle le passeur emblématique des Bleus, qui a franchi le cap des 400 sélections. Il retient aussi les réussites olympiques comme exemples d’un contexte où l’équipe peut tout à coup basculer dans une autre dynamique, tant lors de Paris que lors de Tokyo.
Pour Jean Patry, l’explication réside aussi dans l’écart entre les compétitions: « Les Jeux Olympiques représentent une scène à part, avec une intensité et une pression qui changent tout. On a su s’y adapter et gagner, mais les Mondiaux imposent un cadre différent où l’enjeu est parfois plus fort et la crispation plus présente. »
Le constat n’est pas unique à cette génération: même si les médailles olympiques ont été multiples, les Mondiaux restent capricieux. Le pointu rappelle toutefois que les grandes épreuves apportent aussi leur lot d’expérience et de sérénité lorsqu’on sait gérer le rythme du jeu et les moments clés.
Format, préparation et contexte de la 2025
Pour l’édition 2025, le format évolue avec seulement trois matchs de poules avant les phases finales, un schéma proche de celui des Jeux Olympiques. « La compétition va très vite et exige une constance constante, avec un brin de chance », prévoit Laurent Tillie, ancien entraîneur des Bleus et aujourd’hui sélectionneur du Japon. Il considère que la qualité de l’équipe est suffisante pour viser le podium, tout en reconnaissant les défis inhérents à ce nouveau format.
Du côté des joueurs, le contexte est aussi à l’adaptation. Le calendrier est dense et le Mondial, placé en fin de saison, peut favoriser la fatigue après une summer riche en performances en Ligue des Nations (VNL). Jean Patry rappelle que le cadre de ces échéances peut peser sur les organismes après une longue période de matchs et de travail physique.
Cette année, la France, tenant du titre, a terminé ses championnats du monde en quart de finale après une défaite décevante contre la Slovénie (1-3). La VNL estivale n’était pas un objectif en soi, mais elle a permis de faire tourner l’effectif et de préparer les cadres et les jeunes à un défi plus grand. « Nous avons tiré les leçons de cette sortie et cela nous a préparés pour le Mondial », affirme Patry.
Un objectif majeur pour une génération en transition
Aux Philippines, les Bleus ne cachent pas leur ambition: viser l’or. « On veut un gros résultat, parce que cela va être la dernière compétition pour pas mal de joueurs de l’équipe », affirme Jean Patry. « Terminer en beauté serait un vrai catalyseur et donnerait une motivation supplémentaire à tout le groupe », poursuit-il. L’enjeu est ainsi de trouver le juste équilibre entre la pression et le plaisir de jouer, car le plaisir reste, selon eux, l’un des moteurs de leur réussite.
Le capitaine Benjamin Toniutti rappelle l’importance de la mission collective et de l’exigence qui pèse sur cette génération: l’objectif est d’aller chercher la médaille qui manque, avec la conviction que l’expérience et la fraîcheur des jeunes constituent un atout majeur pour la suite.
Pour Laurent Tillie, ce mélange d’expérience et de jeunesse est une force majeure: « Ce mélange est un avantage considérable pour la suite », souligne-t-il, soulignant que la transition peut être la clé pour assurer la relève de l’équipe de France après le Mondial.

À l’issue du Mondial, plusieurs cadres devraient entrer dans une phase de transition internationale, prêts à laisser la place à de nouvelles têtes. Si les noms évoqués — parmi lesquels Toniutti, Grebennikov ou Le Goff — évoquent une éventuelle retraite, rien n’est officiellement acté pour l’instant. Cette perspective renforce toutefois la motivation d’écrire une dernière page commune aussi brillante que possible pour cette génération dorée du volley français.
En attendant, pour franchir l’obstacle des poules — avec une confrontation attendue face à la Corée du Sud, à la Finlande et à l’Argentine — les Bleus savent qu’ils devront faire preuve d’un jeu constant et d’un esprit collectif affûté. « La poule est équilibrée et la France devrait s’en sortir tranquillement, avant les matchs couperets », assure Tillie, tandis que Patry se montre confiant: « Il n’y a pas de doute: passer les poules est indispensable pour viser le podium. »
La poursuite du titre mondial demeure l’ultime chapitre d’une aventure sportive qui a marqué le volley tricolore. La France fait face à ses défis avec détermination et une volonté intacte d’écrire une nouvelle à son histoire nationale.









