Handball : ambitions et défis des clubs français en Europe

Handball : ambitions et défis des clubs français en Europe

Entretien avec les présidents de la Ligue féminine et masculine sur les ambitions, défis et perspectives du handball français face à la scène européenne.

France
Fabrice Boutet, président de la LNH, et Nodjialem Myaro, présidente de la LFH, lors d’un entretien
Fabrice Boutet et Nodjialem Myaro, visages du handball français, lors de l’entretien

Le handball français—dans ses versions féminine et masculine—se veut désormais ambitieux sur la scène européenne, tout en affrontant un contexte économique qui fragilise certains clubs. Dans un entretien commun, Nodjialem Myaro, à la tête de la Ligue féminine professionnelle (LFH), et Fabrice Boutet, tout juste élu à la tête de la Ligue nationale de handball (LNH), exposent leurs objectifs et les défis qui les attendent. Pour le public français, le message est clair : lever la visibilité, consolider les finances et pousser nos clubs vers des performances européennes plus régulières.

Visibilité et place du handball dans le paysage médiatique

Selon Fabrice Boutet, aucune autre discipline collective n’a connu autant de succès en termes de titres que le handball français, mais cette réussite ne s’accompagne pas d’une visibilité équivalente. L’objectif est clair: figurer dans le trio de tête des sports collectifs français, derrière le football et le rugby, afin de combler l’écart entre les performances sportives et la reconnaissance médiatique. Cette bataille pour la visibilité n’est pas qu’esthétique; elle conditionne les partenariats, les recettes et, in fine, le développement à long terme.

Contexte économique et conséquences pour les clubs

Nodjialem Myaro rappelle qu’après les Jeux olympiques, l’impact médiatique et financier n’a pas été à la hauteur des attentes. Si l’équipe féminine a décroché une médaille d’argent et que les perspectives d’héritage se sont éparpées, les retombées concrètes sur les budgets et les partenariats restent modestes. Aujourd’hui, plusieurs clubs, notamment en deuxième division, doivent réduire leurs dépenses face à la diminution des subventions publiques et privées. Malgré des performances sportives exceptionnelles ces dernières saisons—avec des derbies animés et des records d’affluence dans des salles comme celle du Rhénus à Strasbourg—la réalité économique demeure fragile et incertaine.

Domination nationale et perspective européenne

Sur le plan national, Metz reste un pilier du handball féminin avec une série impressionnante de titres (leur 27e championne sur le plan national), tandis que le PSG domine chez les hommes avec douze titres, dont onze consécutifs. Cette hégémonie, si elle peut paraître imposante, agit néanmoins comme un moteur pour l’ensemble des clubs français, en les poussant à viser plus haut. Le championnat masculin, de son côté, se resserre autour de Nantes, Montpellier, Aix, Toulouse et Saint-Raphaël, signe d’un niveau compétitif croissant qui peut favoriser une élite plus affûtée sur la scène européenne.

Du côté européen, Metz et Brest mènent la charge côté filles dans la perspective de la Ligue des champions, tandis que le cinéma continental s’ouvre aussi à plusieurs formations masculines. Myaro rappelle que la France compte cette saison cinq clubs engagés en Coupes d’Europe chez les féminines et chez les masculins, avec une possibilité d’invitation supplémentaire pour un sixième club. Le potentiel est réel et les joueuses et joueurs français sont reconnus parmi les meilleurs mondiaux, notamment avec des talents comme Nicolas Tournat et Elohim Prandi.

Fabrice Boutet affirme que l’objectif est sans ambiguïté: mettre les clubs français sur le toit de l’Europe. Pour y parvenir, il faut combler l’écart économique avec des partenaires solides et s’appuyer sur des structures et des garanties suffisantes. Le chemin passe aussi par des partenariats renforcés et par une meilleure exploitation du potentiel des anciens joueurs, qui pourraient devenir de véritables ambassadeurs auprès des partenaires et du public. Le handball masculin comme féminin dispose des ressources sportives et humaines pour viser l’Europe, mais il faut des bases économiques plus stables et des soutiens durables.

Le modèle et les prochains défis

Les interlocuteurs évoquent le recours au modèle allemand comme référence en matière d’excellence et de partenariats solides. Les dirigeants estiment qu’un travail accru avec les anciens joueurs et une meilleure structuration des partenariats pourraient rapprocher les clubs français des niveaux européens supérieurs. Sur le plan sportif, les clubs français disposent d’un vivier de talents et d’un cadre compétitif qui, avec une extension des moyens, peut permettre des avancées significatives sur la scène européenne.

Les échanges mettent aussi en lumière des dynamiques de club en mutation: le PSG prépare une nouvelle équipe avec sept recrues et un entraîneur renouvelé, ce qui illustre une volonté de franchir une étape sur le plan européen. Et si les ambitions restent élevées, les dirigeants soulignent qu’il faut avancer avec prudence, en consolidant les bases et en poursuivant une montée en puissance soutenue par des partenaires solides et des structures économiques plus résilientes.

Conclusion et perspectives

Dans le handball français, les ambitions européennes sont clairement affichées pour les ligues féminine et masculine. Le chemin passe par une meilleure visibilité, un développement économique plus robuste et une consolidation de l’élite nationale qui peut, à terme, nourrir des résultats concrets en Europe. Avec Metz et Brest qui enrégimentent les espoirs des femmes et que Paris et Montpellier affichent une détermination renouvelée chez les hommes, le duo Myaro-Boutet laisse entrevoir une décennie où le handball tricolore pourrait, à nouveau, franchir les portes de la scène européenne avec des performances et une reconnaissance accrues.

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