Dans les centres de formation des clubs de football professionnel, la scolarité s’impose de plus en plus comme un argument clé pour convaincre les familles et les jeunes talents. Alors que seulement une minorité de joueurs formés aboutit à un contrat professionnel — environ 18 % — les clubs mettent désormais l’accent sur l’éducation, avec des infrastructures modernes et des programmes adaptés qui promettent sécurité et progression, non seulement sur le terrain mais aussi dans la vie après le football. La rentrée n’est plus une simple reprise sportive: elle est aussi l’ouverture d’un parcours scolaire soutenu et intégré, comme en témoigne le dispositif mis en place par le PSG à Poissy (Yvelines) dans sa Cité éducative.

Le PSG affiche fièrement un taux de réussite au baccalauréat de 95 % l’année précédente, illustrant l’importance accordée à la réussite scolaire. À deux pas des terrains d’entraînement de l’équipe dirigée par Luis Enrique, le campus de la Cité éducative accueille les élèves des classes de la 5e à la terminale, avec des salles équipées de tableaux numériques, des laboratoires modernes et même une fausse boutique du club pour les formations liées au bac professionnel commerce. « Lorsque nous discutons avec les familles, nous proposons une visite complète de la Cité éducative et du projet scolaire, et nous constatons que ces éléments les rassurent et les convainquent », confie Yohan Cabaye, ancien international et aujourd’hui directeur du centre de formation du PSG.
Un taux de réussite au bac qui pèse dans le classement des centres
La quête du PSG est simple: devenir le meilleur centre de formation du pays sur le volet scolaire. Actuellement deuxième du classement établi par la Fédération Française de Football (FFF), behind Rennes, le PSG a reçu une note de 4,5 sur 5 pour sa partie école, une évaluation directement liée au taux de réussite au bac — qu’il s’agisse du bac général, technologique (STMG) ou pro (commerce). Les années précédentes, le club a reconnu avoir été un peu en retrait et a engagé des efforts importants pour améliorer cet indicateur. « Le projet scolaire et l’accompagnement éducatif sont des atouts qui séduisent les familles et influencent les choix des jeunes talents », rappelle Yohan Cabaye.
Outre le PSG, la FFF souligne que Rennes, Lille, Nice, Strasbourg et Metz affichent la note maximale pour leur volet scolaire, montrant une dynamique majeure dans le football formateur français. Sofiane Talbi, responsable pédagogique au LOSC, rappelle que pour les clubs, « si un jeune est convoité par plusieurs clubs, le taux de réussite au bac, les filières proposées et la sécurisation du parcours scolaire font toute la différence pour les familles ». Ces éléments constituent des gages de sérieux et d’accompagnement global, au-delà du seul aspect sportif.
Intégration scolaire vs vie réelle: deux visions des familles
Si la plupart des centres proposent une scolarité intégrée dans leurs murs, certains parents privilégient une approche plus proche du système scolaire « réel ». À Strasbourg, par exemple, les nouveaux propriétaires et le rectorat ont trouvé un système hybride: certaines matières sont suivies dans le lycée public (français, philosophie, spécialités), tandis que le centre assure les matières du tronc commun via des professeurs mobiles. Les classes, souvent en effectifs réduits, permettent un suivi personnalisé et une meilleure adaptation des programmes au rythme des jeunes footballeurs. Le père de Sacha Lung, jeune défenseur sélectionné en équipe de France U18, souligne que ce modèle hybride permet « de vivre le football sans couper l’enfant du monde réel », tout en restant proche des proches et du quotidien strasbourgeois.
Cette diversité de solutions répond à des attentes variées des familles: certains souhaitent une immersion quasi totale dans le cadre du centre, d’autres préfèrent que leur enfant conserve des repères scolaires plus classiques et un lien régulier avec le système éducatif public ou privé, afin de préserver une ouverture sur le monde non sportif. L’objectif demeure le même: offrir un cadre qui prépare le jeune joueur à toutes les éventualités, tout en lui permettant de progresser dans le sport.
Dans ce cadre, le PSG met aussi en avant l’accompagnement pédagogique au quotidien. Les effectifs en classe restent en général limités (parfois moins de 15 élèves par classe), afin de favoriser l’interaction et l’assimilation du programme. Les joueurs suivent environ 18 heures de cours par semaine, un volume significatif mais inférieur à celui d’un lycéen traditionnel, ce qui laisse du temps à l’entraînement et au développement sportif. « Je peux poser mes questions au prof plus facilement qu’auparavant; je progresse mieux en cours et j’ose demander de l’aide si nécessaire », témoigne Emmanuel Mbemba, défenseur U19 du PSG.
Post-bac: des perspectives éducatives qui s’étoffent
La réflexion ne s’arrête pas au baccalauréat: les clubs souhaitent que leurs jeunes puissent continuer leur parcours éducatif sans être contraints par le seul horizon sportif. Mehdi Rahoui, directeur de l’éducation au PSG, rappelle l’objectif: « s’assurer que l’élève n’ait rien manqué s’il doit réintégrer une scolarité classique ». Selon la FFF, 18 % des joueurs formés par génération accès à une carrière professionnelle; c’est pourquoi les clubs investissent aussi dans des formations post-bac adaptées au monde du football et au-delà.
Au PSG, les élèves bacheliers sont encouragés à poursuivre des études supérieures, majoritairement à distance, avec des conventions partenariales signées avec des universités comme Valenciennes ou Lille. Une vingtaine d’élèves suivent déjà des formations post-bac, principalement en distanciel, accompagnés par des tutorats pour assurer la continuité du suivi. L’objectif est clair: construire une voie professionnelle durable, même lorsque la carrière de joueur ne se poursuit pas en haut niveau.
Parmi les exemples inspirants, Ayyoub Bouaddi, 17 ans et désormais en équipe première, est titulaire d’un baccalauréat scientifique mention très bien et poursuit une licence de mathématiques, démontrant que les trajectoires mixtes sport-études peuvent donner naissance à des parcours solides et variés dans le football comme dans d’autres domaines. Les clubs veulent que chaque jeune puisse envisager sérieusement l’avenir, que ce soit dans le sport, dans les études ou dans les deux à la fois.
Une approche pédagogique qui s’inscrit dans le long terme
Au-delà des chiffres et des classements, la priorité est donnée à un accompagnement qui s’adapte au rythme de chaque jeune, à des programmes conçus pour réduire les écarts et favoriser l’épanouissement personnel. Le but est d’offrir une éducation de qualité tout en permettant une pratique sportive de haut niveau, afin que les jeunes joueurs puissent devenir des personnes complètes, capables de s’insérer dans la société, quelle que soit l’issue de leur carrière footballistique.
En résumé, la scolarité est aujourd’hui présentée comme un levier majeur pour les centres de formation: elle est à la fois garant d’un équilibre entre le sport et les études et vecteur de sécurité pour les familles. Avec des résultats probants au bac, des dispositifs d’accompagnement adaptés et des partenariats pour l’enseignement supérieur, les clubs de football entendent séduire les jeunes talents et rassurer les parents quant à l’avenir de leurs enfants, sur le terrain comme en dehors.









