France
Nelson Paillou : figure emblématique du sport bordelais
Dans le cadre de la Journée Nelson Paillou, organisée ce dimanche 7 septembre 2025 à Pau, Montardon et Asson dans le Béarn, cet article revient sur la vie d’un homme dont tout le parcours a gravité autour du sport. À travers les éléments d’archives et les récits de l’époque, on découvre un parcours singularisé par l’engagement, l’éthique et le bénévolat au service des clubs et des jeunes. Pour mieux comprendre l’impact de Nelson Paillou, il faut remonter à ses premiers pas dans le sport et suivre son ascension jusqu’aux postes qui ont façonné le handball et le mouvement sportif bordelais.
Des débuts sportifs qui préparent une vocation
En 1941, alors que Paillou est jeune Bordelais de famille et capitaine d’une équipe de football, le destin lui ouvre une porte inattendue. Le professeur de gymnastique, M. Labourdette, propose au capitaine d’explorer un sport nouveau : le handball. À l’époque, le handball se pratiquait encore à onze joueurs sur un terrain de football, et la finale se jouait dans le Pays basque. Paillou n’hésite pas: il s’engage avec une équipe qui, surtout, permettait de tenir son jeudi bordelais et de s’essayer à une discipline en devenir. Cette implication marque le début d’un long chemin qui mêlera pratique, organisation et militantisme sportif.
En mai, l’équipe du B.E.C. (Bordeaux Étudiants Club) remporte la finale et, à l’unanimité, Nelson Paillou est désigné président. Pour préparer les règles du jeu et structurer l’équipe, il réunit ses joueurs dans un amphithéâtre universitaire et s’attache à comprendre les fondamentaux du handball. La finale se joue finalement à Bordeaux; le B.E.C. ne se déplace pas et perd, mais l’équipe repart avec une conséquence bien plus durable: un leadership qui orientera ses actions pendant des années.
Une bécisme militant : du BEC à la lutte contre le sport commercial
Béciste et sportif, Nelson Paillou incarne une éthique née d’un esprit associatif. Bordeaux Étudiants Club (BEC) s’oppose au sport commercial incarné par le S.B.U.C., club que certains perçoivent comme « universitaire » seulement en façade. Avec Paillou en tête, le BEC s’organise autour d’un sport vécu comme une cause et non comme une marchandise. L’esprit du BEC est clair : être gaillard, aimer le sport pour le plaisir de l’effort et non pour l’argent.
Fondé en 1897 et devenu Bordeaux Étudiants Club en 1903, le BEC se présente comme un refuge sportif pour des jeunes venus de tout l’échantillon du Sud-Ouest. Dans cet univers, l’éthique prime: le sport est un moyen de passer une jeunesse active et solidaire, loin des clichés purement matériels. Paillou, moteur de ce mouvement, demeure fidèle à cette vision: être utile, structurer, et partager le savoir-faire pour que le sport reste une école de vie.
Une carrière marquée par l’engagement fédéral et international
Après la Seconde Guerre mondiale, Nelson Paillou s’impose comme un pilier du mouvement sportif. Il devient membre de la Ligue de Gironde et intègre la Fédération en 1954, puis le Conseil de l’Europe en 1964. Parallèlement à ses responsabilités administratives, il reste actif sur le plan sportif: il est tour à tour joueur, entraîneur et arbitre, et atteint le rang d’arbitre international. Cette trajectoire illustre une double dimension, à la fois organisationnelle et pratique, qui a nourri une approche du sport fondée sur l’exigence et la rigueur.
Pour une belle jeunesse : une vision sans recherche de pouvoir
« Chaque fois que je trouvais une structure boiteuse, une méconnaissance des problèmes à la base, c’est en proposant mes remèdes que je me suis retrouvé investi de responsabilités de plus en plus importantes », confie Paillou. Le portrait qui en ressort n’est pas celui d’un homme animé par l’ambition personnelle, mais celui d’un dirigeant qui privilégie l’action concrète au service des jeunes et des structures sportives, plutôt qu’un désir de pouvoir. Le style de vie de Paillou est celui d’un homme simple, souvent vu avec une cigarette à la bouche, la tête inclinée, prêt à voyager s’il le faut pour faire avancer le sport et ses valeurs.
Le portrait de Paillou se dessine aussi à travers son cadre personnel. Ancien professeur de lettres au lycée Gustave-Eiffel et passionné par la Renaissance, il est aussi bénévole auprès du tribunal de Bordeaux, où il accompagnait des jeunes délinquants en liberté surveillée. Célibataire et ayant été élevé par son grand-père huissier à Bordeaux, il choisit le sport comme un chemin pour occuper et former les jeunes. C’est dans cet esprit qu’il s’investit, dès l’adolescence, dans le B.E.C. et dans les structures qui promouvaient le sport comme vecteur d’éducation et de solidarité.
Une mémoire vivante du BEC et de l’époque
Le récit de Paillou se mêle à l’histoire du BEC et à celle des clubs de handball dans la région. Le mouvement associatif qu’il incarne demeure, à travers son action, une référence pour comprendre comment le sport peut fédérer des territoires et des jeunes autour d’un idéal de pratique, d’exigence et de camaraderie. L’objectif demeure: préserver cette « belle jeunesse » que Paillou cherchait à modeler, en veillant à ce que le sport reste accessible, éthique et porteur de valeurs collectives.
Pour plus d’archives et de illustrations, ce regard sur Nelson Paillou rappelle son appartenance à un réseau de structures sportives qui ont contribué à l’émergence et à la consolidation du handball et des activités sportives locales dans la Gironde et au-delà. Son nom est étroitement associé à l’image d’un sportif-éducateur qui a consacré sa vie à la promotion du sport, à Bordeaux et dans le grand sud-ouest.
Découvrez la vie et l’héritage de Nelson Paillou, figure majeure du sport français et bordelais, lors de la Journée Nelson Paillou en Béarn.
Le parcours de Nelson Paillou illustre l’importance d’un engagement durable dans le sport, où les clubs, les fédérations et les bénévoles façonnent une culture sportive qui survit au-delà des générations et des générations de compétitions. Son héritage se lit dans les efforts quotidiens des structures qui gouvernent le handball et dans l’inspiration qu’il continue d’apporter à ceux qui veulent mettre le sport au service des jeunes et de la société.
