Mondiaux d’athlétisme : Sydney McLaughlin-Levrone relève un défi colossal à Tokyo. Double championne olympique et détentrice du record du monde du 400 mètres haies, elle se lance dans le 400 mètres plat, un challenge inédit qui vise à faire d’elle l’athlète la plus complète possible.
Un choix audacieux pour Tokyo
À Tokyo, sur la même piste japonaise qui l’a vue entrer dans l’histoire il y a quatre ans en décrochant l’or olympique et en améliorant son propre record du monde sur 400 m haies, McLaughlin-Levrone a choisi de privilégier le 400 mètres plat. « C’est un projet colossal », glisse-t-elle, convaincue que cette expérience l’aidera à maîtriser pleinement la discipline et à progresser davantage avant de raccrocher les pointes.
Lors d’une conférence de presse, la sprinteuse de 26 ans a évoqué son envie d’éclater sur plusieurs épreuves, afin d’être « poussée dans mes retranchements » et, à terme, « devenir la meilleure athlète et la plus complète possible ».
La concurrence à Tokyo et les ambitions sur le long terme
En 2025, McLaughlin-Levrone s’entraîne à Los Angeles sous la férule de Bob Kersee et a multiplié les apparitions dans les meetings du Grand Slam Track, affrontant des disciplines variées du 400 mètres plat au 100 mètres, en passant par le 100 mètres haies. Pour les Mondiaux de Tokyo, elle a donc décidé de mettre de côté le traditionnel 4×400 haies afin de se mesurer au 400 mètres plat, une option qu’elle avait déjà envisagée en 2023 mais qui l’avait conduite à un forfait à Budapest après une blessure au genou.
Sur la piste de Tokyo, elle retrouvera deux des meilleures spécialistes du 400 mètres: Marileidy Paulino, championne olympique dominicaine, et Salwa Eid Naser, la Bahreïnienne. « Ça fait partie de ce qui me plaît dans ce défi: participer à une course où il y a de la concurrence », affirme-t-elle. Depuis juillet 2019, elle n’a plus été battue sur le 400 mètres haies, et elle se dit impatiente d’être « poussée par ces filles » et de découvrir ce qu’elle peut accomplir sans les haies pour référence. « J’ai vraiment l’impression d’avoir beaucoup appris sur le 400 m cette année et j’espère que tout va se mettre en place à Tokyo », ajoute-t-elle.
Du 400 m haies au 400 m plat : un apprentissage ardu
Passer au 400 mètres plat a été « un projet colossal », car cette discipline exige une gestion de l’allure et une cadence différentes, sans les repères fournis par les haies. « Sur le 400 m haies, on court vite mais on garde une cadence régulière grâce aux haies qui rythment nos foulées », explique-t-elle. « Sur le 400 m plat, c’est essentiellement un sprint du début à la fin, sans repères intermédiaires, et c’est là que réside la difficulté ». Cette transition implique aussi de supporter une intensité plus élevée sur des distances identiques, avec un effet lactique plus marqué.
Avec une meilleure performance personnelle à 48,74 secondes, proche du record américain détenu par Sanya Richards-Ross (47,60), McLaughlin-Levrone peut croire à une place sur le podium, voire au titre à Tokyo. Sur les records, elle préfère rester prudente: « On me pose toujours la question, mais les records viennent quand ils viennent. » Elle tempère toutefois en soulignant que « le record du monde peut être battu » avec la bonne athlète et les bonnes conditions — mais il faut d’abord trouver quelqu’un qui parvienne à descendre sous les 48 secondes, chose qui ne s’est pas produite depuis 1985.
Perspectives et continuité
Ce passage du 400 m haies au 400 m plat n’éloignera-t-il pas définitivement McLaughlin-Levrone des haies ? Elle reste optimiste: « Je n’en ai pas terminé avec les haies, il y a d’autres choses que j’aimerais accomplir. » L’athlète rappelle que l’athlétisme offre constamment des possibilités d’amélioration et que chaque étape, y compris ce déplacement vers le 400 mètres plat, enrichit sa technique et son expérience.
Quoi qu’il advienne à Tokyo, cette audacieuse initiative illustre la détermination de Sydney McLaughlin-Levrone à repousser ses limites et à écrire une nouvelle page de son histoire dans l’athlétisme.









