Mobilisation mondiale contre la délocalisation des matchs de football

Mobilisation mondiale contre la délocalisation des matchs de football

Plus de 430 groupes de supporters européens s'opposent à la délocalisation des matchs à l’étranger, défendant la tradition et l’environnement.

France, Espagne, Italie, Allemagne, Angleterre, Ecosse

Plus de 430 groupes de supporters issus de 27 pays ont lancé, ce mercredi, l’opération Keep Football Home, une mobilisation qui s’oppose fermement aux projets de délocaliser des matchs de championnat vers l’étranger et qui défend l’idée que le football doit rester ancré dans les territoires et respectueux de l’environnement.

Un mouvement transnational pour garder le football à domicile

La protestation traverse plusieurs grandes ligues européennes et va au-delà des frontières, touchant l’Angleterre, la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne, entre autres. L’enjeu porte sur deux matches évoqués par les promoteurs de la délocalisation : Villarreal contre Barcelone, envisagé à Miami le 20 décembre, et AC Milan contre Côme potentiellement disputé en Australie au début de l’année 2026, à Perth. Les organisateurs estiment qu’envoyer joueurs, staffs et supporters à l’autre bout du monde pour un match « à domicile » est absurde, coûteux et irresponsable sur le plan environnemental.

Football Supporters Europe (FSE) a résumé sa position en dénonçant l’idée de « traverser les océans » pour des rencontres qui devraient être jouées près des fans et des marchés locaux. Les défenseurs du mouvement estiment que ces délocalisations fragilisent l’écosystème du football européen et ouvriraient, à leurs yeux, une « boîte de Pandore » aux conséquences difficiles à prévoir.

Une dimension économique et sportive en débat

Si certaines compétitions comme les Supercoupes d’Espagne et d’Italie se tiennent déjà hors d’Europe, notamment en Arabie saoudite, les championnats continentaux et leurs matches aller-retour restent au cœur des traditions. La Liga, par exemple, a développé des tentatives de matches hors de l’Europe depuis plusieurs années, tandis que la Serie A invoque l’impossibilité de recourir au stade San Siro pour certaines journées en raison des JO d’hiver, qui auront lieu à Milan en 2026.

Les promoteurs de la délocalisation avancent toutefois des arguments commerciaux: étendre la visibilité du football italien à de nouveaux publics, renforcer la compétitivité du système et générer des ressources qui bénéficient, selon eux, à l’ensemble du mouvement. Cette logique commerciale s’est nourrie d’accords antérieurs et de discussions avec des acteurs internationaux, ce qui explique en partie la complexité du dossier et les équilibres à trouver entre sport, économie et identité locale.

Réactions et regards institutionnels

Du côté de l’instance européenne, le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, a reconnu que les projets de délocalisation posent problème tout en soulignant une marge de manœuvre limitée lorsque les fédérations nationales et les clubs sont d’accord au niveau juridique. Par ailleurs, le commissaire européen aux Sports, Glenn Micallef, a qualifié la délocalisation de « trahison » envers les principes de compétition et a indiqué que ce sujet passe désormais par des cadres politiques et réglementaires plus stricts.

En Espagne, la contestation s’élève chez les capitaines des clubs de première division et chez le syndicat des footballeurs, qui dénoncent un manque de dialogue et d’information de la Liga. Le Real Madrid a également évoqué les risques d’altération de la dynamique des matchs aller-retour lorsque des rencontres se disputent en dehors du pays d’origine, anticipant même que des clubs comme Barcelone pourraient être acclamés comme à domicile dans des villes étrangères.

Contexte et perspectives

Au cœur du débat, la question de l’équilibre entre le modèle économique moderne et le maintien d’un football européen accessible et fidèle à ses publics demeure. Le cadre réglementaire est en évolution: l’UEFA a annoncé la mise en place, le 15 mai dernier, d’un groupe de travail destiné à réviser certains aspects du cadre existant, dans le prolongement d’accords antérieurs et de procédures liées à des enjeux anticoncurrentiels.

En attendant, les opposants à la délocalisation insistent sur le fait que chaque club, chaque équipe nationale et chaque groupe de supporters risque de se voir confronté à des pressions pour délocaliser des matches à l’étranger, ce qui pourrait fragiliser les dynamiques locales et les liens avec les spectateurs.

Cette mobilisation témoigne d’un engagement fort du football européen à préserver ses traditions et son modèle dûment ancré dans les territoires, tout en pesant sur les équations économiques et sportives qui guident l’avenir des compétitions, des ligues et des clubs.

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